En passant

Bas nylon et garage mexicain

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Avec cette compilation, le label Eva change un peu la donne, il est consacré à des groupes mexicains. Il y a bien sûr une jeunesse dans ce pays qui ne pense pas qu’à boire de la téquila à l’ombre d’un sombrero. Elle veut aussi écouter de la musique et danser. On joue la même carte que dans d’autres pays, on reprend des titres anglais ou américains et on leur colle des paroles espagnoles. Ce n’est dans doute pas très original, mais efficace. A l’écoute, cela sonne assez garage, sans doute par le fait que les studios mexicains étaient quelques notes en dessous de ce qui pouvait se faire du côté de New York ou San Francisco. On y retrouve certains groupes comme Los Locos Del Ritmo qui furent des gloires nationales, mais dont la réputation ne dépassa guère les frontières. Pour les connaisseurs, aucune des reprises que nous allons découvrir ne saurait être d’origine mystérieuse, les originaux sont interprétés par les Rolling Stones, les Yardbirs, les Them, les Mojos, les Doors. Toutefois, j’indique pour les moins férus, le titre original et le créateur.

Los Locos Del Ritmo – Pedro Pistolas [Peter Gunn Theme], Henri Mancini.

Los Anis – Mary Mary [Mary Mary], les Monkees.

Los Apsons – Satisfaction [Satisfaction], les Rolling Stones.

Los Monstruos – Hey Monstro [Keep Your Big Mouth Shut], Bo Diddley via probablement la reprise des Pretty Things.

Los Apsons – Susie Q [Suzy Q], Dale Hawkins.

Los Johnny Jets – Fiebre [Fever], Little Willie John, probablement basé sur la version des Mc Coys.

Miguel Angel & Los Sharps – Gloria [Gloria], les Them.

Los Belmont – Arriba Abajo Y Los Lados [Over Under Sideways Down], les Yardbirds

Los Rockin’ Devils – Halo Que Tal [Hello I Love You], les Doors.

Los Locos Del Ritmo – Hey Joe [Hey Joe], traditionnel sans aucun doute via la version des Byrds.

Los Yakis – Juan Saltarin [Jumpin’ Jack Flash], les Rolling Stones.

Los Johnny Jets – Deja De Llorar [Everything Is Allright], les Mojos. Une reprise très garage, presque punk.

Los Johnny Jets – Cul Jerk [Cool Jerk], les Capitols.

Los Ovnis – Pequeña Ayuda De Mama [Mother’s Little Helper], les Rolling Stones.

Los Johnny Jets – Bajate De Mi Nube [Get Off My Cloud], les Rolling Stones.

Dans les fameuses rééditions des EP’s sixties français mises en route par Eva, parlons encore d’un cas dont la publication originale a une histoire particulière celle du troisième EP des Them.

Dans un post précédent je vous avais présente le second EP des Them avec « Gloria » en vous expliquant pourquoi Decca avait quelque peu paniqué en publiant ce disque. Pour cette troisième publication, Decca s’est à nouveau un peu planté, cette fois en publiant un premier pressage avec deux mauvais titres. C’est dommage, car le contenu correct constitue une sélection de haut niveau. Une époque où chaque titre avait un son et une âme, fut-elle damnée. Ceci dit, le contenu du disque devrait correspondre à ceux de la pochette ci-dessus dont vous voyez une reproduction de la réédition Eva, par ailleurs identique à l’original excepté le logo de Decca qui devient Eva. Il y a déjà une faute d’orthographe sur le titre en haut à gauche, ce n’est pas « Being’ Em On In » » mais « Bring… » qui devrait figurer. Cette publication est aussi un panachage propre à la France. Je pense que l’idée originale est de reprendre le single anglais « Call My Name » / « Bring ‘Em On In ». Mais la version de « Bring ‘Em On In » est celle du deuxième album des Them et non la version du single. Nous ne perdons pas au change, car je la trouve meilleure que l’autre, les vocaux de Van Morrison et l’accompagnement sont plus « hargneux », au solo de saxophone (joué par Morrison), un solo de guitare est ajouté. On repêche aussi un titre du premier album « Mystic Eyes » qui a aussi fait l’objet d’un single en Angleterre. Ce titre mythique dans la discographie du groupe est aussi l’une des plus fabuleuses compositions de Van Morrison dans sa première période. Je ne tiens pas de comptabilité, mais il figure dans le top 20 des disques que j’ai le plus écoutés, il fait partie de ces trucs dont je ne me lasse jamais. Et pour finir un autre titre mythique aussi extrait du second album « I Can Only Give You Everything », et comme je le dis souvent, c’est le plus grand succès des disques qui n’ont jamais figuré dans un hit parade. Il figure dans la discographie de bons nombre d’artistes, et et encore plus dans les répertoires en live, vous n’avez qu’à taper le titre sur Youtube et vous verrez, c’est assez impressionnant. Je me demande pourquoi Decca n’a jamais sorti ce titre en single (Parrot aux USA l’a fait), déjà qu’ils ont loupé les Beatles, ça devait pas mal pantoufler chez les directeurs artistiques.
Bien tout ceci c’est la théorie, la réalité c’est que Decca France a publié le titre avec deux erreurs, «  »Call My Name » et « I Can Only Give You Everything » sont remplacés par « Something You Got » et « I Put A Spell On You » en secondes plages. C’est rectifié par la suite, mais les deux pressages circulent sans que l’on puisse vraiment faire la différence, il faut écouter pour savoir. La seule exception serait de compter les sillons, car ils n’ont pas la même durée. Je me souviens très bien qu’à l’époque, j’ai trouvé le disque dans un magasin avec l’intention de l’acheter. J’ai écouté le disque et j’ai remarque que c’était « I Put A Spell On You » qui était joué, je connaissais la chanson via la reprise de Alan Price Set. J’ai quand même acheté le disque car j’aimais cette version, ce qui ne m’a pas empêché d’aimer le reste. Un peu plus tard, j’ai trouvé le disque dans un autre magasin et je l’ai écouté, c’était le pressage correct. Comme j’étais emballé par les deux vrais titres, j’ai racheté le disque, surtout que Ronnie Bird venait de reprendre « I Can Only Give You Everything » en adaptation (Chante). C’est ainsi que depuis bientôt 55 ans, j’ai les deux versions dans ma discothèque. Je crois d’ailleurs avoir été le premier à signaler la chose dans un fanzine allemand à l’époque en 1980 ou 81, je n’avais jamais vu mention de ce fait ailleurs. Même aujourd’hui les vendeurs, quand il s’agit du pressage Decca, ne signalent pas de quelle version il s’agit. Remarquons aussi que certains vendent la réédition Eva, version avec les titres justes en vinyle vert ou noir, presque au même prix que l’original. De mon expérience personnelle, l’édition originale correcte est assez rare, mais la fausse version encore plus rare.

Alors voyons ce que cela donne en réalité…

Version correcte vous devriez entendre ceci… Bring ‘Em On In. Il s’agit de la version de l’album, c’est celle-ci.

Version correcte vous devriez entendre ceci… Call My Name.

Version incorrecte vous entendrez ceci… Something You Got.

Version correcte vous devriez entendre ceci… Mystic Eyes. Le version en mono est bien meilleure que celle en stéréo qui n’a pas le même punch.

Version correcte vous devriez entendre ceci… I Can Only Give You Everything,

Version incorrecte vous entendrez ceci… I Put A Spell On You.

Un joli documenent le groupe en live à Paris 1965., Mystic Eyes & Gloria. J’aime bien les pépés vers 2’03. Enfin ils ont eu une chance que je n’ai jamais eue, celle de voir les Them.

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En passant

Dimanche en quelques manches de début d’année (8)

Du blues électrique, noir, blanc, originaux, reprises, gentil, hargneux, mais du blues.

Willie Cobbs You Don’t Love Me.

Gary Moore – All Yoor Love.

Dirty Blues band – Checkin’ Up My Baby,

Cream – Croosroads.

Slim Harpo – Don’t Start Crying Now.

Eddie Boyd – Five Long Years.

Sonny Boy Williamson II – Don’t Start Me To Talkin’.

Frank Marin0 – I’m A King Bee.

J.B. Hutto Too Much Alcohol.

Paul Butterfield Blues Band  – I Got A Mind To Give Up Living

Muddy Waters – You Need Love.

Little Walter – My babe.

Bo Diddley – I’m A man.

Big Mama Thorton – Ball N’ Chain.

Oris Rush & Eric Clapton – Double Trouble.

Billy Boy Arnold – Dirty Mother Fucker.

The Yardbirds – I Ain’t Done Wrong.

Beverly Watkins – Rock Me Baby.

Jouhn Mayall & Bluesbreakers avec Peter Green – The Super-Natural

John Lee Hooker – Hobo Blues.

Howlin’ Wlof – My Country Sugar Mama.

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En passant

Bas nylons et carré de dames

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Quatre dames qui furent des icônes dans le monde du music-hall et du spectacle, vues à travers des affiches et des photos d’époque. Ce fut ce genre de dames qui firent rêver nos prédécesseurs masculins. Elles sont les vedettes d’une époque où les célébrités étaient inaccessibles, sauf à travers le spectacles, les affiches, la radio, et parfois quelques films. Aucune n’allait raconter sa vie ou donner ses opinions politiques à la télévision. Plus les rêves sont inaccessibles plus ils font rêver, les temps ont bien changés.

Mistinguett (1875-1966)

Tour à tour chanteuse, actrice, même espionne, elle est de la race de celles qui font assurer leurs jambes pour la moitié d’un million. Elle est l’exemple de la fille du peuple qui a réussi. Son père était garde-barrière, tous ses fans ne savent pas ce qu’ils doivent à l’invention du chemin de fer.
Elle a dit : « Un baiser peut être une virgule, un point d´interrogation ou d’exclamation. Voici les points essentiels de la ponctuation que toute femme devrait connaître. ».

La Java De Doudoune (1928) avec Jean Gabin, qui fut un artiste de music-hall avant d’être acteur.

Damia (1889 – 1978)

En écoutant la radio dans les années 1930, on avait de fortes chances d’entendre la voix typique de Damia et ses chansons plutôt tristes, tellement tristes qu’une de ses plus connues bénéficie du qualificatif de chanson qui donne envie de se suicider, par ailleurs interdite dans certains pays. Elle inaugura pour la scène son jeu très sobre, toujours habillée d’une robe noire, que Praf reprendra par la suite. Après une éclipse durent la guerre, elle renoua plus ou moins avec le succès dans son pays et de manière assez inattendue au Japon. Elle fut une des premières a enregistrer des chansons de Léo Ferré.

1935 – La Mauvaise Prère.

Joséphine Baker (1906-1975)

Une Américaine à Paris. Elle fut sans doute parmi celles qui apportèrent un vent nouveau sur le music-hall français. D’abord en amenant quelques notes de jazz, alors presque inconnu en France. Dans la Revue Nègre, elle scandalisa brièvement avec sa robe en bananes, mais fut assez vite adoptée par presque tous. Elle fut une ardente militante pour les droits humains, adopta une douzaine d’enfants. Mais c’est surtout pendant la guerre qu’elle se distingua comme une résistante de la première heure, et non de la dernière comme tant d’autres. Profitant de sa notoriété, elle fit partie du contre-espionnage, tout en chantant pour les soldats, sans oublier de faire passer certains messages discrets à des gens qui voulaient le rester tout autant. Même Mick Jagger assista à un de ses concerts, c’est vous dire.

1934 – Zouzou.

La Goulue (1866-1929)

Un nom que l’on a au moins entendu une fois, sans trop savoir à quoi il rimait. Elle fut une star au moment où ce mot n’existait pas. Danseuse au Moulin Rouge, elle fut aussi celle qui inaugura L’Olympia. Elle devint par la suite dompteuse de lions. Devenue obèse,  elle finit sa vie de manière assez tumultueuse entre petits boulots, alcoolisme, et gloire passée. Elle vit partiellement dans une roulotte et s’occupe d’animaux malades et abandonnés. Elle conserva malgré tout un semblant de célébrité, ä Montmartre jusqu’à sa mort où tout le monde la connaît.
Octave Mirbeau dit d’elle : « La Goulue, il faut lui rendre cette justice, est une assez belle grosse fille, épaisse, colorée qui exerce son sacerdoce avec une tranquillité remarquable. Elle plane imperturbable au-dessus de la foule maladive de ses fanatiques. Elle sait ce qu’elle est, ce qu’elle vaut, ce qu’ils valent et, sereine répand autour d’elle l’ordure à pleine bouche quand elle ne mange
pas. Quand elle mange, le mot ordurier qui sort alterne avec la bouchée qui entre. C’est cette brutalité radieuse qui est son seul esprit »
Au Jardin de Paris, elle apostrophe le prince de Galles, futur Édouard VII : « Hé, Galles ! Tu paies l’champagne ! C’est toi qui régales, ou c’est ta mère qui invite ? ». Elle devient un des sujets favoris de Toulouse-Lautrec, qui l’immortalise dans ses portraits et ses affiches pour le Moulin Rouge, au côté de Valentin le Désossé.

Source BNF, Gallica, DP