:format(jpeg):mode_rgb():quality(90)/discogs-images/R-8559396-1464032378-2465.jpeg.jpg)
Quand les filles à papa se mettent à faire de la musique, on peut craindre le pire, encore plus si elles n’ont que leur physique à mettre en évidence. La fille du célèbre Frank Sinatra, Nancy, tout en étant du genre canon, tira plutôt bien son épingle du jeu. Après des débuts relativement modestes, elle éclate en 1966 avec « These Boots Are Made for Walkin' ». qui va devenir un immense succès. L’homme qui en est le compositeur et le producteur est Lee Hazlewood. C’est déjà un vieux routier qui est actif depuis le milieu des fifties, plus particulièrement comme compositeur à succès. On lui doit par exemple le hit du Duane Eddy « Rebel Rouser », écrit en collaboration avec lui. Après le départ en flèche de Nancy Sinatra, Hazlewood continuera de produire et de composer pour elle. Mais comme il chante aussi et a plutôt une voix superbe, certains titres seront en fait des duos, une sorte de réplique de Sonny & Cher. La discographie de Sinatra est assez éclectique, elle maîtrise bien plusieurs styles, soyons honnêtes, la variété pure est présente. Les duos avec Hazlewood sont d’une classe supérieure, certains titres sont à classer dans la musique country, par exemple la reprise du célèbre « Jackson » sera le plus gros succès international du duo. D’autres titres se rangent dans le psychédélique soft, les ambiances et les textes un peu surréalistes, et parfois cela n’est pas absent d’une certaine beauté musicale. L’arrangeur est le très connu guitariste Billy Strange. Dans la réalité ces disques publiés en single n’eurent pour la plupart qu’un succès d’estime, assez loin derrière les disques plus dans le genre variété. Mais ces petites perles seront mises en évidence par d’autres, à commencer par la France. Les anciens se rappelleront du succès de la reprise de « Summer Wine » par Gilles Marchal et Martine Habib en 1969. Plus récemment elle cartonna à nouveau via la reprise de Lana Del Rey. Le pompon revient sans doute à « Some Velvet Morning » dont il existe des dizaines de reprises dans tous les styles, on peut se rappeler le très belle reprise de Vanilla Fudge en 1969, un vrai must. Je n’ai pas de peine à l’avouer, ce titre de Nancy Sinatra figure dans les incontournables de ma discothèque, des milliers d’écoutes sur plus de 50 ans sans un mouvement de lassitude.
Un critique musical anglais a écrit ceci à propos de cette chanson :
« L’une des chansons les plus étranges, les plus droguées et les plus sombrement sexuelles jamais écrites – ambitieuse, belle et inoubliable ». Comme pour beaucoup de chansons psychédéliques, sa signification globale est quelque peu obscure. Les paroles sont composées d’une partie masculine décrivant une femme mystérieuse et puissante nommée Phaedra, qui « lui a donné la vie… et… l’a fait disparaître ». La partie masculine alterne avec la partie féminine, qui s’identifie comme Phaedra et parle, sur une musique éthérée et scintillante, de magnifiques images de la nature et des secrets détenus par un « nous » collectif inconnu. »
Voici une traduction française des paroles, le clip se trouve juste en-dessous.
Un matin de velours quand je serai hétéro
Je vais ouvrir ta porte
Et peut-être te dire à propos de Phaedra
et comment elle m’a donné la vie
et comment elle l’a fait
Un matin de velours quand je serai hétéro
Nancy :
Les fleurs qui poussent sur la colline
Libellules et jonquilles
Apprenez de nous beaucoup
Regardez-nous mais ne nous touchez pas
Phaedra est mon nom
Lee :
Un matin de velours quand je serai hétéro
Je vais ouvrir ta porte
Et peut-être te dire à propos de Phaedra
et comment elle m’a donné la vie
et comment elle l’a fait
Un matin de velours quand je serai hétéro
Nancy :
Les fleurs sont les choses que nous connaissions
Les secrets sont les choses que nous avons cultivées
Apprends de nous beaucoup
Regarde-nous mais ne nous touche pas
Phaedra est mon nom
Lee :
Un matin de velours quand je serai hétéro
Nancy :
Les fleurs qui poussent sur la colline
Lee :
Je vais ouvrir ta porte
Nancy :
Libellules et jonquilles
Lee :
Et peut-être te parler de Phaedra.
Nancy :
Apprenez de nous beaucoup
Lee :
Et comment elle m’a donné la vie
Nancy :
Regarde-nous mais ne nous touche pas
Lee :
Et comment elle l’a fait
Cet album sorti en 1968 est en fait une compilation, une sorte de « best of » du duo. Il y a des reprises, mais les composition de Hazlewood dominent nettement le reste.
DOCUMENTS
Durant les sixties, la discographie française de distingua par le nombre impressionnant de publications qui furent faites sous la forme de EP, c’est à dire quatre titres, deux par face. Le principe de base était un peu mercantile, on vendait deux fois plus de marchandise sur la réputation d’un titre principal ou d’un succès, le 45 tours simple avec deux titres était réservé à la promotion et aux jukeboxes. L’avantage principal de ces EP’s demeurait dans le fait que ces éditions étaient présentées dans une pochette avec le plus souvent une photo de l’artiste et un emballage cartonné et plastifié plus résistant à l’épreuve du temps. L’Angleterre et les USA eurent beaucoup moins recours à ce genre de publications. Le plus souvent, la règle était le 45 tours simple emballé dans une simple pochette à trous permettant de voir l’étiquette du disque. Aujourd’hui ces fameuses disques EP’s français, surtout ceux concernant des artistes étrangers, sont recherchés par les collectionneurs du monde entier car ils sont uniques dans leur genre et peuvent parfois atteindre des sommes folles s’ils sont très rares. Au fil des semaines, je vous en présenterai quelques uns parmi ceux qui attirent justement les collectionneurs. Ils seront présentés avec la pochette, éventuellement avec un scan de ma collection personnelle si je ne trouve rien de satisfaisant, les titres qu’ils contiennent, et le plus haut prix atteint par une enchère sur Ebay.
Parfois le prix atteint par un disque peu courant dans les enchères est loin de refléter l’importance de l’artiste. C’est assez le cas pour Sister Rosetta Tharpe (1915 – 1973) que l’on peut considérer comme la grand-mère du rock and roll. Elle fut une des premières femmes noires à jouer de la guitare électrique sur scène et aussi une pionnière de la distorsion. Son influence se fait sentir dans les premiers disques de rock and roll, Bill Haley, Little Richard, Chuck Berry. Bien que l’essentiel de son répertoire soit issu du gospel, certains de ses enregistrements ont un petit air de rock and roll avant l’heure. Cette publication qui date de 1956, est parfaite vocalement comme pratiquement tout ce que font les Noirs dans le domaine, et c’est loin d’être ennuyeux à l’écoute. A mettre à côté de toutes les grandes dames de la musique noire dans sa discothèque.
:format(jpeg):mode_rgb():quality(90)/discogs-images/R-6718017-1425243022-6389.jpeg.jpg)
:format(jpeg):mode_rgb():quality(90)/discogs-images/R-6718017-1425243059-9956.jpeg.jpg)
Sister Rosetta Tharpe -Mercury –14195, publié en 1956, meilleure enchère sur Ebay 30 euros.
DOCUMENTS
Rosetta Tharpe dans un clip filmé en 1941. Elle interprète « The Lonesome Road », une chanson de jazz d’origine blanche créée en 1927 par Gene Austin, pratiquement tous les amateurs de vieux jazz la connaissent. Mais elle déborda largement le style, reprise par les crooners, transformé en surf instrumental par Dick Dale, repris par les Chantays sur leur premier album. Il existe même une version en suédois par Frida, la future Abba et d’innombrables autres versions, Joan Baez, Stevie Wonder, Van Morrison, Brian Setzer, etc… A ma connaissance, il n’existe pas de version vocale française, mais en instrumental par Claude Ciari.