Le folk américain et ses histoires vraies

Les USA ont très certainement un des folklores les plus riches au monde. A part quelques chansons indiennes qui font vraiment partie des racines historiques, son folklore est récent. Elaboré au fil de toutes les racines venues échouer sur les terres à conquérir, il enfanta ses légendes. Les principales réminiscences viennent de l’Europe  et de l’Afrique. Cela finira par aboutir à la musique dite moderne. Mais bien avant tout cela, les mélanges se firent peu à peu. Les Noirs apprennent les chansons des Blancs et vive-versa. Les instruments de musique ne sont pas en reste. Si un piano est quelque chose d’inconnu pour les Noirs, les Blancs ne sont pas moins étonnés à la découverte d’un banjo d’origine africaine. Les troubadours créent en toute liberté des chansons qui confinent à l’état d’âme, à l’aventure, aux faits observés. Au lieu d’un article journalistique, on résume le tout dans une chanson. Avant l’apparition de moyens techniques pour enregistrer le son, on se transmet oralement ces chansons qui connaîtront bien des évolutions et changements selon les interprètes. Un des faits les plus intéressants, c’est que certaines chansons sont basées sur des faits authentiques. Nous allons en voir quelques unes qui se classent dans cette optique. C’est du folk américain qui a force de témoignage.

Asheville Junction

Asheville est un petit bled en Caroline du Nord. Partie prenante dans la conquête de l’Ouest par le rail, l’endroit entra dans la mémoire de l’histoire grâce à un tunnel ferroviaire, celui de Swannanoa. La particularité de ce tunnel est d’avoir été construit par des gens de peine dans des conditions extrêmement pénibles. Long d’un peu plus de 500 mètres, il coûta de nombreuses vies. La chanson parle  cette histoire pas très rieuse à travers le chant d’un de ces ouvriers » je retourne au tunnel car c’est mon seul foyer ». Les prestigieux Hoyt Axton interprète ici une des plus belles version de ce folk, de sa très belle voix à la fois douce et puissante.

Tom Dooley

Toujours en Caroline du Nord, un nommé Tom Dula soldat confédéré,  est accusé d’avoir tué sa fiancée en 1866. A la suite d’un procès qui fut une sorte d’affaire Dreyfus de là-bas. Avec les pour et les contres concernant sa culpabilité, il fut pendu en 1868. Rebaptisé Tom Dooley pour la chanson, elle connut une renommée internationale via le succès du Kingston Trio en 1958. La version française respecte plus ou moins les paroles originales. Un tas de gens connaissent cette mélodie et ces paroles sans toujours savoir que c’est inspiré d’une histoire vraie.

John Henry

Un personnage très légendaire du folklore américain. A force d’avoir tellement brodé sur sa légende, on est plus très sûr qu’il a vraiment existé. Les historiens semblent se mettre d’accord sur la réalité d’un personnage qui aurait inspiré la légende. On retourne  vers la conquête des territoires par le chemin de fer au 19 siècle. Un esclave noir employé à la construction d’une ligne qui passe dans la montagne est doué d’une force colossale. Il se bat contre une machine qui creuse le rocher pour prouver qu’il est plus fort qu’elle. Il gagne la bataille, mais meurt peu après. Baptisé John Henry dans la chanson, elle connut une multitude de versions traitées dans tous les styles. Ici dans la version de Woody Guthrie, peut-être le plus grand chanteur de folk américain, dans une version très traditionnelle.

Rock Island Line

Le train est presque un éternel sujet de chanson pour les folksingers. Autre que les histoires locales, cette fois la chanson parle de la « Rock Island Line », une ligne de chemin de fer qui traverse en diagonale les USA de l’Illinois au Texas. Dans la chanson, c’est le train qu’il faut prendre une fois dans sa vie c’est le voyage à Venise des Ricains. Ici elle est interprétée pare Leadbelly, grand chanteur noir de folk et aussi connu comme meurtrier. Une version très pure dans son interprétation.

Billy The Kid

Bien sûr il ne saurait manquer parmi les personnages réels quelques criminels qui ont leur légende. Celle de Billy The Kid n’est pas la plus obscure. Particulièrement doué dans le maniement des armes, d’un caractère irascible, il tue plusieurs hommes en étant encore juvénile. Tué par son ami Pat Garrett devenu shérif, en 1881 à l’âge de 21 ans. Un livre écrit par Garrett forgera la légende de Billy The Kid. Nous retrouvons Woody Guthrie dans cette vielle chanson.

Santy Anno

C’est une chanson traditionnelle crée par des marins. Contrairement à certaines interprétations comme celle de Hugues Aufray (Santiano), elle  ne parle pas uniquement d’un bateau mais d’un politicien et général mexicain, Lopez de Santa Anna (1794 – 1876). Il fut un des artisans de la libération de la domination espagnole dans ce pays. Que les américains s’intéressent à lui pour en faire une des chansons les plus célèbres de leur folklore est surtout relié au fait que le Texas devint américain après  la bataille de Fort Alamo en 1836, perdue pas Santa Anna et annexé définitivement en 1945.   L’orthographe du titre est assez différente selon les versions. Il s’agit sûrement de la difficulté des anglophones de saisir les prononciations latines, surtout qu’elle fut uniquement transmise oralement pendant une petite éternité. Ici chantée par un groupe dans ce qui doit beaucoup ressembler à la version d’origine.