Pas d’épines chez Cactus In Love

De la soupe qu’on nous sert sur médias bien en vue, je dirais qu’elle est souvent trop chaude, tiède, froide, glacée, surtout insipide, bref j’ai jamais trop envie d’y goûter. Pourtant aux détours des chemins de cette Toile qui mène partout et nulle part, il arrive qu’on mette un pied en forme de coeur dans un endroit inconnu, mais oh combien délicieux. Je trimbale quand même un sacré passé d’écoutes musicales, et que quelque chose arrive encore à m’étonner, ça m’étonne. Il y a bien longtemps, à l’instar de ceux qui allaient sur les chemins de Katmandou, en bon fainéant et l’esprit moins aventureux, j’allais sur les chemins du folk renaissance assis dans mon salon. Nos amis les Anglais, les Bretons et d’autres, teintaient ces musiques ancestrales d’un courant résolument moderne, parfois même enivré de psychédélique. J’ai toujours eu quelques références dans ce style, en particulier un groupe de virtuoses instrumentistes, Pentangle.

Quand j’ai découvert Cactus In Love via le titre « Le Monstre », je tout de suite pensé à un morceau de Pentangle, sans doute « Light Flight ». La basse de Thompson, la batterie de Cox, la guitare de Jansh ou celle de Renbourn, résonnent encore dans mes oreilles. La voix n’est pas celle de Jacqui McShee mais celle de Cécile Cognet, par ailleurs guitariste, textes et musiques, mais c’est tout aussi beau. Stéphane Beaucourt  contrebasse; Théophile Demarco batterie, percussions; Denis Bruneel violoncelle, sont les autres atouts maîtres de la formation.

Il est des voyages sur une mer de notes qui ne donnent pas envie de rejoindre le port. Assurément ce navire taillé dans un cactus donne envie d’aller au-delà de l’horizon.

Le chant d’une sirène? Ca y ressemble fortement!!!

Site

http://www.cactusinlove.fr/

Sur Deezer

http://www.deezer.com/search/cactus%20in%20love

Le folk américain et ses histoires vraies

Les USA ont très certainement un des folklores les plus riches au monde. A part quelques chansons indiennes qui font vraiment partie des racines historiques, son folklore est récent. Elaboré au fil de toutes les racines venues échouer sur les terres à conquérir, il enfanta ses légendes. Les principales réminiscences viennent de l’Europe  et de l’Afrique. Cela finira par aboutir à la musique dite moderne. Mais bien avant tout cela, les mélanges se firent peu à peu. Les Noirs apprennent les chansons des Blancs et vive-versa. Les instruments de musique ne sont pas en reste. Si un piano est quelque chose d’inconnu pour les Noirs, les Blancs ne sont pas moins étonnés à la découverte d’un banjo d’origine africaine. Les troubadours créent en toute liberté des chansons qui confinent à l’état d’âme, à l’aventure, aux faits observés. Au lieu d’un article journalistique, on résume le tout dans une chanson. Avant l’apparition de moyens techniques pour enregistrer le son, on se transmet oralement ces chansons qui connaîtront bien des évolutions et changements selon les interprètes. Un des faits les plus intéressants, c’est que certaines chansons sont basées sur des faits authentiques. Nous allons en voir quelques unes qui se classent dans cette optique. C’est du folk américain qui a force de témoignage.

Asheville Junction

Asheville est un petit bled en Caroline du Nord. Partie prenante dans la conquête de l’Ouest par le rail, l’endroit entra dans la mémoire de l’histoire grâce à un tunnel ferroviaire, celui de Swannanoa. La particularité de ce tunnel est d’avoir été construit par des gens de peine dans des conditions extrêmement pénibles. Long d’un peu plus de 500 mètres, il coûta de nombreuses vies. La chanson parle  cette histoire pas très rieuse à travers le chant d’un de ces ouvriers » je retourne au tunnel car c’est mon seul foyer ». Les prestigieux Hoyt Axton interprète ici une des plus belles version de ce folk, de sa très belle voix à la fois douce et puissante.

Tom Dooley

Toujours en Caroline du Nord, un nommé Tom Dula soldat confédéré,  est accusé d’avoir tué sa fiancée en 1866. A la suite d’un procès qui fut une sorte d’affaire Dreyfus de là-bas. Avec les pour et les contres concernant sa culpabilité, il fut pendu en 1868. Rebaptisé Tom Dooley pour la chanson, elle connut une renommée internationale via le succès du Kingston Trio en 1958. La version française respecte plus ou moins les paroles originales. Un tas de gens connaissent cette mélodie et ces paroles sans toujours savoir que c’est inspiré d’une histoire vraie.

John Henry

Un personnage très légendaire du folklore américain. A force d’avoir tellement brodé sur sa légende, on est plus très sûr qu’il a vraiment existé. Les historiens semblent se mettre d’accord sur la réalité d’un personnage qui aurait inspiré la légende. On retourne  vers la conquête des territoires par le chemin de fer au 19 siècle. Un esclave noir employé à la construction d’une ligne qui passe dans la montagne est doué d’une force colossale. Il se bat contre une machine qui creuse le rocher pour prouver qu’il est plus fort qu’elle. Il gagne la bataille, mais meurt peu après. Baptisé John Henry dans la chanson, elle connut une multitude de versions traitées dans tous les styles. Ici dans la version de Woody Guthrie, peut-être le plus grand chanteur de folk américain, dans une version très traditionnelle.

Rock Island Line

Le train est presque un éternel sujet de chanson pour les folksingers. Autre que les histoires locales, cette fois la chanson parle de la « Rock Island Line », une ligne de chemin de fer qui traverse en diagonale les USA de l’Illinois au Texas. Dans la chanson, c’est le train qu’il faut prendre une fois dans sa vie c’est le voyage à Venise des Ricains. Ici elle est interprétée pare Leadbelly, grand chanteur noir de folk et aussi connu comme meurtrier. Une version très pure dans son interprétation.

Billy The Kid

Bien sûr il ne saurait manquer parmi les personnages réels quelques criminels qui ont leur légende. Celle de Billy The Kid n’est pas la plus obscure. Particulièrement doué dans le maniement des armes, d’un caractère irascible, il tue plusieurs hommes en étant encore juvénile. Tué par son ami Pat Garrett devenu shérif, en 1881 à l’âge de 21 ans. Un livre écrit par Garrett forgera la légende de Billy The Kid. Nous retrouvons Woody Guthrie dans cette vielle chanson.

Santy Anno

C’est une chanson traditionnelle crée par des marins. Contrairement à certaines interprétations comme celle de Hugues Aufray (Santiano), elle  ne parle pas uniquement d’un bateau mais d’un politicien et général mexicain, Lopez de Santa Anna (1794 – 1876). Il fut un des artisans de la libération de la domination espagnole dans ce pays. Que les américains s’intéressent à lui pour en faire une des chansons les plus célèbres de leur folklore est surtout relié au fait que le Texas devint américain après  la bataille de Fort Alamo en 1836, perdue pas Santa Anna et annexé définitivement en 1945.   L’orthographe du titre est assez différente selon les versions. Il s’agit sûrement de la difficulté des anglophones de saisir les prononciations latines, surtout qu’elle fut uniquement transmise oralement pendant une petite éternité. Ici chantée par un groupe dans ce qui doit beaucoup ressembler à la version d’origine.

Luc Arbogast – L’authentique troubadour des rues

Il est partout, nul besoin de le chercher. S’il est là, vous l’entendrez, sa voix traverse l’air.  Vos oreilles seront comme celles d’un chien qui entend les pas de son maître qui rentre à la maison. Il y a de la magie là-dedans, un sort qui envoûte divinement. Vous penserez d’abord qu’il s’agit d’une femme, selon la chanson interprétée, mais vous découvrirez en vous approchant qu’il s’agit d’un homme, un vrai, avec toutes ses caractéristiques physiques. Sa voix, qui peut aller chercher le contre-ténor, est l’une de ses spécialités. Ne cherchez pas le micro, il n’en a pas, tout est naturel. Ses chansons sont celles de notre folk ou parfois celui des autres. Des balades médiévales chantées dans la langue d’origine, accompagnées par un instrumentent à cordes et quelquefois un musicien additionnel. Cette musique est la mère de toutes celles que l’on peut entendre aujourd’hui. Rencontre avec un personnage qui n’a d’égal que lui-même.

Des troubadours aujourd’hui, il n’y en a que de nom. Luc Arbogast en est pourtant un,  véritable réincarnation de ceux de jadis. Il l’est autant dans son répertoire que dans sa manière d’être. Son talent lui sert à chanter sa liberté. Elle se trouve dans les lieux qu’il a choisi, une place publique, un festival, même une cathédrale semble juste assez grande pour accueillir la puissance de sa voix. Il n’est pas une star dont le nom clignote aux enseignes des salles de concert. Il est comme le gitan de la chanson de Mouloudji que l’on veut engager, il se taille d’un haussement d’épaules. Il a un public qui lui convient, celui des passants qui s’arrêtent pour l’écouter, qui rient à son humour toujours présent, qui chantent avec lui. Ses disques, ils existent, vendus sur place et achetés d’un coup de coeur, le charme ayant encore opéré.
Ne le cherchez pas, il peut-être à Strasbourg ou ailleurs.  Il s’invite là ou cela lui plaît, malgré le froid, le vent, le soleil. Vos oreilles vous serviront de boussole, éventuellement un vraie boussole fera l’affaire, tant il  dégage de magnétisme.

Le rue, son langage, berceau des tant de révolutions, compte une étoile qui brille même le jour, Luc Arbogast.

Heureusement, si ses disques sont assez confidentiels, les vidéos sont plutôt nombreuses, de quoi se faire un plaisir. J’en ai fait un choix personnel et limité. Rien ne vous empêche d’en découvrir d’autres.

La très connue « Le Roi A Fait Battre Tambour », il part en contre-ténor vers la fin

Toute le splendeur de sa voix. Un chant en latin d’origine espagnole

Une chanson personnelle sur l’enfance  avec participation spontanée du public « Ou Sont Les Enfants »

Cathédrale d’Orléans – Il fait chanter toute l’assistance

Popularisé par Angelo Branduardi « Les Confessions D’un Malandrin » sur un poème russe, adapté par Etienne Roda-Gill

Quelques infos et dates de concerts quand elles existent.