Repartons dans le monde des chansons connues, attribuées à un artiste qui l’a mise en lumière et parfois pour mieux rejeter le créateur ou la créatrice dans l’obscurité. Le jeux est quelquefois cruel, mais dans d’autres cas il permet de découvrir un presque inconnu sur lequel peuvent rejaillir quelques étincelles…
Robert Mosley, un nom qui ne vous sans doute pas grand chose. Un chanteur dans la veine r’n’b comme il y en a tant dans les sixties américaines. Les Anglais toujours à l’affût du truc qui pourra faire un hit chez eux, épluchent les discographies au pays de l’oncle Sam. Les Searchers, grands amateurs de ce sport découvrent une face B d’un disque que Mosley a enregistré en 1963, « Good Bye My Love ». Ils l’enregistrent et obtiennent un succès grandiose avec leur version, autant au plan local qu’international. Il faut bien reconnaître que la reprise peut surclasser l’original. En France, Richard Anthony en profite pour l’adapter en français « Au Revoir Mon Amour » avec aussi un certain succès. Ironie du sort, la face A de l’original « Crazy Bout My Baby » sera aussi un succès, quoique bien plus modeste, pour les Swinging Blue Jeans.
https://www.youtube.com/watch?v=jTvHzJIFD64
Les Searchers, encore eux, avaient aussi puisé dans le répertoire d’un groupe noir, les Orlons, assez populaires aux USA. C’est encore une fois une face B qui attire leur attention. Ils l’enregistrent et ne feront pas moins bien que la première place du hit parade anglais, la troisième de leur carrière, un succès n’ayant été « que » no 2.
Il n’y a pas que l’Amérique pour alimenter le répertoire américain en reprises, l’Italie peut aussi aider. Un exemple, les Tremeloes ancien groupe d’accompagnement de Brian Poole, s’est lancé dans une fructueuse carrière qui aligne succès sur succès depuis 1967. Ils adaptent en anglais « Suddenly You Love Me » à la base titre d’un chanteur italien populaire « Riccardo Del Turco » Uno Tranquillo ». Le titre est surtout une scie musicale efficace qui fera une belle carrière internationale dans sa version anglicisée. Ce n’est pas l’adaptation française de Joe Dassin « Siffler Sur La Colline », qui lui donnera moins de retentissement.
https://www.youtube.com/watch?v=mpx98Y2dYOA
Le groupe Mardi Gras d’origine américaine, a connu un beau succès en Europe et notamment en France grâce à « Girl I’ve Got News For You », ceci en 1971. C’est l’exemple type d’une chanson potentiellement accrocheuse mais qui ne parvient pas à trouver le bon filon. Les Birdwatchers, un groupe garage-punk, ont dû méditer cela, car c’est bien eux qui avaient créé ce titre quelque cinq ans plus tôt du côté de la Floride. Le prix de consolation aura sans doute été quelques rentrées de dollars pour les deux membres compositeurs et le fait de se dire que tous les auditeurs de radios de France et de Navarre, qui savaient tourner le bouton pour allumer la radio en 1971 connaissent cette chanson qui bénéficia par la suite de nombreuses reprises.
Les chanteurs français et le marché discographique français de la première moitié des années 60 avaient pour habitude d’éplucher les productions anglophones pour dénicher le truc qui pourrait marcher en France, moyennant quelques paroles en Français collées sur la mélodie originale. Le plus souvent c’était un hit francisé, mais il arrivait aussi que l’on repêche un truc bien moins connu. Un bel exemple à succès reste « Johnny Lui Dit Adieu » qui cartonna bien pour l’idole nationale no 1. Son créateur, Jerry Jackson, encore un Noir américain, contribua involontairement à ce succès sans que son nom rappelle quelque chose à tous les fans de Johnny.
Si vous croyez qu’Edith Piaf a créé tous ses succès, vous vous fourrez le doigt dans l’oeil. Ce n’est absolument pas le cas de celui-ci. Ecoutez, vous la connaissez!
L’un des plus incontournables succès instrumentaux des sixties reste « Apache » par les Shadows. Mais historiquement ce n’est pas l’enregistrement original. Le compositeur, Jerry Lordan, la proposa d’abord à Bert Weedom, un guitariste de session que l’enregistra quelques mois avant. Sa maison de disques Top Rank tarda à la publier, ce qui permit aux Shadows de l’enregistrer pour leur compte avec le succès que l’on sait. Le version de Weedom, moins trépidante mais enfin publiée, ne permit pas à l’interprète de concurrencer l’autre. Ce qui fait que cet instrumental est à jamais lié au nom des Shadows.
https://www.youtube.com/watch?v=BTtEPmorY2I