Au temps du vinyle, la production phonographique française est assez minimaliste par rapport à un pays comme les USA. Cela ne veut pas dire qu’elle n’existe pas. Malgré tout, une immense partie de cette production restera dans l’ombre, par manque de soutien de la presse spécialisée, par manque de diffusion radiophonique, par manque promotion. Je me souviens d’avoir vu chez les disquaires des représentants de maison de disques faire la promotion de nouveautés du catalogue. Ils n’avaient rien de différent des autres représentants, sauf qu’ils vendaient ou faisaient la promotion des disques au lieu de brosses ou d’assurances. Il y avait ce qui était en demande, les fameux succès du moment, et des trucs moins connus ou inconnus qu’il fallait essayer de refiler au disquaire en vantant la marchandise, charge à lui d’en souligner les mérites auprès d’une clientèle dont il connaissait les goûts.
Malgré cela une très grande partie de cette production est restée inconnue, ne s’est pas ou mal vendue, c’est en général ces disques qui font le bonheur des encyclopédistes, même certains sont devenus de très estimables pièces de collection. Allons faire un tour dans ces publications dont la plupart vous sont inconnues, autant les chansons que les artistes, à moins que vous n’ayez été un chasseur de disques averti pour quelques uns d’entre eux. Toutes les publication dont je parle ici ont bien été éditées en France et sont uniquement des 45 tours.
1963 – Joe Harnell / Fly Me To The Moon. Ce disque fait partie de ceux qui sont plutôt rares sans être vraiment recherchés. C’est du easy listening, style qui convient très bien à une ambiance musicale pendant l’entracte au cinéma ou en toile de fond dans un bar discret. La chanson est célèbre et a été reprise par un tas de monde. Ici en instrumental, c’est la X ème version de ce truc. Seul EP de l’artiste publié en France.
1958 – Sammy Hagan & The Viscounts / Out Of Your Heart. Chanteur de doo wop peu connu aux USA et encore moins en France. Capitol France publia néanmoins cet EP qui semble ne pas traîner dans les bacs de vendeurs. Pour les amateurs du genre, c’est néanmoins très plaisant.
1963 – The Gladiators / Bleak House. Pas mal de groupes anglais trouvèrent en France un aboutissement plus lucratif que de jouer les moins inconnus parmi les plus inconnus. Ce fut le cas pour les Gladiators, à l’origine Nero & The Gladiators. Sur quelques disques, il furent les accompagnateurs de Dick Rivers. EMI en profita pour publier un EP avec quatre instrumentaux. Un peu avant fut publié un single qui reprenait deux titres publiés en Angleterre. On y retrouve le titre « Bleak House » qui sera aussi repris en France par un autre groupe d’origine anglaise qui accompagna aussi Dick Rivers, les Krewkats. Il ne doit pas beaucoup y avoir d’exemplaires en circulation.
1964 – Tommy Tucker / High Heel Sneakers. Bien qu’à sa sortie le disque ne connut pas un succès fracassant, il est devenu un standard incontournable. Sa publication sur un EP par Barclay ne fut non plus pas annoncée par tous les clochers de France. Avec un peu de patience, on peut en trouver une copie en y mettant quelques dizaines d’euros.
1964 – The Marvelettes / Too Many Fish In The Sea. Les Marvelettes sont surtout connues aujourd’hui par la reprise de leur succès « Please Mr Postman » par les Beatles. Assez bizarrement à l’époque, leur hit ne fut pas publié en France en 45 tours. Malgré tout 4 EP’s furent publiés ici entre 1964 et 1967, celui-ci étant le premier. Ce sont tous des belles pièces recherchées par les collectionneurs, d’autant plus que les pochettes sont magnifiques. Les sommes peuvent dépasser les 300 euros pour une pièce en bon état. Et bien sûr, musicalement c’est tout le charme de ces groupes noirs, ici plus spécialement le style Tamla-Motown.
1967 – The Buffalo Springfield. Groupe clé dans la musique aux USA puisqu’il vit le passage de Stephen Stills et Neil Young dans ses rangs. Cette première publication française en EP propose leur hit aux USA « For What It’s Worth ». La France n’était pas trop prête pour ce genre de musique précurseur de tout un mouvement. Les ventes furent en rapport, sinon pourquoi les amateurs dépenseraient parfois plus de 200 euros pour une copie, si on le trouvait facilement?
1968 – Isabel Bond / Cry. Le catalogue Major Minor ayant porté chance à la publication en France d’un autre artiste maison, David McWilliams, qui cartonna avec « Days Of Pearly Spencer », on tenta de publier d’autres artistes de ce label. Ce fut moins réussi avec cette chanteuse anglaise qui fit principalement ses débuts de carrière vers le Star-Club de Hambourg. Elle reprend le succès du fameux Johnnie Ray « Cry », qui dans les années 50 valait un million de dollars la larme. Belle version néanmoins.
1969 – The Bintangs / Riding On The L&N. Groupe hollandais qui existe depuis bientôt 60 ans. Le blues est une de leurs principales inspirations. Leur popularité déborde quelque peu les frontières nationales. Ce single publié en France est très peu courant.
1961 – Buzz Clifford / Long Tall Sally. Il faisait suite à un EP plus courant qui comprend son succès américain « Baby Sittin’ Boogie » (repris par Sacha Distel et Nancy Holloway Le Boogie Du Bébé), On profita de ce que la France découvrait enfin le rock and roll pour publier un second EP avec le classique de Little Richard et celui de Big Joe Turner. C’est un disque assez rare.
1970 – L’Assemblée / Le Chien. A l’époque, on parlait souvent de musique progressive anglaise ou allemande, mais elle existait aussi en France. En voici un très bel exemple qui n’a rien à envier à ses concurrents. Bien sûr, ce genre de musique est destiné à certains gastronomes, on n’achetait pas ce genre de disques comme premier achat. Evidemment, il fait l’objet de recherches par les passionnés de pressages originaux. Seule et unique apparition de ce groupe.
1959 – Baby Gate / Be Bop A Lula. Sous ce nom se cache une chanteuse italienne, sans doute la plus populaire de toutes pendant des années, Mina. Bien qu’on la considère comme une diva de la variété, c’est dans un répertoire plutôt rock qu’elle entama sa carrière. Exemple avec cette reprise du classique de Gene Vincent, que l’on peut considérer comme excellente, surtout si on la compare à l’assez basique version des Chaussettes Noire un peu plus tard. Cet EP est sa première apparition discographique en France sous son premier nom, Baby Gate. La suite de sa discographie française est assez conséquente, on y trouve aussi des titres chantés en français. Mais cette première publication est certainement une des plus rares et des plus intéressantes.
1957 – Ric Cartey / Young Love. Encore un de ces disques dont la rareté frise l’obscénité. Cette chanson qui est ici dans sa version originale ne porta pas trop chance à son créateur. Plusieurs reprises connurent un succès beaucoup plus considérable, par Sonny James, Tab Hunter, Donny Osmond, qui la hissa à la première place des charts anglais en 1973. Cet EP publié par RCA en France ne se vendit qu’en quantités dérisoires, il est très difficile de se le procurer. Il n’apparaît presque pas sur les sites d’enchères. Pour consoler les amateurs, une réédition à l’identique a été publiée en 2014, c’est évidemment moins cher à l’achat.
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Bonjour M. Boss,
Encore plein de belles choses !
MINA , cette DIVA , vous l’avez sûrement noté a fait un album de reprises BEATLES , : « MINA CANTA I BEATLES » en 1993 que l’on trouve assez facilement
Bonne semaine
cooldan
Hello Cooldan,
En effet, c’est d’ailleurs en pensant à cela que j’ai fait la recherche dans sa discographie française. Ses reprises tiennent bien la route, pour une artiste qui n’est pas de langue maternelle anglaise, on a vu pire.
Bonne fin de semaine.