Peut-être en voyant la pub récente de Chanel vous vous êtes demandés quelle était la musique qui lui servait de fond. Mis en ligne il y a un peu plus de deux mois, elle totalise bientôt 6 millions de vues. Eh bien parlons de cette chanson, une des dix que j’ai le plus écoutées dans ma collection. Elle a juste 50 ans et de beaux restes. J’avais cet article « en réserve » depuis longtemps, voici le moment opportun de le partager. Et puis rêvons un peu, j’avais écrit un article sur le groupe dans les premiers que j’ai écrits sur ce blog, il est toujours en ligneLes Zombiespeut-être un visiteur aura trouvé que cela ferait un bon fond pour la pub de Chanel. Si c’est le cas, j’aurai enfin rendu à cette chanson ce que je lui dois. Quelques millions de passages à quelques centimes, cela doit commencer à faire pas mal d’argent. A propos d’argent, c’est justement le nom du compositeur.
Mais partons à la découverte…
C’est un des plus grands classiques des sixties, une chanson qui a engendrée des dizaines de versions par autant d’artistes à travers le monde. Elle se démarque passablement de la production courante de l’époque par le son et le rythme et surtout la voix du chanteur. Au départ, personne n’y croyait, pas même le compositeur et claviers du groupe Rod Argent. Mais voyons un peu les débuts de l’histoire, celle des Zombies, le groupe qui l’a enfantée.
C’est la banale histoire de tant de groupes qui débutent. Nous sommes à St Albans, banlieue londonienne. Il y a bien sûr des écoles, fréquentées par cinq garçons qui font aussi un peu de musique pendant les loisirs. Nous trouvons parmi eux, Rod Argent, claviers; Colin Blunstone, chant; Paul Atkinson, guitare; Chris White, basse; Hugh Grundy, batterie. Tous ont entre 18 et 20 ans, Nous sommes en 1963 et le groupe qui choisit de se nommer Zombies se présente à un concours en interprétant une version du classique de Gershwin, « Summertime ». Ils remportent le premier prix dont la récompense est l’enregistrement d’un disque pour la firme Decca. Une fois dans les studios, il faut choisir le matériel qui composera les deux faces du 45 tours. C’est le sujet d’une grande discussion. Dans le groupe, il y a deux compositeurs, Rod Argent et Chris White, qui ont déjà écrit au moins une chanson. L’idée à Rod Argent est d’enregistrer la chanson qui leur a permis de gagner le concours, il est assez fan de musique classique. Le producteur est d’un avis contraire, et préfère de loin le titre que Argent a écrit « She’s Not There », justement. C’est celle-là qui est mise en face A, couplée avec un composition de Chris White « You Make Me Feel Good ». Decca a raison, le disque se classe dans les charts anglais, mais ne monte pas plus haut que la 12ème place. Le disque est publié aux USA sous licence par Parrot et les choses commencent à bouger, le disque commence de monter à l’assaut du hit parade. Dans une ville, on peut soutenir une équipe de foot, mais à St Albans, on suit la progression de la chanson dans les classements, l’honneur anglais est en jeu. Au final, il est 2ème au Billboard et 1er au Cashbox. Cela finit par mettre la chanson sur orbite, lui assurant un retentissement international. La légende peut commencer.
Il y a deux ou trois choses à savoir sur cette chanson. Il y a une nette différence entre la version mono et stéréo (utilisée pour la pub Chanel). Le version mono est plus « brute », les frappes de la batterie sont différentes. C’est toujours cette version là qui sert de référence pour l’histoire, c’est elle qui fut diffusée par les radios. Les influences du jazz sont évidentes dans la chanson. La voix du chanteur, que je qualifie de fantômatique est un des ingrédients essentiels de son succès. C’est un titre à l’ambiance étrange, assurément quelque chose d’assez inédit jusque là.
Depuis 1964, elle n’a jamais été oubliée par tous ceux qui furent sous son charme. Si d’aventure ils sont musiciens pratiquants, il y a de fortes chances pour qu’ils en fassent leur propre interprétation. En dehors des versions spontanées qui furent faites immédiatement après, instrumentalement par les Ventures notamment, il y a toutes les autres. Pour la France, Noel Deschamps en fait « Te Voilà », repris en 1969 par la chanteuse Pussy Cat. Deschamps en fait également un version en italien, basée sur celle du combo italien I Kings, elle même enregistrée plus tard par Colin Blunstone lui-même. Deux groupes canadiens firent aussi leur propre version, les Bel Canto, « Les Filles D’Eve » et les Del Hir » On M’a Souvent Parlé D’elle ». Pour l’Allemagne, Michael & Firebirds « Lass Sie Gehen », Michael est le futur chanteur de Los Bravos. En 1967, Vanilla Fudge, groupe très prometteur, la met sur son premier album avec un goût psychédélique. Le groupe garage punk The Litter, en fait la première longue version de plus de 9 minutes. En 1969, Neil Mac Arthur qui n’est autre que Colin Blunstone, en fait une version très pop, elle se classe dans les charts anglais. En 1977, c’est un hit pour Santana, le titre est dans son optique afro-cubaine. Il y a une version punk par UK Subs en 1979. Et ainsi de suite, l’aventure continue…
On peut toujours relire mon article sur le groupe pour une histoire plus détaillée
Début 1966, l’hiver était là. J’ai toujours aimé la ronde des saisons, chacune m’apportant son lot de réjouissances. Une chanson arriva via les ondes de la radio, « California Dreamin ». Je regardais de ma fenêtre la nuit qui tombait, illuminant d’une teinte orange la neige qui recouvrait la vallée. Cette scène, je m’en souviens encore très bien, elle fait partie d’un hier très lointain et pourtant si proche. Si cette vision pourra s’effacer de ma mémoire avec le temps, la mélodie qui l’accompagnait, je peux toujours l’écouter telle que je l’ai entendue. Facile, il suffit de sortir un disque de sa pochette et la féérie peut recommencer. La Californie faisait alors rêver pour son soleil, ses Beach Boys, ses planches de surf. Il y a quelques chansons qui sont autobiographiques, « California Dreamin » en est une. La rêverie californienne est née à New York en 1963, un jour d’hiver où il neigeait. Le compositeur, John Philips, avait sa femme auprès de lui, Michelle. Ils tournent sur les scènes folk. Ils regrettaient le climat doux de la Californie et décidèrent de coucher sur papier les quelques paroles qui devinrent la chanson. Oh rien de bien compliqué, toutes les feuilles sont brunes et le ciel est gris, je suis parti faire une promenade un jour d’hiver, je serais mieux au chaud à Los Angeles à rêver de ces journées d’hiver etc… La mélodie suivra et la chanson regagna sa patrie inspiratrice avec les bagages du couple. Deux ans plus tard, ils retrouvent une vieille connaissance, Barry McGuire. Ce dernier fit partie d’un groupe assez célèbre, les New Christy Minstrels. Il entame une carrière solo en 1965 et sous la houlette de Dunhill records, enregistre un des premiers cartons de la chanson contestataire « Eve Of Destruction ». C’est à ce moment qu’ont lieu les retrouvailles avec John Philips. Ce dernier propose sa fameuse chanson à McGuire qui l’adopte immédiatement, conscient de l’extrême qualité de la chanson, apte à faire un successeur digne à son hit. Elle est enregistrée avec comme choristes ceux qui sont devenus entretemps les Mamas And Papas, John Philips, Denny Doherty, Michelle Philips, Mama Cass. Le disque est prêt, mais le producteur et patron de Dunhill, Lou Adler se ravise. Il décide de faire une nouvelle prise avec seulement le groupe sans McGuire, donnant une suite au 45 tours que les Mamas And Papas ont déjà enregistré pour Dunhill sans grande réussite. Ce sera cette version qui sera publiée en premier. Le titre devient un hit imparable et les fait connaître dans le monde entier. En France, il est adapté par Richard Anthony, « La Terre Promise » qui restera une de ses meilleures ventes. La chanson fera son chemin dans l’imaginaire des gens et deviendra une sorte d’hymne à la Californie. Elle restera comme un enregistrement qui avoisine la perfection, tant musicalement, que vocalement. Les choeurs sont magnifiques et ne sont pas pour rien dans son succès. Elle sera reprise par d’innombrables artistes de pointe, Beach Boys, Nancy Sinatra, Jose Feliciano et figurera dans la bande sonore de nombreux films. Mais à mon avis, aucune version ne surclasse l’original, on peut en qualifier quelques unes d’intéressantes. A l’époque, en termes de ventes, le disque suivant « Monday Monday » fut une réussite encore plus marquante et le seul n0 1 pour le groupe. Si je me penche sur les statistiques de YouTube, « California Dreamin » dans les différents clips des Mamas And Papas proposés, la chanson a été regardée plus de 20 millions de fois. L’autre hit « Monday Monday, 1,5 million de fois environ. Le temps est un métronome imparable sur la manière dont une chanson peut entrer dans l’histoire et nous montrer comment elle franchit le temps. Du groupe original, il ne reste dans ce monde que Michelle, les autres sont partis, mais ils ne doivent pas se retourner dans leur tombe et continuer de rêver à la Californie.
La version originale en playback
La version de Barry McGuire, l’accompagnement est absolument identique sauf le solo du milieu, ici à l’harmonica
La version française de Richard Anthony en playback
La version de Jose Feliciano, l’une de celles que l’on peut qualifier d’intéressantes
Tout amateur de musique connait ses classiques par coeur. Mais il arrive que les mêmes thèmes ressassés finissent par devenir lassants. Alors on compte sur la participation de quelques musiciens, parfois venus d’horizons complètement différents, pour dépoussiérer quelques standards et leur ajouter une note personnelle. En voici quelques exemples, que vous connaissez sans doute tous, mais peut-être pas comme ça…