Exploration musicale en terre inconnue (9)

Au temps du vinyle, la production phonographique française est assez minimaliste par rapport à un pays comme les USA. Cela ne veut pas dire qu’elle n’existe pas. Malgré tout, une immense partie de cette production restera dans l’ombre, par manque de soutien de la presse spécialisée, par manque de diffusion radiophonique, par manque promotion. Je me souviens d’avoir vu chez les disquaires des représentants de maison de disques faire la promotion de nouveautés du catalogue. Ils n’avaient rien de différent des autres représentants, sauf qu’ils vendaient ou faisaient la promotion des disques au lieu de brosses ou d’assurances. Il y avait ce qui était en demande, les fameux succès du moment, et des trucs moins connus ou inconnus qu’il fallait essayer de refiler au disquaire en vantant la marchandise, charge à lui d’en souligner les mérites auprès d’une clientèle dont il connaissait les goûts.
Malgré cela une très grande partie de cette production est restée inconnue, ne s’est pas ou mal vendue, c’est en général ces disques qui font le bonheur des encyclopédistes, même certains sont devenus de très estimables pièces de collection. Allons faire un tour dans ces publications dont la plupart vous sont inconnues, autant les chansons que les artistes, à moins que vous n’ayez été un chasseur de disques averti pour quelques uns d’entre eux. Toutes les publication dont je parle ici ont bien été éditées en France et sont uniquement des 45 tours.

1959 – Slim Gaillard /Chicken Rhythm. Slim Gaillard est un chanteur et instrumentiste de jazz dont le discographie en France est minimale. Il exerçait aussi son talent avec des imitations vocales, usant parfois d’un langage complètement imaginaire. Dans ce titre plutôt fantaisiste, il imite un animal que nous connaissons bien.

1959 – The Four Comets – Leroy. Même si en 1959, le rock and roll en France était encore assez confidentiel, cela n’empêcha pas que certains disques de rock and roll d’autres pays européens, encore balbutiants sur la scène rock,  furent éditées en France. Comme Rock Ragge et les Four Comets, une groupe suédois à tendance rock, publié par Vogue sous licence Barben records. Une plutôt bonne reprise d’un titre de Jack Scott « Leroy ».

1970 – Iron Butterfly / New Day. Iron Buetterfly s’est taillé un franc succès avec « In-A-Gadda-Da-Vida », mais le reste de la discographie est plus discret, encore plus spécialement les 45 tours. Comme celui-ci de 1970 qui ne court pas les rues, extrait de l’album « Metamorphosis », qui contient quand même un très plaisant titre : « New Day ».

1968 – The Iveys / Maybe Tomorrow. Quand ils fondèrent leur label Apple, les Beatles signèrent d’autres artistes. Les premiers furent les Iveys,, pas forcément très distants musicalement de leurs patrons, qui rencontrèrent plus un succès de curiosité qu’un franc succès. Leur premier single « Maybe Tomorrow » était pour le moins très plaisant. Edité dans de nombreux pays, c’est une pièce recherchée aujourd’hui pour sa connexion avec les Beatles. Leur très rare album édité à l’époque seulement en Allemagne, Japon, Italie, atteint des sommes considérables pour une copie originale. Plus tard, le groupe se mua en Badfinger et rata un sacré tube. La reprise de leur titre « Without You » fut un hit international pour Harry Nilsson.

1964 – The Bachelors / The Stars Will Remember. Si Decca a pu se mordre les doigts de ne pas signer les Beatles, ils eurent quand même un joli lot de consolation avant que les Rolling Stones se posent en rivaux. Il s’agit des Bachelors, un trio irlandais vocalement parfait, qui aimait bien reprendre des vieilles chansons. Même si c’est très kitsch, ils pulvérisèrent des records de ventes en Angleterre, damnant même un peu le pion aux Beatles sur le plan national. Ils avaient un avantage, celui de plaire aux adultes, charmés de réentendre des airs du temps où ils contaient fleurette devant une tasse de thé. Ils connurent un net déclin à partir de 1966. Trois EP’s furent publiés en France, pas si courants que cela et surtout peu vendus, mais peu recherchés. La chanson que je vous propose est extraite du premier paru ici, un clip en playback tiré d’un film. J’ai même lu à quelque part que cette chanson avait été celle qui fut le plus écouté dans les jukeboxes anglais en 1965. Peut-être que la famille royale passait son temps dans les pubs ?

1967 – Scott Walker / Mathilde. La discographie française de Scott Walker est aussi mince qu’un feuille de papier. Quand il quitte les Walker Brothers, il se lance dans une carrière de crooner et ne cache pas son admiration pour Jacques Brel, dont il reprend 9 chansons. Sur son unique et rare EP français, figure sa reprise en anglais  de « Mathilde » qui montre que les Anglais savent faire de l’excellent travail en studio. La magnifique voix de Scott Walker s’est définitivement tue le 22 mars de cette année.

1968 – Dave Widmark / Days of Pearly Spencer. Dans les sixties une pratique très courante des maisons de disques consistait à offrir un panaché des succès de la marque. C’était le cas pour « La Bourse Aux Disques » chez EMI ou « Made In England » et « Dansez Avec » chez Philips. On essayait de présenter le plus possible d’artistes et de titres originaux, propres à la marque. Il arrivait parfois que l’on veuille aussi faire figurer un grand succès du moment, mais appartenant à un artiste enregistrant pour une marque concurrente. Alors on profitait de faire enregistrer une reprise, le plus souvent par un de ces artistes maison dont on ne savait pas trop quoi faire. Alors voici un reprise quasi carbone du « Days Of Pearly Spencer » de David McWilliams par Dave Widmark, remarquez la ressemblance des noms. On la publia quand même sur un 45 tours, aussi rare qu’en cheveu sur la tête à Yul Brynner.

1971 – Noir / Ju Ju Man. Groupe noir anglais qui apparut et disparut très vite. Leur unique album publié par Dawn en Angleterre fut également pressé en France par Vogue. Un 45 trs fut extrait avec cet intéressant « Ju Ju Man ». L’album fait partie des collectors recherchés.

1968 – The Nashville Teens / All Along The Watchtower. Après deux ans de silence total, Decca France s’aperçoit que les Nashville Teens existent toujours et décide de publier leur nouveau single, avec cette reprise de Bob Dylan. C’est aussi l’époque ou Jimi Hendrix l’enregistre pour son plus célèbre album « Electric Ladyland ». La différence entre ces deux versions est énorme. Celle de Jimi Hendrix est pleine de guitare psychédélique et autres effets. Les Nashville Teens nous offrent plutôt une ambiance que l’on pourrait qualifier de pesante et sinistre, mais peut-être supérieure vocalement. Les deux versions ont leur charme, le disque des Nashville Teens offre sans doute un atout supplémentaire pour les collectionneurs, localiser une copie de ce disque est plutôt difficile.

1982 – The Troggs / Black Bottom. En 1982, au niveau du succès les Troggs ne sont plus que l’ombre d’eux mêmes. Pourtant leur nouveau single est très prometteur, il a tout pour faire un tube. Il intéressera seulement quelques nostalgiques et c’est dommage. Ce n’est pas le 45 tours le plus facile à dénicher dans leur discographie.

1964 – Les Tornados / Hot Pot. Le succès déclinant assez rapidement, les publications françaises concernant les Tornados, suivent la même courbe au niveau de la rareté. Cette dernier EP datant de 1964 est sans doute le plus rare. Tout en pensant que nous sommes en 1964, et quand on écoute le titre principal « Hot Pot », il faut quand même admettre que ce disque se démarque très fortement de ce qui se faisait ailleurs, c’est original. Peut-être trop.

1972 – The Smoke / Sugar Man. En 1972,  les Smoke existent toujours, vivant sur la réputation de leur hit « My Friend Jack ». Ils ont recentré leur carrière sur l’Allemagne et sont publiés par le label Basf. On ne peut pas dire qu’ils ne suivent pas la mode. En effet, le titre « Sugar Man » colle assez bien à ce que l’on appelait alors le glam rock qui vit le succès de chanteurs comme Gary Glitter et même Slade ou David Bowie. Ce disque fut aussi publié très confidentiellement en France. L’histoire nous rappelle que des membres du groupe furent derrière la machine disco Boney M. Mais ça, c’est un peu plus tard et une autre histoire.

1966 – Connie Smith / Le Jour Et La Nuit. Un nombre considérable d’artistes étrangers ont enregistré en français, même pour certains alors qu’ils complètement inconnus en France. C’est la cas de Connie Smith une chanteuse de country très populaire en Amérique, dont RCA publia quatre titres dans notre langue en 1966, teinté d’accent ricain. Je suis à peu près sûr que beaucoup d’entre-vous, apprennent aujourd’hui l’existence de ce disque.

*****

2 réflexions sur “Exploration musicale en terre inconnue (9)

  1. Bonjour M. Boss,
    Le premier clip de Slim Gailliard m’a tout de suite fait penser à cette histoire rocambolesque et ridicule et le fait:de vouloir aseptiser nos campagnes,, pour ceux qui aiment pas ça, qu’ils restent en ville, je cite :
    Tous les coqs sont-ils égaux devant la justice? C’est la question que se pose Daniel Bauquis, 57 ans, un habitant du village de Saint-Sylvestre (Haute-Savoie), récemment condamné à faire taire ses deux coqs jugés trop bruyants par le tribunal d’Annecy. Début septembre, le célèbre coq Maurice avait reçu, lui, l’autorisation des juges du tribunal de Rochefort (Charente-Maritime) de continuer à chanter à tue-tête sur l’île d’Oléron.!
    Pour Badfinger on peut citer le titre Come and Get It est une chanson composée et produite par Paul McCartney, elle fut offerte au groupe Badfinger pour servir de thème pour le film The Magic Christian, mettant en vedette Peter Sellers et Ringo Starr. Une démo sera enregistrée par son auteur jouant tous les instruments et sera incluse sur l’album des Beatles Anthology 3 en 1996.
    Bonne semaine
    cooldan

  2. Hello Cooldan,
    J’ai aussi entendu ces histoires de coqs. Là ou j’habite, il y a des vaches, des poules, des coqs, jamais personne n’a fait la moindre histoire. Quelquefois, j’entends aussi le bruit des sabots de chevaux qui passent sous ma fenêtre. Le plus grand danger avec les voisins paysans, c’est quand ils vous invitent à déguster les nombreux produits distillés de leurs vergers. Après, on risque de mins bien chanter que les coqs.
    Badfinger j’aime bien, j’ai plusieurs albums et j’ai aussi le simple « Come and Get It » en pressage italien que j’avais déniché lors d’un de mes voyages dans ce pays. Par contre je n’ai jamais vu le film « Magic Christian ». Sur l’album, j’adore « Carry On Till Tomorrow », c’est superbe, celas me fait un peu penser à l’ambiance des albums des Moody Blues de cette époque.
    Bonne suite de semaine

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