En passant

Inventaire musical à la Prévert (38)

Je vous en ai déjà parlé dans un article précédent, vers la fin des sixties, je recherchais un peu d’autres sensations dans la musique, la pop commençait un peu à se banaliser dans mes écoutes. Cependant à l’automne 1969, un album me réconcilia totalement avec le genre, au point qu’il est devenu un des albums que j’ai le plus écoutés et qui me délecte encore aujourd’hui. Il concerne le groupe anglais Steamhammer, alors totalement inconnu dont c’était le premier album. Il n’a pas réellement de titre, mais en général on l’appelle « Water », nom du bref titre instrumental qui ouvre et ferme le disque. L’album contient deux reprises blues, une de B.B King et une d’Eddie Boyd, aux côtés de compositions originales pour le moins très intéressantes. C’est toujours merveilleux de constater le son des groupes de ces époques qui deviennent lointaines. Chacun avait le sien, cet album n’a pas de ressemblance sonore avec ceux des concurrents, c’est une empreinte digitale sonore.
Le groupe enregistra quatre albums entre 1969 et 1972, avant de se séparer après avoir connu quelques changements de personnel. Deux des membres rejoindront l’ancien chanteur des Yardbirds et de Renaissance, Keith Relf, pour former Armageddon. Le groupe ne peut pas prétendre à une célébrité comme d’autres formations de l’époque, mais il a eu incontestablement un noyau fidèle de fans, spécialement en Allemagne. Un de leurs titres « Junior’s Wailing » se retrouve dans la discographie et les concerts de Status Quo. Steve Jolliffe le flûtiste fut un membre de Tangerine Dream des débuts avant de rejoindre Steamhammer. Il était un de ces nombreux musiciens un peu égarés en Allemagne. Il existe un clip pour la tv française dans lequel on voit Gainsbourg et Birkin parmi le public.
Voici cet album dont j’ai retrouvé l’intégrale des titres. Quand c’était possible, j’ai sélectionné le clip dont le son s’approche le plus du vinyle original. Il faut quand même souligner que souvent les clips proposés souffrent parfois d’outrages sonores, principalement à cause des remixages faits par amateurs qui n’ont aucune oreille musicale et aucun respect pour le son original. Il y a des disques qui sont tellement bien gravés dans le marbre de mon oreille, que je suis capable d’en discerner le moindre changement sonore, c’est le cas de celui-ci. Il ne viendrait pas à l’idée du conservateur du musée du Louvre, de faire repeindre La Joconde pour lui donner d’autres couleurs. En musique c’est pareil !

Junior’s Wailing
Lost You Too
She Is The Fire
You’ll Never Know (B.B. King)
Even The Clock
Down The Highway
On Your Road
Twenty Four Hours (Eddie Boyd)
When All Your Friends Are Gone
Enchaîné, l’instrumental « Water » qui sert d’ouverture et de final au disque.
Windmill – Titre des sessions de l’album sorti en single comme face B de « Junior’s Wailing
Junior’s Wailing en live tv allemande
When All Your Friends Are Gone – Même émission
I Wouldn’t Have Thought  – Autre live tv allemande

Durant les sixties, la discographie française de distingua par le nombre impressionnant de publications qui furent faites sous la forme de EP, c’est à dire quatre titres, deux par face. Le principe de base était un peu mercantile, on vendait deux fois plus de marchandise sur la réputation d’un titre principal ou d’un succès, le 45 tours simple avec deux titres était réservé à la promotion et aux jukeboxes. L’avantage principal de ces EP’s demeurait dans le fait que ces éditions étaient présentées dans une pochette avec le plus souvent une photo de l’artiste et un emballage cartonné et plastifié plus résistant à l’épreuve du temps. L’Angleterre et les USA eurent beaucoup moins recours à ce genre de publications. Le plus souvent, la règle était le 45 tours simple emballé dans une simple pochette à trous permettant de voir l’étiquette du disque. Aujourd’hui ces fameuses disques EP’s français, surtout ceux concernant des artistes étrangers, sont recherchés par les collectionneurs du monde entier car ils sont uniques dans leur genre et peuvent parfois atteindre des sommes folles s’ils sont très rares. Au fil des semaines, je vous en présenterai quelques uns parmi ceux qui attirent justement les collectionneurs. Ils seront présentés avec la pochette, éventuellement avec un scan de ma collection personnelle si je ne trouve rien de satisfaisant, les titres qu’ils contiennent, et le plus haut prix atteint par une enchère sur Ebay.

Les Paramounts – Odeon EP SOE 3774 – Publié en 1965. Meilleure enchère sur Ebay 496 euros.
Qui se doutait en 1965 en voyant sourire sur la pochette ces quatre inconnus, que deux ans plus tard ils seraient responsables de l’un des plus mémorables slow des sixties, d’une des plus grosses ventes dans cette catégorie, et aussi de l’envol d’un chevalier de la guitare, Robin Trower ?
Eh oui, ce groupe à la recherche d’un succès qu’il ne trouva pas sous le nom de Paramounts, verra les choses radicalement changer sous le nom de Procol Harum avec « A Whiter Shade Of Pale ». Odeon tenta de les faire remarquer en France en publiant une sélection de leurs 45 tours anglais, des reprises. Malgré une superbe pochette, l’une des rares publications originales où ils sont en photo, l’affaire en resta là. Néanmoins, on peut toutefois déjà reconnaître la voix de Gray Brooker.


Draw Me Closer (Doris Troy)
You Never Had It So Good (Barry Mc Guire)
Blue Ribbons (Vic Dana)
Cuttin’ In (Johnny Guitar Watson)

2 réflexions sur “Inventaire musical à la Prévert (38)

  1. Bonjour M. Boss,
    Je ne suis pas surpris, depuis le temps que je suis vos articles que Steamhammer vous ai réconcilié avec le genre, !! et pour tout vous dire j’avais acheté fin 2020 une
    compil « anthology  » de ce groupe .
    La pochette Ep des Paramounts sur ODEON avec le rappel de deux disques des Beatles au dos ….est dans la lignée de la série faites pour les Beatles , d’ailleurs le SOE 3774 des Paramounts se glisse juste avant le SOE 3775 des Beatles avec les titres « Tell me what you see / it’s only love/ Act naturally/ I’ve just seen a face
    Bonne semaine
    cooldan

    • Hello Cooldan,
      L’album de Steamhammer est depuis 50 ans un incontournable de mes écoutes, et pour moi c’est intégralement bien, ce qui est rare, il y a toujours un ou deux titres qui nous plaisent moins, mais là bingo ! J’aime aussi beaucoup le dernier « Speech », c’est plus dans le planant.
      Oui les Paramouts, c’est encore le label orange, après le bleu mais avant le rouge. J’ai mis bien longtemps avant de posséder une copie de ce EP, pour finir j’en avais trouvé une à Milan chez un dealer belge lors d’une foire, où d’ailleurs j’avais aperçu Kim Brown, le chanteur des Renegades. Quand j’ai entendu pour la première fois le tube de Procol Harum, j’ai d’abord cru qu’il s’agissait d’un nouveau Spencer Davis Group, la voix de Brooker ressemble assez à celle de Stevie Winwood. Bien qu’à l’époque je possédais déjà le EP anglais des Paramounts, je n’ai pas tout de suite fait le rapprochement. Il faut bien dire que l’on n’a pas pas beaucoup mentionné leur ancien nom dans la presse de l’époque.
      Je pense que ces petites annonces publicitaires au dos des pochettes avaient une certaine utilité. Elles m’ont souvent permis de commander des trucs que l’on ne savait même pas qu’ils existaient.
      Bonne suite de semaine

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