A la fin des sixties l’Angleterre fut quasiment inondée de formations qui tentaient leur chance pour accéder au firmament de la pop. Vers 1965, quand le vent commença à tourner et que les USA commencèrent à apporter une réponse à l’invasion anglaise magnifiée par les Beatles, l’Angleterre n’opposa pas de réponse directe en tentant de reprendre la main. Le problème des USA reste sans doute la diversité des mouvements musicaux, très variés selon les Etats et les courants qui étaient déjà présents. La musique psychédélique fut le mouvement qui engendra le plus la recherche de sons nouveaux. Il se dilua assez vite dans une tendance plus commerciale, où l’on empruntait quelques ingrédients sans trop corser la sauce. Quand on réécoute des groupes comme Ohio Express, les Lemon Pipers, 1910 Fruitgum Company, on retrouve des titres qui ne feraient pas honte dans une compilation psychédélique de bon niveau, mais ils servent plus à remplir des albums ou combler des faces B de singles. à côté de hits qui tapent bien à l’oreille. Et puis, il y tout le reste du panache musical américain, le blues, la soul music, le Tamla Motown, l’indéboulonnable country, le rock and roll, le surf, le choix est vaste.
L’Angleterre n’a pas tous ces problèmes, elle a conquis les USA et le reste du monde avec pratiquement tous les artistes rangés derrière une même bannière, même si l’on peut constater des différences notables dans le style de chacun. Le psychédélique a aussi existé en Angleterre, mais sous une forme plus baroque. On écoute plutôt cela devant une tasse de thé qu’un verre de bourbon. Pink Floyd a bien été un des initiateurs du mouvement, mais à sa manière, à travers les délires de Syd Barrett, pas ceux de Jim Morrison. D’autres enchaînèrent sur la même lignée, on vit apparaître des groupes comme les Deviants et autres. Il y a une constante que l’on observe assez bien, c’est la décadence, musique, pochettes, idées, le but est de choquer, pas de plaire, bien que les deux se rejoignent souvent chez les amateurs de sensations un peu plus fortes.
Velvett Fogg appartient bien à cette mouvance, issue de l’underground. Ils sont originaires de Birmingham et sortirent un seul et unique album au début 1969, qui resta plutôt dans l’ombre. Un single publié dans la foulée (également en France) et destiné à les promouvoir. Il contenait une version revisitée du célèbre « Telstar » qui fit les beaux jours des Tornados en 1962. Considéré comme un vraie perle du genre, il aligne des originaux du groupe et une reprise de « New York Mining Disaster 1941 » des Bee Gees et surtout celle de « Come Away Melinda » créé par Harry Belafonte, dont ils font une version magnifique, bien psychédélique. L’édition originale est un assez gros collector, cela peut dépasser les 300 euros pour une copie. Il a été réédité sur une dizaine de labels différents, preuve de son excellente santé.
Voici l’intégrale de cet album à laquelle j’ai rajouté leur version de « Telstar » qui ne figure qu’en single. Ainsi vous avez ce qui devrait constituer l’intégrale du groupe.
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Durant les sixties, la discographie française de distingua par le nombre impressionnant de publications qui furent faites sous la forme de EP, c’est à dire quatre titres, deux par face. Le principe de base était un peu mercantile, on vendait deux fois plus de marchandise sur la réputation d’un titre principal ou d’un succès, le 45 tours simple avec deux titres était réservé à la promotion et aux jukeboxes. L’avantage principal de ces EP’s demeurait dans le fait que ces éditions étaient présentées dans une pochette avec le plus souvent une photo de l’artiste et un emballage cartonné et plastifié plus résistant à l’épreuve du temps. L’Angleterre et les USA eurent beaucoup moins recours à ce genre de publications. Le plus souvent, la règle était le 45 tours simple emballé dans une simple pochette à trous permettant de voir l’étiquette du disque. Aujourd’hui ces fameuses disques EP’s français, surtout ceux concernant des artistes étrangers, sont recherchés par les collectionneurs du monde entier car ils sont uniques dans leur genre et peuvent parfois atteindre des sommes folles s’ils sont très rares. Au fil des semaines, je vous en présenterai quelques uns parmi ceux qui attirent justement les collectionneurs. Ils seront présentés avec la pochette, éventuellement avec un scan de ma collection personnelle si je ne trouve rien de satisfaisant, les titres qu’ils contiennent, et le plus haut prix atteint par une enchère sur Ebay.
Nous avons vu récemment, avec les Beatles, comment les rééditions peuvent engendrer de futurs collectors. Il existe un cas semblable avec les Rolling Stones, bien qu’il s’agisse d’une pièce un peu moins cotée que celle des Beatles. Alors, un peu d’histoire. Le tube qui acheva de hisser les Rolling Stones sur le plan international fut « Satisfaction », suivi de « Get Off Of My Cloud », au succès un peu plus modeste. Ce titre fut bien entendu publié en France sous la forme d’un EP par Decca avec le numéro de catalogue 457.092. La photo de la pochette reprend celle de l’album anglais « Out Of Your Heads », ils sont entassés dans un étroit escalier. Decca France cessa pratiquement la publication en EP, du moins pour les Rolling Stones à partit de 1967. Cependant les EP’s déjà publiés continuaient de se vendre plutôt bien. Donc on continua de les rééditer sous cette forme jusqu’en 1972. Selon l’impact commercial du disque, ils furent réédités plusieurs fois. Le pistage des rééditions est plutôt une affaire de spécialistes ou de chasseurs avides de compléter, souvent un petit détail permet de les différencier, principalement une date d’impression ou le nom d’un imprimeur. Dans les différences assez visibles notons celle-ci, à partir de 1967 le logo du disque est différent et ne mentionne pas toujours la date de la première publication, le label Decca est encadré dans un rectangle et non plus un hexagone.
Certaines de ces rééditions conservèrent tout au long de leurs parcours, la même pochette recto et verso. Mais dans trois cas, à la fin du cycle vers 1970-72, trois de ces rééditions arborèrent une pochette différente, ouvrant la chasse aux collectors. Une des raisons est je pense avant tout commerciale, Decca voulait mentionner au verso son catalogue actuel et non plus des disques qui n’existaient plus dans leur catalogue, comme c’est le cas pour le premier de la série. Il est certain qu’en 1972, acheter un disque sous forme de EP, relevait un peu de l’erreur de goût, le single ou les albums avaient supplanté depuis longtemps ce bon vieil EP. Ils sont de ce fait rares ou très rares et constituent une recherche prioritaire pour les mordus des éditions françaises. Celui qui a battu tous les records aux enchères, est justement celui qui contient « Get Off Of My Cloud » avec comme nouvelle photo, les Rolling Stones sur la scène de l’Olympia.
The Rolling Stones – Decca 457092, publié en 1965. Cette publication est relativement courante, elle existe aussi à l’identique avec le logo rectangulaire. Une copie se vend entre 15 et 20 euros et un peu plus pour une copie en très bel état.
Voici l’édition rare avec la pochette complètement différente recto et verso, publiée en 1972. Pour une copie, il faut presque ajouter deux zéros au prix des précédentes éditions. Meilleure enchère sur Ebay, 1900 euros
Bonjour M. Boss,
Il me semble ne plus me souvenir de cette nouvelle pochette de 1972 des Stones ,
Comme je suis moins un spécialiste des Stones que des Beatles, je me pose la question de savoir, si celle -ci a été reproduite comme celle des « Sandwichs » Beatles ?
Bonne semaine
cooldan
Hello Cooldan,
C’est un peu plus facile qu’avec les Beatles, cette réédition est officielle et le logo est bien typique. Comme je le dis dans la présentation, acheter un EP en 1972, c’était un peu ringard. Seuls quelques vendeurs l’auront commandé et proposé. Mais il se peut aussi ,vu le numéro de catalogue différent, qu’il ait été destiné à l’export, les autres rééditions conservent le même numéro. Mais le disque est bien une édition française.et très peu courante.
A ma connaissance, la pochette n’a jamais été contrefaite.
Bonne fin de semaine