Je pense que le pays au monde qui a la plus belle richesse folklorique, c’est bien les USA. Si le système de vie là-bas ne m’intéresse que peu, par contre la musique wouahhh ! Cette richesse est faite de tous le émigrants, volontaires ou non, qui ont apporté quelques notes de musique dans leur bagages. On peut dire sommairement qu’elle se divise en deux tendances principales, l’apport des Noirs et celui des Blancs, chacun lorgnant plus ou moins vers celui de l’autre. Le blues et le jazz sont d’essence noire, la musique country, le classique, sont d’origine blanche. Au fil des rencontres les tendances peuvent joyeusement se mélanger, mais un Noir qui raconte sa vie ou ses voyages va plutôt nous pondre un blues, tandis que le Blanc va plutôt faire référence à une chanson de style troubadour. Les Blancs sont peut-être gagnants sur le nombre de sujets, car les troubadours chantent un personnage, un lieu, un amalgame de ses voyages. Le Noir fut pendants longtemps réduit à l’esclavage, une situation le confinant à un endroit précis. On le retrouve dans la musique, pour les uns c’est le cafard au travail, monotone, lassant, pas gai du tout, mais rempli d’espoir pour les plus optimistes. Pour les autres, c’est l’aventure, la fuite vers les horizons inconnus, la rencontre d’une fille inoubliable, ou cette montagne que l’on doit faire péter à coups de dynamite pour que la route passe. De ces chansons, il en existe des milliers dont certaines sont célèbres, on peut y croiser des personnages réels ou imaginaires, parcourir de lieux, apprendre un bout d’histoire. Une des plus célèbres, c’est celle que nous connaissons sous le titre « Le Pénitencier » qui parle dans la version originale d’un bordel qui se trouvait réellement à la Nouvelle Orléans. Nous allons passer en revue un album enregistré par Hoyt Axton, qui est dans la plus pure tradition du folk genre troubadour.
Il est le fils d’une personne connue, sa mère Mae Boren Axton, fut très présente dans le showbiz, elle a notamment co-écrit le célèbre « Heartbreak Hotel » pour Presley. Le fiston devait presque naturellement suivre ses traces. Doté d’une puissante voix qu’il maîtrise à la perfection, il est dans un premier temps attiré par le folk, le style troubadour justement. Il enregistre son premier album en 1962 pour Horizon records. Une chanson y figurant suffit à le rendre célèbre, le fameux « Greenback Dollar », titre homonyme d’un traditionnel qui n’a rien à voir avec la chanson d’Axton qui est une composition personnelle en collaboration avec Ken Ramsey. Le chanteur Barry McGuire prétend avoir participé à l’écriture sans être crédité. La chanson deviendra un tube via la reprise du Kingston Trio. L’album est en fait un enregistrement live au Troubadour à Los Angeles, salle au nom prédestiné, mais selon les éditions, notamment la française, le bruit du public est supprimé. On peut avoir l’impression d’écouter un album studio. A noter parmi les accompagnateurs, au banjo et à la guitare, un certain Jim (Roger) McGuinn qui sera plus tard le soliste et chanteur d’un groupe clé des sixties, les Byrds. Le reste de l’album n’est composé que de chants traditionnels issus du folk. Certains sont basés sur des faits légendaires réels comme « Ashville Junction » qui raconte le percement du tunnel ferroviaire de Swananoa en Virginie, travail confié à des forçats. On retrouve dans cet album toute l’ambiance des chanteurs errants, « Une guitare c’est tout ce que je possède », « Je me fous de ce billet vert », « J’aime un homme qui est parti rejoindre l’armée, je n’au pas besoin d’un homme puissant ». J’ai déniché cet album quand j’avais douze ans, il n’est pas pour rien dans mon immersion dans le folk américain. Grâce à lui, j’ai découvert des artistes comme Woody Guthrie, Cisco Houston, Pete Seeger, Joan Baez dans ses débuts, Odetta, des légendes qui n’en finissent pas d’être légendaires. Quant à Hoyt Axton, il a poursuivi une belle carrière. Nombre de ses chansons ont été reprises par d’autres artistes. Les fans de Steppemwolf connaissent sans doute « The Pusher », elle est de lui. Il est décédé relativement jeune en 1999, deux ans après sa mère.
Durant les sixties, la discographie française de distingua par le nombre impressionnant de publications qui furent faites sous la forme de EP, c’est à dire quatre titres, deux par face. Le principe de base était un peu mercantile, on vendait deux fois plus de marchandise sur la réputation d’un titre principal ou d’un succès, le 45 tours simple avec deux titres était réservé à la promotion et aux jukeboxes. L’avantage principal de ces EP’s demeurait dans le fait que ces éditions étaient présentées dans une pochette avec le plus souvent une photo de l’artiste et un emballage cartonné et plastifié plus résistant à l’épreuve du temps. L’Angleterre et les USA eurent beaucoup moins recours à ce genre de publications. Le plus souvent, la règle était le 45 tours simple emballé dans une simple pochette à trous permettant de voir l’étiquette du disque. Aujourd’hui ces fameuses disques EP’s français, surtout ceux concernant des artistes étrangers, sont recherchés par les collectionneurs du monde entier car ils sont uniques dans leur genre et peuvent parfois atteindre des sommes folles s’ils sont très rares. Au fil des semaines, je vous en présenterai quelques uns parmi ceux qui attirent justement les collectionneurs. Ils seront présentés avec la pochette, éventuellement avec un scan de ma collection personnelle si je ne trouve rien de satisfaisant, les titres qu’ils contiennent, et le plus haut prix atteint par une enchère sur Ebay.
Restons encore un peu dans le folk, mais par la tranche. Marianne Faithfull fut plus ou moins une chanteuse du genre durant les sixties. Grosse vedette en Angleterre, ses liaisons avec d’autres stars comme Mick Jagger, l’aideront quelque peu. En France, elle ne reçut qu’un accueil poli, malgré la publication de huit EP’s. Elle tenta pourtant d’aguicher le public francophone en enregistrant passablement de titres en français. Malgré tout, ces publication sont toutes relativement rares et recherchées. Le EP qui remporte la palme reste le dernier qui contient une composition de Serge Gainsbourg qu’il a écrite pour la comédie musicale Anna « Hier Ou Demain ». C’est un feu croisé entre les fans étrangers qui recherchent les publications de Marianne Faithfull et les fans de Gainsbourg, attirés par cette version chantée par une grosse pointure étrangère, de plus en français et plutôt bien arrangée. De plus, comme le disque est passé assez inaperçu à l’époque, il n’est pas trop aisé de mettre la main dessus. Les trois autres titres du disque sont plus dans la mouvance du répertoire de la chanteuse de l’époque, le folk à l’anglaise et chantés dans cette langue dont le très connu « Sally Free And Easy. C’est un peu le chant du signe sixties pour elle, elle rebondira dans un style différent et une voix beaucoup plus grave dix ans plus tard. Elle traversera la suite avec une certaine aisance au niveau du succès sans jamais sombrer dans le ridicule au niveau des enregistrements, en fait elle n’a jamais rien fait de ridicule. Diable quand on est descendante de la famille Sacher Masoch et en plus de vrai noblesse, on doit assumer un certain rang.
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Marianne Faithfull – Decca 460 457139, publié en 1967, meilleure enchère sur Ebay 259 euros.
Hello M. Boss,
Quelle voix ce Hoyt Axton !! l’équivalant français serait je trouve John William, même si le registre n’est pas tout à fait le même !
Pour Marianne Faithfull, vous devez vous en douter en 45 tours Français j’ai celui avec sa reprise de « Yesterday » des Beatles, le prix est loin derrière le 45 T « Hier ou demain » …..en effet pour environ 10 €, voir 20 € en état Neuf, vous le trouvez dans les bacs des disquaires.
Bonne fin de semaine
cooldan
Hello Cooldan.
Le parallèle avec John William est assez juste, il avait vraiment une voix. Je crois que son célèbre tube doit être le record des disques que j’ai aperçus dans les puces et brocantes pour une même édition.
J’ai assez peu de Marianne Faithfull en EP’s français dans ma collection, mais j’ai ce fameux « Hier Ou Demain » que j’avais trouvé soldé dans un magasin il y a plus de 50 ans. Celui avec « Yesterday », je ne me souviens pas de l’avoir aperçu, mais il est vrai que cette chanteuse n’est pas une priorité dans mes recherches. J’ai surtout les albums anglais période Decca. Mais c’est une chanteuse que j’aime bien toutes périodes confondues.
Bonne fin de semaine