Ce qui est le plus éparant durant les sixties, c’est l’apparition de groupes qui ne ressemblent à rien de ce que l’on connaissait avant. Avec les Troggs courant 1966, on ouvre évidemment un nouveau chapitre. C’est un nouveau son, une rythmique assez basique, dans laquelle on peut entendre quelques prémices du punk. Il y a aussi une nouvelle manière de présenter les textes, on aborde une approche de la sexualité un peu plus délurée, c’est un peu fini des amours paisibles et romantiques. Deux succès de l’époque en témoignent, le premier « Wlid Thing » peut encore passer pour modéré, mais avec leur troisième tube « I Can’t Control Myself » là on est assez loin loin de la poupée qui dit non, elle n’en aura pas le temps. La chanson fut interdite de diffusion dans bien des endroits, ce qui ne l’empêchera pas d’être un succès comme les deux titres précédents. On retrouvera la même principe en 1973 avec « Strange Movies », allusion à un film porno, dans lequel le chanteur Reg Presley émet des halètements qui ne semblent pas le résultat d’une course de marathon. Mais 1966, c’est aussi la parution de leur premier album « From Nowhere », excellent comme les suivants. On y trouve une mixage de reprises et d’originaux, dont leur premier tube, qui tiennent bien la route. Le problème principal que peut rencontrer un collectionneur est le fait que selon les pays, cet album, et même les suivants, est composé de titres différents. La raison principale est que les enregistrements furent faits sur le label Page One, label monté par le producteur Larry Page (qui fut aussi celui des Kinks au début), et que les les labels de distribution variaient d’un pays à l’autre. Cela c’est le bon droit des producteurs indépendants qui cherchent la meilleure offre sérieuse ou financière pour concéder les droits de licence. Une chose que j’adore chez les Troggs, de même que chez les Kinks, les publications sont remplis de faces B, des titres secondaires, qui sont autant intéressants que les grands succès. Pour cette raison, je vais reprendre l’album anglais dans sa version originale, mais je vais vais y ajouter les titres qui figurent sur l’édition allemande et qui ne figurent pas sur l’anglaise. Les Troggs basèrent amplement leur succès sur les excellentes compositions du chanteur Reg Presley, mais de temps en temps ils aiment aussi les reprises et se débrouillent assez bien dans le genre. Le groupe a survécu jusqu’à aujourd’hui dans des formations variées, avec des périodes creuses, rompues par relents de succès. le dernier véritable album date de 1992. Aujourd’hui, deux des membres originaux sont décédés, Ronnie Bond et Reg Presley. Le seul membre original encore présent est le guitariste Chris Britton, mais il a entamé une semi retraite et apparaît dans les concerts occasionnellement.
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Titres apparaissant sur l’album allemand mais ne figurant pas sur l’album anglais.
Durant les sixties, la discographie française de distingua par le nombre impressionnant de publications qui furent faites sous la forme de EP, c’est à dire quatre titres, deux par face. Le principe de base était un peu mercantile, on vendait deux fois plus de marchandise sur la réputation d’un titre principal ou d’un succès, le 45 tours simple avec deux titres était réservé à la promotion et aux jukeboxes. L’avantage principal de ces EP’s demeurait dans le fait que ces éditions étaient présentées dans une pochette avec le plus souvent une photo de l’artiste et un emballage cartonné et plastifié plus résistant à l’épreuve du temps. L’Angleterre et les USA eurent beaucoup moins recours à ce genre de publications. Le plus souvent, la règle était le 45 tours simple emballé dans une simple pochette à trous permettant de voir l’étiquette du disque. Aujourd’hui ces fameuses disques EP’s français, surtout ceux concernant des artistes étrangers, sont recherchés par les collectionneurs du monde entier car ils sont uniques dans leur genre et peuvent parfois atteindre des sommes folles s’ils sont très rares. Au fil des semaines, je vous en présenterai quelques uns parmi ceux qui attirent justement les collectionneurs. Ils seront présentés avec la pochette, éventuellement avec un scan de ma collection personnelle si je ne trouve rien de satisfaisant, les titres qu’ils contiennent, et le plus haut prix atteint par une enchère sur Ebay.
Quand on discute entre collectionneurs avertis et que l’on cite un artiste, il peut y avoir une liste de dizaines de références qui peuvent venir à l’esprit. C’est le cas pour les Beatles ou les Rolling Stones. Pour les Montanas, il n’y en a vraiment qu’une, celle du EP français. Cette formation anglaise n’a jamais vraiment accaparé les premières places du hit parade. Ils se firent néanmoins une réputation sur scène et furent assez bien programmés par les radios pirates, leur permettant de vendre quelques disques. Leur style est plaisant, mais ils ne s’inscrit pas non plus dans la révolution musicale qui pointa vers le milieu des sixties. Leur deuxième single offre pourtant une notable exception. Ils reprennent une obscurité d’un groupe garage punk US, les Grains Of Sand. Le titre en question « That’s When Happiness Began » est une composition d’un duo assez connu, Don & Dick Addrisi. La version des Montanas est toute pétillante et contient de la fuzz guitare. Le titre se démarque passablement du reste de la production du groupe. En France, Vogue tenta la publication d’un EP qui rassemble les deux singles anglais. C’est d’ailleurs l’un des rares pays où les premières publications furent éditées. Il ne s’en vendit pas des tonnes, et c’est la seule publication d’époque où l’on peut contempler une photo du groupe. Le groupe exista jusqu’en 1975 et verra même des titres classés modestement dans les charts américains. Mais c’est bien cet EP qui constitue la pièce la plus recherchée des collectionneurs.
The Montanas – Vogue – Pye PNV 24179, publié en 1966, meilleure enchère sur Ebay 431 euros.
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Bonjour M. Boss,
Les Troggs figurent dans mon top 50 …et en bonne place !
The MONTANAS, inconnu au bataillon pour moi ! mais j’ai apprécié !
comme vous le dites très plaisant ! Bonne semaine
cooldan
Hello Cooldan,
Les Troggs font partie des groupes que j’ai toujours suivis, je dois avoir à peu près tous les albums en version originale dans l’une ou l’autre des éditions.
Les Montanas, si je n’avais pas trouvé ce disque d’occase dans un magasin en 68 je n’aurais sans doute ignoré la présence de ce groupe pendant longtemps. Je m’en souviens bien car j’avais une copine à l’époque qui voulait toujours que je mette « Good Bye Little Girl ». Souvenirs souvenirs !
Bonne fin de semaine.