Dalida – Dans le bleu du ciel bleu hébreu

La musique si rétro soit-elle peut inclure un certain goût pour l’exotisme. Aujourd’hui derrière son ordinateur, un clic sur une caméra au bout du monde et nous voici en direct avec des passants dans la rue d’une ville que nous ne verrons sans doute jamais. Il n’en a pas toujours été ainsi. Mon père est allé en Amérique en bateau, il avait le choix entre ce moyen de transport ou y aller la nage. Lindberg venait à peine de traverser l’Atlantique, c’est tout dire. La musique a toujours constitué un moyen de voyager, de nous faire parvenir les sons et les moeurs musicales d’un coin du monde. Cela est devenu encore plus évident quand la musique a pu être conservée sous forme de bandes magnétiques ou de disques en bakélite comme le 78 tours. Il est certain qu’il y a 60 ou 70 ans en ans en arrière, on voyageait beaucoup moins. Pendant longtemps on s’est contenté d’impressions musicales venues d’ailleurs pour se forger un modeste voyage spirituel. C’est comme cela que le jazz est arrivé en France, il en a impressionné plus d’un qui n’aura jamais eu l’occasion d’aller trainer ses savates dans les rues de la Nouvelle Orléans. Après la guerre, le phénomène s’est encore amplifié avec la venue d’artistes typiquement représentatifs d’autres cultures, par forcément très différentes, mais un peu quand même. On peut se rappeler de Gloria Lasso pour les années 50 et à peine plus tard Bob Azzam, qui importa quelques bribes d’une musique arabisante avec son éternel « Mustapha ». La reine de l’exotisme à travers le poste de radio, modèle à lampes, est sans conteste Dalida. Elle régala toute une génération d’un coin de ciel d’Italie, renforcé par son accent qu’elle ne perdit jamais. Elle enregistra dans plusieurs langues, le français et l’italien furent les principales, mais aussi l’allemand, l’arabe, l’hébreu. C’est justement dans cette dernière langue qu’il existe un clip d’époque vers 65-66, où elle interprète une chanson intitulée « Hene Ma Tov ». Elle fut assez populaire sous nos latitudes bien avant qu’elle ne l’enregistre. On la chantait chez les scouts et autres groupements destinés à embrigader une jeunesse qui sera bien évidemment saine. On y retrouve les influences sub-méditerranéennes et arabes. La photographie n’a pas toujours rendu justice à Dalida, mais dans ce clip elle est parfaite. Belle à damner un saint, féline, sensuelle, désirable, vocalement envoûtante, une bien belle page d’exotisme à la mode rétro.