Italia per sempre

Dans ma vie il m’est arrivé des tas de fois de me rendre en Italie, j’ai une bonne excuse, j’en suis la moitié d’un. A part les amourettes de vacances quand j’étais adolescent, Miranda, Irene (sans accent grave, ça ne l’était pas) Patricia, eh oui les filles de la-bas, la bouffe me plaisait bien. Une chose ne me laissait non plus pas insensible, la musique. Dans le moindre petit bar, la boîte à disques distillait les succès du moment ou ceux qui dataient déjà, mais qui avaient un peu gagné un part d’immortalité. On y trouvait des vedettes du coin qui avaient acquis un status national ou international. L’inverse était aussi valable, des étrangers qui tâtaient de la langue locale, Paul Anka, les Rokes, les Renegades. Et certains, comme Nico Fidenco, des Italiens qui chantaient plutôt bien en anglais.
Certaines de ces chansons ne sont pas inconnues en France ou sur le plan international, elles connurent quelques succès ici et là. Quelques unes sont sans doute très ringardes aujourd’hui, mais elle m’ont tapé dans l’oreille à une époque où j’acceptais d’écouter des choses faciles. Et puis elle me rappellent, un amour, un endroit, un moment, elles sont partie prenante de mes rêveries nostalgiques.
La plus ancienne dont je me rappelle est le fameux « Volare » de Domenico Modugno, elle a même été reprise par les Platters, alors. L’incontournable « Love In Portofino » de Fred Buscaglione est encore un classique slow des soirées dansantes. Peppino di Capri, un autre classique avec son accent napolitain, « Luna Caprese ». Adriano Celentano a connu une assez belle carrière internationale et « 24000 Baci » est son premier tube exportable. Nico Fidenco est un compositeur de musiques de films célèbre en Italie, « What A Sky » (Ciel Bleu – Dalida, Gary L’Ange Noir ») en est d’ailleurs une. On peut l’entendre dans le films « Les Dauphins » avec Gérard Blain et Claudia Cardinale. A écouter en priorité, très jolie ballade. Paul Anka, toujours charmeur chante en Italien, mais oui, pourquoi pas! Grand Prix Eurovision 1964, Gigliola Cinquetti, une belle assiette de pâtes à la sauce italienne. Bobby Solo, une voix à la Presley et son immortel « Una Lacima Sul Viso ». Les Rokes, des Anglais qui devinrent un peu des Beatles à l’italienne. Leur tube, « Piangi Con Me », qu’ils enregistrèrent aussi en anglais (« Let’s Live For Today »), est même un succès pour les Grassroots en Amérique et repris plus tard par les post-punks, Lords Of The New Church. Les Renegades de Birmingham, après avoir conquis la Finlande, réussissent assez bien en Italie, « Une Giorno Tu Mi Chercherai » est présenté au festival de San Remo en 1966 à côté des Yardbirds. Un monstre succès pour Fausto Leali, « A Chi » est l’adaptation de « Hurt » de Timi Yuro, dont il me semble que Alain Barrière a quelque peu pompé le principe pour « Ma Vie ». Ecoutez, vous verrez. Caterina Caselli chante « Nessuno Mi Puo Judicare », qui fit les choux gras de Richard Anthony, une dizaine d’années plus tard « Amoureux De Ma Femme ». Elle est aussi chantée par Gene Pitney. Du romantisme avec Ornella Vanoni et sa charmante « Casa Bianca ».
La pop a aussi ses adeptes, I Camaleonti frappent un grand coup avec « Applausi », un titre un peu variétoche, mais charmant et très wah wah, côté guitare. Lucio Battisti, est un chanteur qui ne m’inspire pas beaucoup, excepté pour cette charmante « Anna », chanson triste dont j’aime l’ambiance. Pour terminer, un chanteur pour qui j’ai une réelle passion, Angelo Branduardi. Ce troubadour au répertoire assez folk dont j’ai mis deux chansons, « Cogli La Prima Mela » et « Confessioni Di Un Malandrino ». C’est simple et beau.
A peu près 25 ans de voyages, de vacances, de chansons ramenées dans mes bagages. Souvenirs de belles Italiennes, de vins capiteux, de plats succulents, ben oui, cela valait bien un petit article.

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Le hard rock au secours du folk japonais

Etrange découverte pour ceux qui achetèrent l’album des Scorpions, il y a trente ans. Au beau milieu d’un festival de hard avec des chansons très affûtées dans le style, tout à coup changement radical d’ambiance, une chanson en japonais. Un air du folk du coin, que le groupe a pris la peine de mettre au point pour le plaisir des fans aux yeux bridés. Il ne furent sans doute pas les seuls à être séduits, le monde entier la connaît maintenant. Force est de constater une fois de plus que la merveilleuse voix de Klaus Meine, il faillit la perdre, est une bénédiction pour le groupe. Groupe plus connu auprès du grand public pour ses slows genre « Still Loving You » que pour leurs morceaux de bravoure, par ailleurs excellents, réservés au fan averti. Dommage ou tant mieux, je ne prendrai pas parti, mais je dois avouer que leurs ballades ne me laissent pas indifférent. Que cela ne nous empêche pas de savourer « Kojo No Tsuki », dont il paraît que cela peut se traduire par « La Lune Au Dessus Du Château En Ruine ». La pays du soleil levant a rendez-vous avez la Lune et les Scorpions.

La version originale en bonne qualité, montage photographique

 

Dalida – Dans le bleu du ciel bleu hébreu

La musique si rétro soit-elle peut inclure un certain goût pour l’exotisme. Aujourd’hui derrière son ordinateur, un clic sur une caméra au bout du monde et nous voici en direct avec des passants dans la rue d’une ville que nous ne verrons sans doute jamais. Il n’en a pas toujours été ainsi. Mon père est allé en Amérique en bateau, il avait le choix entre ce moyen de transport ou y aller la nage. Lindberg venait à peine de traverser l’Atlantique, c’est tout dire. La musique a toujours constitué un moyen de voyager, de nous faire parvenir les sons et les moeurs musicales d’un coin du monde. Cela est devenu encore plus évident quand la musique a pu être conservée sous forme de bandes magnétiques ou de disques en bakélite comme le 78 tours. Il est certain qu’il y a 60 ou 70 ans en ans en arrière, on voyageait beaucoup moins. Pendant longtemps on s’est contenté d’impressions musicales venues d’ailleurs pour se forger un modeste voyage spirituel. C’est comme cela que le jazz est arrivé en France, il en a impressionné plus d’un qui n’aura jamais eu l’occasion d’aller trainer ses savates dans les rues de la Nouvelle Orléans. Après la guerre, le phénomène s’est encore amplifié avec la venue d’artistes typiquement représentatifs d’autres cultures, par forcément très différentes, mais un peu quand même. On peut se rappeler de Gloria Lasso pour les années 50 et à peine plus tard Bob Azzam, qui importa quelques bribes d’une musique arabisante avec son éternel « Mustapha ». La reine de l’exotisme à travers le poste de radio, modèle à lampes, est sans conteste Dalida. Elle régala toute une génération d’un coin de ciel d’Italie, renforcé par son accent qu’elle ne perdit jamais. Elle enregistra dans plusieurs langues, le français et l’italien furent les principales, mais aussi l’allemand, l’arabe, l’hébreu. C’est justement dans cette dernière langue qu’il existe un clip d’époque vers 65-66, où elle interprète une chanson intitulée « Hene Ma Tov ». Elle fut assez populaire sous nos latitudes bien avant qu’elle ne l’enregistre. On la chantait chez les scouts et autres groupements destinés à embrigader une jeunesse qui sera bien évidemment saine. On y retrouve les influences sub-méditerranéennes et arabes. La photographie n’a pas toujours rendu justice à Dalida, mais dans ce clip elle est parfaite. Belle à damner un saint, féline, sensuelle, désirable, vocalement envoûtante, une bien belle page d’exotisme à la mode rétro.