Cinéma du diable

Tod Browning (1880-1962) est un de ces cinéastes que l’on peut considérer comme maudits. Il a une part indéniable dans l’histoire du cinéma comme innovateur et il n’arrête pas d’inspirer des générations de cinéastes. N’importe quel cinéphile averti connaît son nom, à défaut parfois d’avoir vu un de ces films, très souvent inatteignables pour la plupart spécialement sa période muette. Si l’on ne devait retenir qu’un seul de ses films, ce serait bien sûr « Freaks » (La Monstrueuse Parade), sorti en 1932. Il reste dans l’histoire du 7ème art comme la plus belle démonstration que les vrais monstres physiques qu’il emploie comme acteurs sont des gens en fin de compte plus fréquentables que les humains normaux physiquement. Descendu en flèche à sa parution, il gagna peu à peu ses galons pour se hisser définitivement parmi les meilleurs films de toute l’histoire du cinéma. N’oublions pas qu’il tourna aussi le premier Dracula du nom et lança aussi la carrière de Bela Lugosi (1931), suivi de « La Marque Du Vampire » en 1935. Evidemment, Tod Browning ne fait pas dans la dentelle, il aborde des thèmes qui font de lui un cinéaste dont on peut ranger les films dans la catégorie fantastique, mais science-fiction est presque plus juste. Il eut de la peine à se remette du mauvais sort que l’on fit à « Freaks », il ne tourna plus que quatre films, dont le dernier sortit en 1936.

Son avant dernier film sortit en 1936 et aborde aussi un thème de science fiction « Les Poupée Du Diable ». Nous allons revisiter ce film peu visible qui est une merveille de perfection, tant au niveau de la réalisation que des trucages nécessaires à sa mise en images, ils n’ont pas pris une ride.

Plot.

Deux bagnards s’évadent de l’île du Diable et réussissent leur évasion. L’un est Marcel (Henry B. Walthal), un scientifique hors de sentiers battus. L’autre est Paul Lavond (Lionel Barrymore), un banquier français victime de ses associés et d’une odieuse machination qui l’a envoyé au bagne. Après une longue fuite, ils parviennent chez Marcel et Lavond découvre son secret. Marcel est un savant plutôt humaniste qui pense avoir trouvé une solution à la faim dans le monde. Il a réussi à rendre les humains six fois plus petits, donc d’après lui, ils vont manger six fois moins. Sa femme qui a continué ses recherches pendant son incarcération à fait des progrès considérables. Si physiquement et d’apparence ils sont parfaits, ils ne sont pas encore parfaitement autonomes au niveau du cerveau, ils ont encore besoin d’être guidés en leur donnant des ordres. Lavond ne s’intéresse que peu aux recherches de son compagnon de bagne, il n’a qu’un but retourner en France pour se venger. Marcel meurt subitement et soudain lavond pense que ces humains miniatures et contrôlables  pourraient lui être très utiles pour assouvir sa vengeance. Il persuade la femme de Marcel de venir avec lui en France pour poursuivre ses recherches et dans l’ombre mettre sa vengeance en route. Pour passer inaperçu, car recherché partout, il se travestit en une aimable vieille dame spécialisée dans la ventes de poupées très réussies. La police monte la garde, persuadée que Lavond va entrer en contact avec sa mère qui vit toujours et sa fille (Maureen O’Sullivan) qui est persuadée que son père est un horrible bonhomme.

Tod Browning et Lionel Barrymore

Lionel Barrymore, par ailleurs excellent acteur et homme de théâtre, est extraordinaire dans ce double rôle d’homme et de vieille dame. Il est sans doute assez à l’aise dans un rôle de banquier français, car il a séjourné longtemps à Paris pour étudier la peinture, se destinant d’abord à cette carrière artistique. La belle Maureen O’Sullivan, la Jane de Tarzan et Johnny Weissmüller et mère de Mia Farrow, délaisse pour un temps son rôle de reine de la jungle, mais elle ne perd pas au change, car Browning a toujours su mettre ses acteurs en valeur. Il avait la réputation d’être très proche d’eux. On peut également y apercevoir très brièvement Billy Gilbert, qui sera nettement plus visible avec le rôle du maréchal Herring dans Le Dictateur de Chaplin. Pour terminer, à mon avis, ce film avec sa perfection des trucages est une perle qui ne cessera de briller dans le ciel d’un certain cinéma qui est tout sauf convenu.

 

En passant

Peter Pan fait son cinéma (8)

Suite des chroniques de notre ami Peter Pan. Merci à lui.

 

Distribution

  • Gene Hackman (VF : Claude Joseph) : Révérend Frank Scott, pasteur de quartier difficile
  • Ernest Borgnine (VF : Henry Djanik) : Sgt. Mike Rogo, policier de la mondaine
  • Red Buttons (VF : Guy Piérauld) : James Martin, chemisier
  • Carol Lynley (VF : Claude Chantal) : Nonnie Parry, chanteuse
  • Roddy McDowall (VF : Jean-Pierre Leroux) : Acres (Alan en VF), serveur du paquebot
  • Stella Stevens (VF : Michelle Bardollet) : Linda Rogo, ancienne prostituée, femme de Mike
  • Shelley Winters (VF : Paule Emanuele) : Belle Rosen, retraitée
  • Jack Albertson (VF : Philippe Dumat) : Manny Rosen, quincaillier à la retraite, époux de Belle
  • Pamela Sue Martin (VF : Jeanine Forney) : Susan Shelby, jeune vacancière
  • Arthur O’Connell (VF : Jean-Henri Chambois) : Chaplain John, pasteur, mentor de Frank
  • Eric Shea (en) (VF : Arlette Thomas) : Robin Shelby, jeune vacancier, frère de Susan
  • Leslie Nielsen (VF : Jean-Claude Michel) : Commandant Harrison, capitaine du paquebot
  • Fred Sadoff (en) (VF : Serge Lhorca) : Mr. Linarcos, propriétaire du Poséidon
  • Sheila Mathews : Nelly, l’infirmière
  • Jan Arvan (VF : Henri Labussière) : Dr. Caravello, médecin de bord
  • Byron Webster (VF : William Sabatier) : le commissaire de bord
  • John Crawford (VF : Marc de Georgi) : Joe, le chef-mécanicien
  • Bob Hastings (VF : Pierre Hatet) : le Maître de cérémonie
  • Erik L. Nelson (VF : Pierre Hatet) : Mr. Tinkham, sous-officier
  • Charles Bateman (en) (VF : Daniel Gall) : Premier-lieutenant Larsen
  • Maurice Marsac : l’officier français de l’Aéronavale (non crédité)