Nylon paparazzi (9)

Ruée vers la gaine

Je suis retourné dans le fameux magasin ou j’avais aperçu une reproduction de gaines à l’ancienne samedi passé. Comme je sais que l’on ma posé la question de savoir comment la chose se vendait, alors j’y suis retourné. Petite précision pour bien comprendre la suite, l’article était présenté sur une table dédiée avec soutien-gorge et petite culotte assortie. Autant pour mon plaisir que pour étonnement, la pile de gaines, une dizaine environ, avait disparue. Par contre les autres accessoires étaient toujours présents. Je me suis quand même promené dans le rayon pour voir si par hasard elles avaient été déplacées, pourquoi ne l’auraient-ils pas fait pour le reste, eh bien non il n’y avait plus rien. Questionnant une étalagiste qui se promenait par là, que je connais de vue et sous un prétexte d’achat, elle m’a confirmé le fait que cela avait été vendu, l’article n’ayant ni été déplacé, ni retiré de la vente. A la question de savoir si cela allait revenir, elle n’a su me répondre, n’ayant aucune information et le personnel se contentant de mettre en rayon la marchandise. A la limite, je regrette de ne pas en avoir acheté une la semaine passée, pas pour moi bien sûr, mais on pourrait faire un petit concours à l’occasion en mettant ce genre de choses comme prix. Une fois l’étonnement passé, on peut se permettre une petite analyse. Même si certaines personnes ne veulent pas l’admettre  ouvertement, il me semble quand même qu’il y a un net attrait, c’est tendance comme dirait certains, pour la lingerie au goût rétro. Cette gaine aperçue était une assez parfaite illustration de cette tendance. Quelque chose de très simple, sans fioritures, exactement comme c’était le cas il y a 50 ans, un objet fonctionnel. Je soupçonne aussi que certaines dames sont attirées suites à des expériences passées un peu malheureuses. Le porte-jarretelles décoration n’est pas pratique, ni très confortable, et le pire, pas très fiable au niveau du maintien parfait des bas. Cette gaine, par contre, semble plus digne de confiance.  Sa large bande de tissu, enserrant la taille, évite les glissements et permet d’exaucer le rêve de bien des hommes, qu’une femme porte des bas. Affaire à suivre, je vais surveiller le rayon au cas où. Un bon paparazzi doit suivre ses enquêtes.

Madame se fait coquine

Vraiment je dois avoir un don pour les attirer, j’en suis toujours étonné. Même magasin un peu plus tard. J’ai quitté le rayon lingerie pour me rendre pas très loin, au rayon maroquinerie. J’ai un trou dans le crapaud, dans l’argot de chez moi cela peut s’employer pour désigner un porte-monnaie. Oui je sais, en général l’argent file tellement vite que l’on croit souvent qu’il y a un trou. Mais il est surtout virtuel. Pour cette fois il est réel, pfout, pas moyen d’arriver jusqu’à l’église le dimanche.  Toute la monnaie a filé, un vrai petit Poucet, alors je suis obligé de donner des chèques ou des gros billets pour la quête, je suis gêné d’étaler ainsi ma fortune. Enfin c’est qui arriverait si j’y allais. Donc je suis en train de rechercher l’article qui m’évitera de perdre mon bel argent si durement gagné. Les articles sont beaux, mais les prix un peu exorbitants, tellement que quand on en a acheté un, il ne reste plus rien pour mettre dedans, ou presque. Pendant que je maudis silencieusement les maroquiniers, une dame qui tournicotait dans le rayon vient se placer à ma droite à exactement 1,47 mètres de moi. Une blonde, probablement fausse, mais ses rides qui pointent sont authentiques. Elle dégage malgré tout encore un certain charme, quelques restes de jours où elle devait faire fondre les boutons de braguette avec le sourire. Mais elle doit avoir encore du répondant ou du moins des espérances, car la coquine tient dans sa main gauche… un porte jarretelles. Un article soldé, je le vois à l’étiquette, mais un porte-jarretelles quand même. Noir avec de la dentelle grise, c’est tout à fait charmant. Par contre elle n’a pas joint une paire de bas à ses emplettes, elle doit avoir ce qu’il faut à la maison, pas un débutante. En portait-elle  cet après-midi? Je ne saurais le dire, mais probable que plus tard ce serait le cas. Je vous ai fait une petite (mauvaise) photo de la personne, cela vous donnera un petite idée. Le monde étant petit, peut-être est-elle une de mes visiteuses? Si elle se reconnaît, je l’invite d’ores et déjà à prendre un verre, en tout bien tout honneur. Le sujet de conversation est tout trouvé. Est-elle contente de son achat? Pure enquête de paparazzi…

Portez-vous des brosses à dents en nylon?

La magazine « Ca M’intéresse » consacre un numéro hors-série aux inventions qui ont changé notre vie. Depuis la roue, on a fait pas mal de progrès, en passant le vase de nuit et la bombe  atomique.  Dans les année 50, les bas Chesterfield,  se posaient la question essentielle de savoir si on pouvait se nettoyer les dents avec un bas. Pour sûr, évidemment pas très pratique, mais l’argument était surtout publicitaire, pour mettre en évidence la solidité de leurs bas. L’article dans le magazine détourne en fait cet argument pour rappeler un peu d’histoire et retracer l’historique du nettoyage des dents. C’est là que l’on redécouvre que la première utilisation du nylon était réservé à la confection de brosses à dents, le bas ne venant qu’un peu plus tard. A part ça le magazine fourmille de rappels sur ces inventions qui changèrent la face du monde. Tout ceci me fait penser à l’histoire du mec surpris pas sa femme en tenue sexy: « mais chérie ce n’est pas ce que tu crois, je voulais me nettoyer les dents et j’ai glissé! »

Elvis Presley n’aime pas trop le gaines

Sur une photo de Elvis datant de 1956, on le voit  en train de lutiner avec une demoiselle qui est restée pendant longtemps un mystère. Ni son nom, ni qui elle était, ne fut de notoriété publique. Finalement elle se fit connaître récemment auprès du photographe, Alfred Wertheimer, qui a pris l’image à l’époque. Il s’agit d’une certaine Barbara Gray, âgée de 75 ans maintenant. Il semblerait que le King au cours de sa séance de drague lui révéla un peu ses goûts en matière de dessous féminins. Il n’aimait pas trop les gaines, ce qui nous laisse sous-entendre qu’il préférait nettement les porte-jarretelles. Encore une fois, il faut souligner que les jarretelles, passage obligatoire pour tenir ses bas, fixées sur une gaine était la version sage, tandis que son rival moins enveloppant, se révélait plus coquin. Un beau sujet de rédaction dans les années 50. Sachant que la gaine descend parfois très bas sur les hanches et que le porte-jarretelles s’arrête plus volontiers à hauteur de nombril, dites-nous pourquoi les hommes préfèrent le second.

Des bas d’une autre manière

Pour terminer voici une petite vidéo tournée il y a bien longtemps. Dans les années 50, tourner quelque chose d’osé suffisait à vous emmener au taule. Cela n’empêchait pas quelques coquins de s’essayer à filmer des dames un peu plus légèrement vêtues. Cela s’arrêtait souvent à un strip-tease où les robes s’enlevaient avec un certain plaisir pour montrer quelques dessous. Evidemment il ne suffisait pas de sortir sa caméra et de filmer. C’était un art beaucoup plus difficile avec le matériel à disposition, lumière, pellicule, développement, montage, il fallait du travail. Le tout circulait sous le manteau et n’était pas exposé en magasin. Remercions ces pionniers qui nous laissent aujourd’hui ce témoignages charmants. En passant vous remarquerez que la manière de tenir ses bas est assez différente de celle que l’on peut observer aujourd’hui. La lisière était souvent beaucoup plus basse, presque au genou. Certes les bas n’étaient pas extensibles et sûrement plus courts que maintenant. Enfin le spectacle reste charmant…

Le calendrier de mars est en ligne ici

Des limbes de mémoire en nylon

Dans le fond de cette mémoire qui nous joue parfois des tours, c’est justement au détour d’un tour qu’elle nous joue, que les images s’attrapent à condition qu’on appâte, nos pas avec un hameçon, mais avec une jarretelle. Pas moyen d’attraper du poisson, mais une vision de nylon, ça c’est plus sûr. Combien j’en ai qui sont encore enfouies dans limbes de ce qui me sert de mémoire? Je n’en sais fichtre rien. Oh je pourrais vous en aligner avec des si ou des mais, raconter ma petite histoire et ne rien vous dévoiler du tout. Bien la proie guette. Je sais que vous allez le lire jusqu’au bout ce texte. Je mis en guise d’appât une jarretelle, pour être plus sûr que vous allez mordre. Je vous vois sous la surface d’un lac qui se plie en vaguelettes comme un bas posé sur le dossier d’une chaise, je vous vois en train de tourner autour, mmmh… que ça a l’air appétissant n’est-ce pas? Alors mordez et vous connaîtrez la suite.


Cette histoire je l’ai déjà racontée en un autre endroit, mais je vais vous la faire en la tirant un peu plus longue. C’est le soir, la fin de l’heure de pointe dans une petite ville où il ne se passe pas grand chose. Une bonne partie des badauds à déjà regagné, qui son domicile, qui son rendez-vous. Il ne reste pas grand monde, quelques attardés, pas forcément du mental, mais de l’aiguille qui pointe l’heure tardive dans ses petits sauts à chaque minute. Votre serviteur est là, bien sûr, car sinon l’histoire ne saurait avoir un semblant de témoignage. Par ailleurs je peux vous certifier, qu’aucun artifice, ni animal de laboratoire n’a été utilisé pour ce récit. Une demoiselle, banale dans son apparence, fait les cinquante pas, pas assez d’énergie pour en faire cent. Je ne bouge pas, j’observe, c’est bien moins fatiguant. Elle attendait peut-être la copine qui vient à sa rencontre. Un charmant petit bout de femme, qui va effectuer une danse à laquelle je me m’entendais pas. Sitôt près de sa copine, elle tourbillonne sur elle-même. Vous pensez que je ne regarde pas ses cheveux qui volent au vent et vous avez raison. Je m’attarde plutôt sur ses jambes, visibles sous sa jupe à peine en dessus des genoux. Je suis environ à quatre mètres d’elle, pas eu le temps de sortir mon mètre pour mesurer la distance exacte et vous vous voudrez bien m’en excuser. Je peux quand même distinguer que ses jambes sont divisées à l’arrière, en deux parties à peu près égales par la grâce de ce qui paraît être des coutures. Des coutures, bing, bang, que voilà une chose charmante. Allez soyons fous, imaginons même des bas. Le vrai fans de bas a toujours ce doute qui lui tonitrue la pensée. Bas, collant, une chance sur deux, impair, rouge et manque, c’est comme à la roulette! Une paire de bas sur le 17, pour espérer en gagner 36 et éventuellement faire sauter la banque et voir le voile noir recouvrir la table. Ici le voile n’est pas tellement noir, mais plutôt couleur claire. Je contemple le spectacle, la farandole, en imaginant trouver une réponse à ma question fatidique, celle que je me poserai toujours, jusqu’au moment où elle viendra ou pas. La copine à l’air de s’extasier devant le spectacle, ce n’est rien à côté de moi, mais dans un élan explicatif, la danseuse mime une scène qui ne laisse pas trop de doutes. Je n’entends pas tellement les paroles, mais les gestes sont éloquents. La voilà qui semble enfiler un bas de manière suggérée et l’accrocher à une jarretelle, tout en se tournant encore une fois pour montrer le spectacle, on pourrait dire le résultat. J’imagine la copine peu au courant du port des bas, ce qui a valu cette petite explication. D’un autre côté, avis d’un spécialiste, je pense qu’elle n’a pas fait cela pour dire qu’elle portait des collants. Impossible d’en savoir plus, car rien d’autre ne transparaîtra, ni dans le conversation, ni dans le monde visible. Les rayons X peut-être? Mais je n’ai pas l’appareil pour et j’ignore si cela marche. Tant pis, la pendule peut continuer à tourner, j’en ai rien à fiche, mais j’aurais bien voulu que le temps s’arrête.

Dans mes fréquentations d’enfance, j’allais souvent chez un copain et sa petite soeur qui habitaient presque de l’autre côté du village. L’avantage chez lui, c’est que ses parents possédaient une petite maison individuelle avec un grand bout de terrain autour, une sorte de verger. Si bien que nous pouvions jouer à toutes sortes de jeux sans faire gaffe à quoi que ce soit.  Un jour la fille d’une des soeurs à sa mère débarqua chez lui pour passer quelques jours de vacances. C’était une pratique assez courante alors, les parents n’avaient pas toujours le moyen de payer des vacances à leurs rejetons. On s’arrangeait quelquefois en invitant l’un chez l’autre, surtout si ils habitaient assez loin, histoire de faire découvrir de nouveaux horizons à la marmaille. Cette cousine était déjà une petite demoiselle avec ses trois ou quatre ans de plus que moi. Elle débarqua sous mes yeux de la plus belle manière, un petite jupe et ce qui me frémir de plaisir, ben oui je frémissais déjà de plaisir, un paire de bas habillant ses jambes. A l’époque où se déroule l’histoire, il n’y avait aucun doute, le porte-jarretelles ou la gaine faisait partie de la garde-robe, le collant était encore un peu de la science-fiction. Vous vous doutez bien que j’aurais voulu en voir plus, une lisière, un bout de jarretelle, tous ces spectacles charmants qui tournaient déjà dans ma tête. Evidemment il ne suffisait pas de demander pour être exaucé, mais user de ruse. Je lui tendis une grosse une grosse ficelle,  mais alors bien grosse,  allait-elle l’attraper? Mon copain devait sans doute avoir quelques petits battements de coeur pour la cousine, car il essaya de l’épater. Sur un pommier ou un prunier, enfin un arbre, il faisait quelques acrobaties qui n’étaient pas sans rappeler celles d’un singe. La cousine se foutait bien de lui, en lui affirmant qu’elle pouvait faire bien mieux. Elle devait d’ailleurs nous tenir pour quantité négligeable à ses yeux. Elle avait sûrement dans le bled où elle habitait quelque chose qui devait ressembler à un prince plus ou moins charmant. Je saisis la baballe au bond en lui disant que je voulais bien voir. Je me foutais complètement de ses acrobaties, mais comme elle était en jupe, je pensais qu’une fois sur l’arbre hé hé hé, j’aurais une vue qui devait foutre un lever de soleil sur les Alpes, parmi les spectacles apocalyptiques.
– Pas avec les bas, fut le réponse.
La douche fut plutôt froide pour mon enthousiasme. Mais la patience est un art qui trouve parfois sa récompense… avec de la patience! Un peu plus tard, le lendemain ou après, alors qu’il pleuvait comme vache qui pisse, expression bien campagnarde et qui convient bien au décor, nous jouions à l’intérieur. Je crois que c’était au Monopoly et là je suis sûr c’était dans le salon. D’où j’étais assis, en bout de table, je pouvais voir dans la chambre où dormait mon copain et sa soeur. Il faut préciser que la venue de la cousine avait un peu perturbé l’ordonnance des lieux. Le copain avait cédé son plumard à la visiteuse qui dormait avec la frangine. Quand je dis que je voyais la chambre, ce n’est pas tout à fait exact. En vérité la porte était entrebâillée sur une quarantaine de centimètres. Le bord du lit était visible par cette ouverture avec la cousine assise dessus. Elle se leva juste dans mon angle de vision en me tournant le dos, soulevant sa jupe pour contrôler sans doute, que ses jarretelles n’allaient pas se faire la malle d’un instant à l’autre. Elle fit, disons le tour du propriétaire, m’offrant un joli spectacle sur ses jarretelles arrières. Un joli porte-jarretelles tout blanc, comme il existait tant à l’époque, juste destiné à tenir des bas. Mais en fin de compte on ne lui demandait rien d’autre, sinon de l’admirer l’oeil pétillant. Eh oui chère cousine, vous m’avez offert sans que je vous le demande, ce qui vous m’avez refusé sans le savoir. Je vous ai revue bien  des années après, une fois, mais je le regrette un peu, vous n’aviez plus pour moi, le même charme que le souvenir que j’avais gardé de vous. Vous avez certainement remplacé les bas par des collants, oui je sais, la vie continue…

De la liberté aux lamentations des privés de porte-jarretelles

Et dans la foule ce n’était que lamentations

J’ai toujours considéré une femme qui portait des bas comme une déesse. Je ne sais pas ce qu’il en est chez mes collègues masculins, dont j’imagine certains considérant cela comme un dû et d’autres plus romantiques, comme une faveur. A notre époque quand même un peu barbare dans la relation du couple, il y a un certain nombre de choses qui ne sont pas acquises d’avance, voir sa femme porter des bas en est une. Bien qu’elles ne courent pas les rues au sens figuré, il y a quand même quelques inconditionnelles et pas mal d’occasionnelles. Par plaisir personnel, par goût de l’élégance, et la fine connaisseuse qui sait tout le pouvoir que peut conférer à sa personne cet accessoire relégué à une semi-invisibilité publique, la face cachée étant la plus excitante. Pour celui qui devine ou qui connaît le côté caché de l’iceberg, gageons que s’il est lui-même un iceberg, il ne tardera pas à fondre. Nous parlons là de ces cas où la femme est disons, convertie. Mais restent les autres, certainement les plus nombreuses, qui ne se prêtent pas volontiers au petit jeu de la sensualité, et que l’on aimerait bien voir changer de cap.
Un truc que je lis souvent dans les forums dédiés, concerne les lamentations du mec qui n’arrive pas à persuader sa femme de porter des bas. Je n’ai pas de recette miracle, mais j’ai toujours réussi a avoir ce plaisir avec les différentes femmes qui ont partagé un moment de ma vie. Mais voyons un peu l’histoire.

Me myself and stockings

Chaque fois que je suis parti vers une conquête féminine, enfin draguer pour parler basique, j’ai toujours essayé d’en savoir plus sur l’attitude de la dame envers sa féminité. Car pour moi porter des bas est une attitude féminine, un symbole en la matière. A mon goût, une femme qui n’est pas féminine ne m’intéresse pas. Bien sûr la féminité ne s’arrête à ce seul critère, je ne suis pas, non plus, loin s’en faut, un des ces penseurs rétrogrades qui considèrent que la place de la femme est à la maison derrière ses fourneaux. Entre les deux, il doit y avoir un moyen de s’entendre. De nos jours, une femme qui revêt une paire de bas, le fait très certainement par goût personnel avant tout, pas par obligation. Je les ai quelquefois entendu me confier que c’était un moyen de retrouver leur féminité. De là, à penser qu’elles ont l’impression à quelque part de l’avoir un peu perdue, c’est une possibilité qui n’a de fondement que les critères auxquels elles sont sensibles.

La liberté ne tient qu’à un fil de nylon, prélude au désastre

Ceux qui ont vécu l’époque de la mutation entre bas et collants, à partir de 1965, se rappellent certainement les critères qui tentaient d’imposer le port des collants. On y parlait surtout de liberté, avec un arrière plan l’apparition de la mini jupe. L’argument de marketing n’était pas absent. Vous avez envie de porter une mini jupe, comme Twiggy, Sandie Shaw ou les demoiselles qui s’affichent à Carnaby Street? Alors il vous faut des collants, car les bas, malheureusement, ne sont plus adaptés à cette nouvelle tenue. Un argument fallacieux, dans une pub de journal, mettait même en cause la gent masculine au prétexte que apercevoir une jarretelle c’était laid dans la pensée des garçons. A voir le nombre de fureteurs qui cherchent sur la Toile, le moindre bout de lisière de bas visible, il y a de quoi se marrer. Ou alors le monde masculin à bien changé, ce dont je doute moins que l’argumentaire de la pub. Ce qui a encore accéléré le mouvement de la disparition du bas c’est que les balbutiements de la génération Woodstock, ont érigé le mot liberté en commandement. Non seulement, elles ont bien vite enlevé les collants, mais le soutien-gorge aussi, jeté aux orties selon l’expression qui a fait fortune. Tout cela le temps d’une saison, d’une mode, dans le meilleur des mondes possibles. Le rêve une fois estompé, il a fallu recomposer la vie quotidienne. Des cendres de la liberté, la femme a certainement gagné un droit, celui de porter des pantalons en toutes circonstances, fait qui n’était pas toujours acquis et parfois mal vu. Nombre d’entre elles n’ont plus porté que cet accessoire de manière presque continue, la jupe mini ou pas, étant réservée aux grandes occasions, avec un collant vite enfilé. Cet intervalle a mis à mal tous les fabricants de lingerie, au point qu’il n’était presque plus possible de trouver une paire de bas. J’avais une tante qui s’en plaignait, c’est dire. Seul un coin de rayon dans certains magasins permettaient encore de s’en procurer, pour certaines dames majoritairement plutôt âgées qui étaient réfractaires au collant.

Les années pas très folles

A partir de 1970, on peut clamer la mort du bas, comme faisant partie intégrante de la garde robe féminine. Dire que cette mutation n’engendra pas une nostalgie est peu dire. Elle fut même presque immédiate. Les moeurs étant plus libérales, on vit fleurir tout une panoplie de revues qui osaient enfin montrer des femmes en bas et porte-jarretelles sans êtres condamnés à être vendues presque sous le manteau comme le fameux Paris-Hollywood. L’une d’entre elles, Eclats De Rire sous-titré Sexy Humour existait depuis quelques années, mais il devint assez en vogue au début des années 70. On pouvait faire croire au libraire que l’humour était notre passion, alors qu’il venait en second plan.

Suivront des magazines qui se branchèrent un peu plus sur la lingerie, alors qu’ils voulaient surtout présenter des nus au départ. Eh oui, les femmes nues étaient presque lassantes, on les préférait à peine plus habillées. Les deux plus connus Lui et Playboy furent les magazines de l’homme dit moderne, mais aussi des femmes conscientes d’ajouter parfois un plus à leur charmes. De son côté, le cinéma n’était pas en reste. Des films comme Percy ou le très coquin Malizia devinrent presque des films pour voyeurs branchés anti-nudité. Surtout dans le deuxième, les références au porte-jarretelles sont, non seulement nombreuses, mais visibles.

Les amateurs de bas et de fine lingerie durent se contenter de ce peu pendant quelques années, si d’aventure sa femme le traitait d’obsédé, quand il abordait le sujet. On peut admettre que les prostituées furent parmi les seules à entretenir la flamme. En bonnes professionnelles, elles savaient bien ce qui faisait plaisir au client. Il est assez probable que le cliché bas=femme facile trouve ses origines à cette époque, cliché qui est un peu vrai, mais uniquement dans le contexte de l’époque. De là, à en faire une règle qui a la vie dure, il n’y a qu’une image qu’on a de la peine à effacer.

No Future et portant

Un mouvement musical a donné un coup d’accélérateur à la renaissance du bas, le punk. Il se voulait le contrepied de la pensée hippie, le futur que l’on envisageait fait d’amour et de paix, devient le No Future. Pourtant certaines demoiselles commencent à porter des bas, un peu par dérision, mais de manière très affichée, ne cachant rien de leur jarretelles qui tiennent le plus souvent des bas déchirés pas toujours très glamour. Dans les magazines de vente par correspondance, on remarque un retour de la lingerie un peu plus érotique, le porte-jarretelles faisant une ou deux apparitions, ainsi que dans les rayons dédiés des grandes surfaces. Mais il s’agit là d’une lingerie plus décorative que fonctionnelle et qui sera peut-être, plus un malheur qu’un bienfait. Les quelques dames ou demoiselles qui osent se lancer, trouveront un manque de confort certain et encore faut-il trouver une paire de bas, chose assez facile en ville, mais plus improbable à la campagne. Mais c’est certain, on commence petit à petit à redécouvrir le pouvoir de séduction lié à la parure.

L’aurore du néo nylon

Une sorte de folklore érotique commence à envahir les médias de manière omniprésente au cours des années 80. Des revues musicales comme Rock et Folk, posent ouvertement la question bas ou collants? aux vedettes qu’il interrogent dans Descente de police, rubrique menée par Thierry Ardisson. Certaines disent oui, d’autres non. Cette période est aussi une forte redécouverte du rock and roll, principalement engendrée par le succès des Stray Cats. Le look des années 50 est revisité, même s’il a toujours été entretenu par une minorité, bien sûr les dames ressortent les crinolines, les jupes serrées et il est assez fréquent que les authentiques bas se cachent dessous. C’est aussi l’apparition à la télévision des premières émissions coquines. Les fameuses Sexy Folies cartonneront tard dans la soirée. L’animateur du moment, Fabrice, a les yeux en bouton de jarretelle en découvrant les charmes des invitées. D’autres suivront.

La chanteuse Lio, qui s’avoue un inconditionnelle des bas, elle semble avoir viré depuis, s’affiche en bas et porte-jarretelles sur son album Pop Model. Ici et là le port des bas, devient de plus en plus visible. A travers les films, les clips vidéo, les pochettes de disques, les revues et même les chansons qui leur sont consacrées comme « A Fool For Your Stockings » de ZZ Top, sans oublier leur fameux clip de Gimme All You Lovin’ le bas est presque roi, un roitelet serait plus juste.

L’avenir ou ce qu’il en reste


Force est de constater que le mouvement ira crescendo au cours du temps qui passe. Les lamentations des abstinents bien malgré eux, se feront plus discrètes. En charge pour eux de convertir l’autre moitié, parfois irréductible. Mais on est persuasif ou pas, tout est dans la manière de présenter la chose. L’avènement du bas sur la toile, que j’ai raconté plus loin, n’est pas le moindre des atouts dans cette redécouverte. Le signe, certainement le plus encourageant, c’est la manque de complexes des nouvelles arrivées. De jeunes demoiselles, autour de la vingtaine, peut-être conçues après que papa et maman aient regardé Sexy Folies ou dansé sur les Stray Cats, s’y mettent carrément. Elles qui ne cherchent pas à retrouver une féminité perdue, mais plutôt à s’en créer une, n’hésitent pas a enfiler guêpières, porte-jarretelles et arborent même des attitudes qui les font sortir tout droit d’un film des années 40 ou 50. On cherche les vrais bas à couture d’époque, les authentiques porte-jarretelles au design rétro, conçu pour celles qui portaient des bas par obligation, quand il n’existait pratiquement rien d’autre. Même la vieille gaine, chère aux dames qui voulaient perdre des centimètres en apparence, est un must chez certaines. Quand il ne s’agit pas du corset ou autre serre-taille, assez prisé par le mouvement gothique.
Il y a des icônes derrière cela, la plus connue est Dita Von Teese. Soyons francs, elle n’a rien inventé, elle a réinventé, sinon repris à son compte de vieux clichés d’une époque qui devient floue dans la mémoire des plus âgés. L’époque est d’autant plus propice que l’on peut enlever ses bas dans une émission de télévision en suscitant l’admiration, comme elle l’a fait. Qui se souvient de cette speakerine, censurée parce qu’on voyait ses genoux? On les virerait plutôt maintenant pour des raisons contraires. Mais pour Dita, ça marche, les imitatrices accourent, qui en blog, qui en site. Mais qui s’en plaindrait, pas nous les nostalgiques, quand on sait que ces demoiselles arborent un porte-jarretelles et bas, juste pour faire comme Dita qui montre les siens dans les circuits burlesques, nouveau nom pour une nostalgie des temps modernes, qui en sera peut-être une nouvelle dans les temps futurs. L’avenir est assuré? Je n’en sais rien, c’est possible. Mais pour l’instant, les lamentations se font plus rares, ça c’est une certitude.