Les Rolling Stones et le Boss

En marge d’un excellent livre publié pour le cinquantenaire (déjà) des Rolling Stones, sur lequel je reviendrai, je vais vous raconter par le menu mes relations avec ce groupe qui est bien l’un des plus importants de l’histoire musicale du XX siècle.
A vrai dire, je ne me souviens pas de la première fois où je les ai entendus, c’est si loin, mais je crois que c’était « Carol ». Le phénomène a d’abord pris en Angletterre, ici on subit toujours un décalage. Decca France publia d’abord timidement un premier 45 tours qui passa assez inaperçu. La seule revue qui prit conscience du phénomène fut « Disco Revue » qui les suivit dès le début. Après ce fut l’embrasement général et vous connaissez plus ou moins tous la suite…
En parallèle avec les Beatles, on pouvait suivre les deux carrières, ces deux groupes qui étaient incontestablement ceux qui faisaient l’actualité. Ils gagnaient quand même rarement l’unité auprès des fans, il y avait les pour et les contre, chaque appartenance à un clan faisait détester cordialement les fans de l’autre. Dans la réalité, les deux groupes sont plutôt copains et mêmes intimes. Personnellement, je me suis plus vite lassé des Beatles qui me semblaient moins innovateurs que les Stones, excepté peut-être pour les géniales et efficaces compositions de Lennon et McCartney. Avec le recul je trouve le son des Beatles trop propre, trop net. Si on compare les titres qu’ils ont en commun dans leurs version respectives, les Stones sont supérieurs avec cette petite touche en plus. Il est vrai que les Stones sont d’une école qui puise ses racines plus dans le blues que dans le rock and roll, au contraire des Beatles. C’est je crois ce qui fait la grande différence, je n’irai pas dire que les uns sont meilleurs musiciens que les autres, l’approche est différente. Si les disques des Beatles entre 1963 et 1966 peuvent avoir un air de déjà vu par rapport au précédent, les Stones renouvellent constamment le son, il n’y a pas vraiment un titre qui ressemble au précédent. Les paroles sont aussi un peu plus provocantes, on dit des mots doux d’un côté et de l’autre le langage est plus cru. L’allure est aussi différente, les Beatles ressemblent à des mecs fréquentables, les rivaux ont ce petit air voyou qui plaisait tant aux filles d’alors, tandis que les garçons essayaient de les imiter.
Je me suis sans doute plus identifié aux Rolling Stones pour une ou deux raisons capitales pour le moi de cette époque. Je faisais sans soute plus ch… les adultes en écoutant leur musique plus brouillonne et j’étais plus excité par leur allure provocante.
Avec le recul, j’écoute les Beatles pour certaines raisons et les Stones pour d’autres. Quand j’ai envie d’écouter une belle mélodie les premiers sont à l’honneur. Mais si j’ai envie de me plonger dans la mélasse d’un son brut et ravageur, un rien infernal, les seconds débarquent. Je les ai suivis régulièrement, même des années après ils réussirent encore, sinon à m’étonner, du moins à me plaire. Ils faut bien admettre qu’ils ont une longévité exceptionnelle, un cas unique dans l’histoire, ceci sans jamais avoir levé le pied, ni fait de longues pauses. Un très bel exemple de quelques mecs liés par une passion qui est plus forte que les vents et les marées.

Quand j’ai envie d’écouter cette fameuse chanson, « Money », dont je possède des dizaines de versions, c’est celle-là qui vient en premier. Pas tellement que j’aime l’argent, mais plutôt ce bon vieux son qui leur est si typhique. Celle des Beatles est plus nue.

La fameuse réécriture du fameux « Green Onions » popularisé par Booker T, devenu « Stoned », mais pour éviter toute allusion aux effets de drogue, on  l’écrira « Stones ».

Evidemment leur reprise de « Carol » est beaucoup plus remuante que celle de son créateur, Chuck Berry.

Ils furent les premiers à faire un gros succès d’une chanson directement venue des fameux studios Chess, « Little Red Rooster », leur second no1 dans les charts anglais. Mick Jagger est très bien dans le rôle du petit coq rouge. J’adore ce disque!

Peut être ma préférée, chanson à l’ambiance envoûtante, oui j’aime jouer avec ce feu là!

Le hit qui mit tout le monde d’accord « Satisfaction ». Un rien avec des sous-entendus d’ordre sexuel, mais les musiciens préféreront le son de fuzz guitar.

Toujours excellents dans l’art de la reprise. Ici dans « She Said Yeah », débordant d’énergie

Celui-ci, une copine à ma mère me l’avait payé. Même si elle est morte depuis plus de 40 ans, chaque fois que je l’écoute, je me souviens d’elle. Ainsi vont parfois les choses dans la vie, Avec « Get Off Of My Cloud », elle n’est pas sortie de mon nuage, son prénom était d’ailleurs Angèle.

Elle restera l’une des préférées des fans, c’est normal ce titre est monstrueusement génial, quelle classe ce « Paint It Black »!

Le dernier disque des Stones que j’ai vraiment adoré! Si vous écoutez bien, vous y trouverez un petit air « à la Beatles », c’est normal ils font les choeurs derrière.

 Et puis ce piano envoûtant…

Avec le temps les passions s’apaisent, peu à peu les pierres ont roulées vers d’autres horizons, ailleurs que le mien. J’ai quand même acheté tous leurs albums pour une écoute polie. Ecouter les Rolling Stones dans les années 60, c’était suivre une évolution. Pour continuer à la suivre, je suis allé vers d’autres écoutes, d’autres avant-gardistes. Il y eut les Stooges, MC5, le psychédélique, l’underground, le punk, le psychobilly, la new wave, c’est là que je trouvais mes délices. Mais je dois donner décharge aux Pierres Qui Roulent, on ne traverse pas un demi-siècle d’histoire musicale sans ce petit quelque chose qui vous le permet. Dont acte!

The Rolling Stones – Out Of Our Heads

La discographie des Rolling Stones a toujours été un joyeux bordel durant la période Decca, c’est à dire leurs débuts. De significatives différences apparaissent dans le contenu. Les deux premiers albums, celui-ci étant le troisième, étaient plus réservés aux fans mordus qu’aux consommateurs de hits classés en haut des charts. En 1965, sort le fameux « Satisfaction » qui achève de les lancer définitivement. A part la connotation sexuelle que l’on peut imaginer dans les paroles, cette mélodie facile à retenir en marquera plus d’un, c’est la chanson qu’il fallait enregistrer à ce moment là. Le reste appartient à l’histoire. Elle pouvait aussi servir de support à la vente d’un album. Eh bien non, pour l’Angleterre décide de sortir « Out Of Your Heads » sans l’inclure. Les fans doivent se rabattre sur l’édition américaine ou française qui eux, contiennent la chanson. Une nouvelle fois, comme pour les deux précédents le couplage Angleterre-US est fait selon l’humeur du moment. L’édition US a aussi l’avantage de proposer « The Last Time » hit précédent et surtout le fameux « Play With Fire », cette calme ballade satyrique et le contagieux « I’m Allright », enregistré en public. Ce n’est pas encore un album intégral en compostions originales et on trouve encore le Nanker-Phelge, pseudos pour Jagger-Richard. A cause du libertinage des premières éditions, il est difficile de présenter un album qui résume bien, tant du point de vue titres maison que pour les reprises, les débuts du groupe. Celui-ci en vaut bien un autre, sans pour autant obtenir « Satisfaction » totale.

Ecouter gratuitement et télécharger Rolling Stones – Out Of Our Heads sur MusicMe.