The Allman Brothers Band

L’orchestre des frères Allman arrive à un tournant de la pop. Le psychédélique mis à part, la recette a toujours été un peu la même, guitares, basse, batterie, parfois des claviers, ceci depuis plusieurs années. Certains groupes ont fait plus simple, Blue Cheer fait beaucoup de bruit à trois, d’autres plus compliqué avec une section cuivres ou des instruments assez insolites comme le violon ou la flûte. Vers cette fin des sixties, on cherche et part un peu dans toutes les directions. La démarche de Allman Brothers Band se situe au milieu de cette route, c’est un peu plus étoffé musicalement, mais cela reste quand même assez simple, tout en travaillant et mélangeant bien les effets des instruments en présence, les percussions en plus. On en vient peu à peu à cet éternel boogie-blues, recette en vogue chez une grande part des bands américains.
La parution de ce premier opus fit assez sensation en cette année 1969. Tout d’abord la pochette ouvrante, l’intérieur les présentant nus, mais de profil quand même. Désolé Mesdames, vous ne verrez rien du zizi de Duane et Gregg Almann, même si vous achetez l’édition originale US. Le contenu s’ouvre, on dirait presque volontairement pour attirer le client, sur une version instrumentale de « Don’t Want You No More », un fameux titre de Spencer Davis, celui du fameux Group, honteusement relégué sur la face B de « Time Seller », premier essai sans Stevie Winwood. C’est immédiatement aguicheur et l’on a envie de voir ou plutôt d’écouter la suite. Elle ne déçoit pas, des titres très forts, charmeurs, pour qui est branché musicalement dans ce style. Lente ou rapide, la démonstration est concluante, attachante, jamais lassante. On s’étonne presque d’arriver déjà à la fin.
Un album essentiel, le truc à mettre dans sa collection, on n’a jamais l’air ringard en le sortant pour l’écouter. Et si d’aventure vos visiteurs préfèrent le rap, faites le écouter à l’envers, on sait jamais…

Pour l’apéritif

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Dale Hawkins, le papa de Suzie Q s’en est allé…

Si assez peu de gens, à part les rockers connaissent son nom, Suzie Q tout le monde connaît ou presque. Qui n’a un jour en découvrant la discographie des Rolling Stones, de Creedence Clearwater Revival ou même Johnny Hallyday, écouté une version de cette chanson.
Son créateur, Dale Hawkins, mort le 13 février à 72 ans, est un de ces pionniers qui débuta avec le rock and roll. Son nom jaillit dans le vedettariat en faisant un succès de son titre qui deviendra fétiche en 1957, « Suzie Q », qu’il compose, mais qui est co-crédité à des opportuns . Enregistré dans les fameux studios Chess à Chicago, il est un des rares artistes blancs de ce label, essentiellement noir. Cette chanson est un exemple de rock and roll à tendance soft, ce n’est pas très bruyant, ni très rapide. Tout est dans ce fabuleux jeu de guitare et ce vocal plaintif. Incontestablement un disque qui possède un son particulier et original et qui entrera dans l’histoire à juste titre. Ses enregistrements sont essentiellement années 50 et offrent un rockabilly plaisant. Sans doute moins apprécié et connu que son cousin Ronnie Hawkins, il est surtout renommé pour s’être entouré de guitaristes talentueux comme James Burton ou le prestigieux Roy Buchanan. Au cours des sixties, il se fera plus remarquer comme producteur en obtenant quelques succès dont le « Western Union » des Five Americains, sur les disques Abnak dont il est vice-président. Pour entretenir sa flamme, il peut compter sur les autres dans les quelques reprises de son hit, notamment celle de Creedence Clearwater Revival qui lancera définitivement le groupe vers une très grande popularité. Il restera toujours actif dans les milieux musicaux, remontant fréquemment sur scène ne serait-ce que pour rendre un hommage à la fille qui le rendit célèbre.

Quelques versions de Suzie Q

Creedence Clearwater Revival

Rolling Stones

Agents

Johnny Hallyday


Un compilation des titres 50’s de Dale Hawkins

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Serge Gainsbourg – Du chant à la une

En ces temps ou l’on reparle de Serge Gainsbourg à travers le cinéma, il faut peut-être recentrer le personnage à travers sa musique. Je le dis tout de suite, je n’ai pas vu le film, je le verrai sans doute un jour, mais ce n’est pas une priorité. Comment situer un personnage riche en anecdotes avec quelques images filmées sur un duo d’heures, plus ou moins quelques minutes? Il est de bon ton de l’encenser maintenant après lui avoir craché dessus pendant des années. Ceux qui faisaient partie des « chers z’auditeurs » d’une époque située entre 1958 et 1965, ont à peine entendu son nom prononcé par l’animateur, s’ils l’ont entendu. Pourtant avec un peu de curiosité, ils connaissent l’auteur de certaines chansons assez populaires, interprétées par d’autres, Ah Oui, c’est signé S. Gainsbourg. Il n’intéressera que peu de monde dans sa première période de chanteur, mais il est il est plus prisé comme auteur-compositeur. Bien qu’il se verrait peintre, non pas ne bâtiment, mais comme artiste, c’est quand même la musique qui lui apporte ses premiers petits pécules. Il est dans l’orchestre d’une certaine Michèle Arnaud comme guitariste et accessoirement pianiste à d’autres moments. Elle sera la première dame à lui reconnaître un talent de compositeur, au point d’enregistrer ses chansons. Musicalement Gainsbourg n’est pas une révélation de l’époque, le jazz est sa musique de base comme Boris Vian qu’il admire. Mais au niveau des textes là, il est plus beaucoup plus original. Des jeux de mots souvent drôles, une sorte de fureur de vivre à la française, des sous-entendus piquants, c’est un peu de sa personne et de cette vie un peu insouciante qu’il glisse en accordant ses notes. alphabétiques. .
Son premier disque en tant qu’interprète et évidemment compositeur, c’est un 33 tours 25 cm qui paraît en 1958. Même s’il fut ce que l’on peut appeler un plantage, une chanson en deviendra le phare, « Le Poinçonneur Des Lilas ». Si elle devient populaire ce sera grâce à quelques paires de collants, non pas des bas, ceux enfilés par les Frères Jacques dont la chanson est inscrite dans leur répertoire. Il est vrai que c’est le genre de chanson que l’on entend une fois et qui vous reste à vie, les fameux petits trous et encore des petits trous, lutteront efficacement contre les trous… de mémoire. Mais le reste est là, soupirant dans les discothèques poussiéreuses des radios. Des textes provocateurs, ironiques, avant-gardistes sous un titre d’album de série noire « Du Chant A La Une ». Du jazz parfois dans le ravin, ce mortel ennui qui ne vient pas en l’écoutant, comme si on avait douze belles dans la peau. Pendant que le charleston déménage sur son piano, l’alcool nous concocte la recette de l’amour fou quand la femme des uns est sous le corps des autres. Pour aller chez Ronsard, il suffira de changer à Opéra…
Son heure viendra, mais la première heure est déjà là, prête à l’écoute et à la (re) découverte
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