En passant

En attendant le premier…

Un peu de musique pour patienter, quelques souvenirs et découvertes pour remplir les oreilles…

RHR, initiales pour Troy Renfern, Jack J Hutchinson, Mike Ross, forment un groupe anglais de trois guitaristes dont le principal est Troy Renfern qui vient du blues et qui joue parfois de la slide guitar. Ils ont sorti l’année passé un splendide album « Mahogany Drift » aux influences diverses. Musique plutôt hargneuse dans certains titres, on peut y voir l’ombre des Stooges ou celle d’Hendrix, ou alors des lignes plus mélodiques teintées de folk avec un vocal plutôt hard rock. Je dois dire que j’aime beaucoup cette musique qui sans être révolutionnaire ne manque pas d’une certaine originalité. Je vous propose deux extraits de cet album, dont le second est un clip de promotion en playback et le premier magnifie bien ce que l’on peut faire avec une guitare branchée sur courant continu.. A écouter sans modération

Wilko Johnson est un de ces guitaristes qui s’illustrent par leur originalité. Elève de Mick Green des Pirates de Johnny Kidd, il aime bien manipuler sur sa guitare rythmique et solo, mais simultanément, il assume donc deux rôles. Il fit d’abord toute l’originalité de Dr Feelgood, un groupe qui fit pousser des soupirs de soulagement à votre serviteur, puis quand il les quitta, il monta Solid Senders le temps d’un album, En voici un extrait « Signboard », un titre que j’écoute depuis 40 ans, car j’adore l’ambiance qui y règne.

Ce qu’il y a de bien en musique quand on s’y connaît un peu, les enchaînements viennent tout seuls. J’ai mentionné le nom de Mick Green dans le clip précédent, eh bien le voici en compagnie d’un autre Green, Peter, à l’origine guitariste de John Mayall et Fleetwood Mac. Mais il y a encore un enchaînement avec Wilko Johnson, car nous trouvons ici aussi, Gypie Mayo, qui fut le second guitariste de Dr Feelgood. Comme j’ai très bien connu ce dernier alors qu’il était guitariste des Yardbirds, j’ai amené une copie vinyle de cet album pour qu’il la signe. Il s’est fendu d’un grand sourire en précisant que le lui rappelais de très bons souvenirs. Il a ajouté que c’était de la musique d… mais je pense que l’on pouvait prendre cela comme un compliment. En effet c’est assez spécial, mais c’est vachement plus intéressant à écouter qu’une intégrale de Mireille Mathieu, même en remastérisé en 32 bits. Voici un extrait aussi fameux que fumant et encore une ambiance particulière.

Pour moi ce n’est pas une découverte, mais pour vous il se pourrait que ce soit le contraire. Dans les sixties, la pop music s’intéressa à la musique orientale tendance arabe. Alors il était naturel que les artistes arabes fassent aussi de la pop. Peu de noms sont connus chez nous, mais voici l’un des plus célèbres, originaire de Turquie, Erkin Koray. Le genre de musique à écouter  avec un bon thé à la menthe et quelques dattes, même si elles ne font pas date dans l’histoire des dattes… et il chante toujours !

Malgré toutes les techniques d’enregistrement modernes, il y a des artistes qui se donnent la peine d’enregistrer des trucs que l’on pourrait faire passer pour un inédit enregistré dans les sixties, tellement le son semble d’époque. On peut imaginer cela enregistré par les Troggs, cela sonne assez semblable pour certains titres. Mais non c’est Miss Loudella Black, c’est bon comme en ce temps-là dis !

Un de ces titres qui traînent depuis plus de 50 ans collé à mes semelles. Je n’ai pas compté les écoutes, mais il est à coup sûr classe dans les 50 premiers. Et la voix de Mike Harrison n’y est certainement pas pour rien. Ah oui, le groupe est devenu plus connu sous le nom de Spooky Tooth, mais cela n’enlève rien son charme.

La pop music essaya souvent de se mélanger avec la musique classique avec des réussites diverses. En 1972, j’ai découvert cet album du groupe allemand Wallenstein, qui fut un enchantement pour moi. Mélange de classique et de planant, quand j’écoute cela maintenant, je me dis qu’on est dans une période musicale très pauvre au niveau création.

Le célèbre « Pénitencier » a été assaisonné avec bien des sauces, mais pas trop souvent en rockabilly. En voici une sympathique vision.

Toujours rock, une reprise assez originale du l’incontournable « Brand New Cadillac » de Vince Taylor, c’est fabriqué à Hong Kong.

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Django Reinhardt, la guitare dans les nuages célestes

Le centenaire de sa naissance nous amène presque naturellement à parler de celui qui fut un des premiers guitar hero du siècle passé. Son apport musical est énorme, il a influencé les générations suivantes même s’ils ne sont pas à proprement parler des jazzmen.
Né Jean Reinhardt en 1910, dans une famille nomade qui se trouve en ce moment là en Belgique. Son enfance est celle des voyages à travers l’Europe, sa famille fuit la guerre et finit par se fixer à Paris. A dix ans il s’intéresse au banjo et devient vite un expert en dextérité. Avant d’adopter finalement la guitare, il essaye aussi le violon. Adolescent il court les cachets, avant d’impressionner un accordéoniste, Jean Vaissade qui lui donne l’opportunité de figurer sur un premier disque en 1928. Il ne sait par ailleurs, ni lire, ni écrire. Un accident malencontreux le brûle à la jambe droite et à la main gauche, dont il perd l’usage de deux doigts. D’après les médecins, il ne pourra plus jouer de guitare. Faisant fi de leur diagnostique, il commence un longue rééducation et finit par réussir le miracle, il retrouve toute sa maestria, malgré son infirmité. Très vite, il se bâtit une nouvelle réputation avec notamment Stéphane Grapelli. Avec ce dernier, il fondera le Hot Club de France, un orchestre de jazz qui tournera en Europe jusqu’à la guerre, enregistrant de nombreux disques. En 1940, il enregistre son titre le plus célèbre « Nuages » avec la complicité de Hubert Rostaing. Il passe la guerre en France, tandis que Grappelli séjourne en Angleterre. Très attentif à l’évolution musicale, il propagera avec quelques uns l’invasion du be bop, dès la fin de la guerre. Le Hot Club reprend les tournées. En 1946, il effectue une tournée aux USA et joue avec Duke Ellington. Par le peu d’exposition que lui donne Ellington, il est déçu de cette tournée. Il est pourtant très bien accueilli par le public, car il est pratiquement la seule vedette de jazz qui n’est pas américaine et qui peut rivaliser avec ces derniers, chose qu’il admettent en toute sincérité, sans fausse modestie. De retour au pays, il continue les tournées avec l’orchestre, démontrant qu’il est toujours à l’avant garde du jazz, tant son jeu est innovateur et inspiré. Eddie Barclay, alors débutant dans le métier, sera parmi les derniers à capturer en studio toute sa fougue dans huit titres qui deviendront légendaires. Le 16 juin 1953, il meurt prématurément d’un hémorragie cérébrale, alors qui est toujours en pleine gloire.
Parler de Django est un acte un peu inutile, j’ai résumé l’essentiel. C’est un musicien qui s’écoute et pour autant que l’on comprenne un peu la musique, il ne reste que l’extase devant le résultat. Un homme illettré, qui n’a jamais su lire une partition, a donné une immense baffe au monde du jazz. Son nom, sa légende, intacte après toutes ces années, est prête à traverser les siècles. Les noms légendaires sont nombreux, mais une petite poignée a fait cette légende, il en fait partie. Tant de monde l’interprète en espérant qu’un brin de son génie rejaillira sur eux.

Ses enregistrements sont nombreux, pléthoriques. Selon les époques, ils appartiennent à diverses tendances. Il y a le soliste et l’accompagnateur, le rôle est différent, mais d’un génie égal. Plutôt que celui-ci ou celui-là, le tout est à découvrir selon son désir.

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Lionel Hampton – Du jazz en virtuose

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Lionel Hampton est une grande figure du jazz et une des plus populaires. Tout le monde ou presque a entendu une fois son nom. Au cours d’une très longue carrière, il s’est exprimé dans diverses tendances, instruments et autant de rencontres pas tout à fait fortuites.
Il est né en 1908 à Louisville dans le Kentucky. Il passe une partie de son enfance dans les états de l’est, avant que sa famille ne se déplace vers Chicago. Très tôt il s’intéresse à la musique et devient un multi-instrumentiste en apprenant le xylophone, c’est avec cet instrument qu’il bâtira sa légende, mais aussi la batterie, la guitare, le piano. Il débute assez modestement dans diverses formations. Vers la fin des années 20, on le retrouve plus spécialement comme batteur, bien qu’il se perfectionne au vibraphone dans l’orchestre de Les Hite. Louis Armstrong engage l’orchestre pour quelques dates et c’est là que Hampton se fait remarquer derrière son xylophone dont il commence à jouer avec une virtuosité remarquable. En 1934, il commence à organiser ses propres formations dont il devient le chef d’orchestre. On peut le voir au cinéma avec Bing Crosby et Armstrong dans « Pennies From Heaven ». Cela ne l’empêche de travailler avec Benny Goodman qui le remarque et l’engage. Jouer dans un orchestre multiracial et devant de grandes audiences, donne un grand coup d’élan à sa popularité. Il continue cependant de mettre au point son orchestre et d’enregistrer ses propres disques à partir de 1937. En 1940, il quitte définitivement Goodman, lance son big band et pendant dix ans, il deviendra extrêmement populaire. Sa carrière sera jalonnée de titres qu’il rendra populaires comme « Flying Home », « Stardust », Hey Ba-Ba-Re-Bop ». Il a l’occasion d’accueillir dans son orchestre ou d’aller jouer avec tout le gratin des musicien de jazz, dont les noms constituent presque le bottin mondain de cette musique. Certains de ses enregistrement pavent la route à ce qui sera plus tard le rhythm and blues. En 1953, il tourne en Europe avec un grand succès. On trouve dans son orchestre un certain Quincy Jones, qu’il n’est plus trop nécessaire de présenter. Les grandes années du jazz passées, il continue avec un succès moindre ses activités de musicien. Son statut de légende compense entièrement l’aura qu’il a perdue dans le vedettariat. Les fans sont toujours aussi nombreux et fidèles à sa musique. Il a toujours été très engagé dans le domaine de la charité, soutenant de multiples causes. Il passe les dix dernières années de sa vie dans un calme relatif, empêche par une santé déclinante de se produire sur scène de manière trop astreignante. Il meurt finalement en 2002 à l’âge respectable de 93 ans.
Lionel Hampton laisse un apport considérable au jazz à travers de multiples facettes. Il n’a jamais sombré dans la monotonie, testant, innovant chaque fois qu’il en avait la possibilité. Sa discographie en atteste, on peut toujours essayer de deviner derrière quel instrument il se cache. Sa virtuosité au xylophone est plus que légendaire, mais ce n’est qu’un aspect du musicien. Il a bien d’autres côtés qui méritent un détour, il est un virtuose de la passion.

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