Gall au-delà de l’enFrance

 

Parmi le pléthore des chanteuses yéyés qui ont traversé les années 60, France Gall est une des rares que j’ai gardée dans mes écoutes. Je ne saurais pas en dire vraiment la raison, sans doute parce que ça me plait est une raison suffisante.

J’aime surtout la première période, celle des sixties, celle des auteurs-compositeurs attitrés, celle d’un certain Gainsbourg. J’ai bien essayé de crocher avec l’ère Berger, mais cela n’a été beaucoup plis loin que le premier album. Je reproche la même chose que je le fais à Véronique Samson, c’est assez répétitif comme style. Par contre dans les années 60, elle saute d’un style à l’autre avec une certaine aisance, c’est toujours de la variété même si elle est parfois somptueusement idiote, mais de bonne cuvée et surtout ce sont des titres originaux qui sonnent comme des reprises de succès anglophones. Sa voix aux multiples possibilités est plus mise en valeur dans ses premiers disques que par la suite. Comparer Michel Berger à Serge Gainsbourg en tant que compositeur, c’est comparer la classe au génie.

Quoiqu’il en soit, j’en ai quelques-unes collées à la peau, dans un coin de mers souvenirs, un coin de ciel bleu dans la lumière de l’été qui chasse la grisaille de mon humeur, un petit rien qui fait que plus que rien c’est déjà beaucoup. Merci Madame, vous êtes une amie dans mes musiques écarlates.

Peut-être deux de ses chefs-d’oeuvre, mais peu connus.

Ca c’était original plutôt original et jazzy

1’35 de bonheur !

Cuvée Gainsbourg

 

Bye bye Mr Lee…

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Les petits cinémas de quartier que je fréquentais quand j’étais encore un adolescent offraient rarement les derniers tubes du cinéma. Ils repêchaient des films déjà un peu retournés ou exhumés des fonds de cinémathèques. Cela ne voulait pas dire que ces films étaient médiocres, bien au contraire. J’ai découvert quelques belles réussites comme « Quelle était verte ma vallée » de John Ford ou encore « Golgotha » de Julien Duvivier. Les années 60, c’est l’âge d’or des studios de la Hammer, cette compagnie qui renouvela le cinéma fantastique et d’épouvante. Cela tombait bien, je lisais pas mal de littérature fantastique, Jean Ray était mon préféré. Ce qui m’intéresse sans doute le plus au cinéma, c’est le jeu des acteurs et leurs aisance à changer de rôle d’un film à l’autre. Je notais des noms au passage, j’en ai noté des dizaines, pas forcément des premiers rôles, même et surtout les seconds. Dans les productions de la Hammer, j’avais spécialement été attiré par Peter Cushing dans le peloton des rôles vedettes, le délicieux Miles Malleson pour ses compositions savoureuses et bien sûr Christopher Lee.

Bien évidemment c’est en Dracula que je l’ai vu pour la première fois dans le premier de la série tourné par la Hammer. Un Dracula d’une nouvelle dimension, il n’a plus tout à fait cette odeur de cadavre vivant qu’ont ses prédécesseurs à l’écran comme Bela Lugosi. Il est plus sexy, plus magnétique, il séduit ses proies féminines à coup de charmes avant d’enfoncer ses terribles dents dans leur cou. Elle ont presque l’air de ne demander que cela. A la même époque et avec les mêmes acteurs, il est Sir Baskerville dans cette fameuse histoire de chien avec Sherlock Holmes en point de mire. Et ainsi de suite…

Depuis j’ai toujours admiré ce monsieur, quel plaisir de le rencontrer au détour d’un film, souvent de manière inattendue. Si ma mémoire est bonne, on l’aperçoit dans le fameux jeu « La Chasse au Trésor », il croise la route de Philippe de Dieuleveult, qui le reconnaît, en train de tourner un film dans un pays lointain. Acteur très versatile, il peut jouer a peu près tout et ne s’en prive pas, dommage qu’on veuille le cantonner dans les rôles de méchants, la chose qui était la plus étrangère à sa personne propre.

Homme très cultivé, parlant plusieurs langues à la perfection, dont le français, chanteur, il faut aussi officier dans l’armée et pour les musicologues fan de heavy metal avec preuve à l’appui, un album enregistré à plus de 90 ans. 

Le monde du cinéma ne sera plus tout à fait comme avant. RIP Mr Lee

Une larme de blues, Johnny Winter

Pour les gens de ma génération, beaucoup de nos héros tenaient une guitare, c’est tellement mieux qu’un fusil. Je me souviens que l’on jouait à celui qui découvrirait le nouveau et ultime branleur de guitare. On prenait volontiers comme point de comparaison ceux qui étaient déjà des stars, Eric Clapton, Alvin Lee, pour ne citer que ces deux. A la fin des années 60, un personnage au physique particulier vint se glisser dans nos admirations, un albinos du nom de Johnny Winter. Pour tout arranger, il était natif d’un état coutumier dans l’apport de musiciens grands crus, le Texas. Il se hissa rapidement parmi les meilleurs et le resta…

Son blues souvent hargneux, sa voix railleuse, sont  les méandres les plus perceptibles de son style. On écoute Winter comme l’on va à la messe, il est une religion dans le blues, lui est un cardinal, sinon un pape. Sa croix est une guitare qui lance des flammes vers le ciel, là ou se cache le dieu du blues. A part une fidélité discographique qui m’a fait acheter la plupart de ses albums, j’ai quand même eu l’occasion de le voir une fois en concert, il y plus de 30 ans, j’en garde un souvenir reconnaissant.

Une chambre d’hôtel, c’est con une chambre d’hôtel, c’est pourtant là qu’il a définitivement abandonné sa guitare. Elle sera peut-être à vendre, son âme il l’a déjà vendue au démon du blues depuis longtemps. Il est peut-être déjà la-haut en train de donner son premier concert. Les héros ne meurent pas, il cessent de paraître.

Dans la constellation de la guitare j’y ai compté une étoile de plus, et bon sang qu’elle est brillante!