Si je devais citer mon album préféré des Beatles, je serais bien en peine d’en citer un. Il y en a que j’aime plus que d’autres, aucun que je déteste. Le premier que j’ai possédé fut « Hard Day’s Night », acheté un peu par hasard. Une nièce à mon père, donc une cousine pour moi, mais nettement plus âgée que votre serviteur, m’avait filé du pognon. J’ai couru au magasin le plus proche. Parmi les albums proposés, c’est celui-là qui m’intéressait le plus. Le suivant fut « Rubber Soul », j’aurais pu acheter les précédents, mais voyez-vous, je ne rencontrais pas tous les jours la nièce à mon père. Il y a plus de 50 ans qu’elle est morte, mais chaque fois que je réécoute ce premier album, je pense à elle. Sans le vouloir, elle s’est offert un « in memoriam » via les Beatles. La musique quel aide mémoire !
Cet album à « l’âme en caoutchouc » est intéressant sur bien des points. Il montre à l’évidence que les Beatles n’étaient pas complètement dans leur bulle, ils savaient aussi écouter et se laisser influencer par d’autres artistes, une tendance musicale en évolution. Par exemple dans l’album « Help » la chanson « You’ve Got To Hide Your Love Away » ressemble assez à un clin d’oeil à Bob Dylan. Jusqu’ici, on était un peu dans une certaine tradition instrumentale, guitare, guitare, basse, batterie, avec quelques petites apparitions de piano ou d’orgue et l’addition de certains artifices sonores en quantité homéopathique. Avec « Rubber Soul », on franchit un pas de plus, l’apparition de nouveaux instruments comme le sitar, une recherche de nouvelles sonorités évidente à l’écoute. Les compositions sont plus intimes, des paroles abordent des sujets plus personnels ou plus imagés. Plus encore, c’est surtout le premier album des Beatles que l’on peut qualifier d’expérimental. Mais, et c’est là peut-être la chose la plus extraordinaire chez les Beatles, c’est que cela reste très mélodique et facilement abordable par le premier passant rencontré. Le subtile différence n’apparaît qu’aux initiés. Beaucoup de choses se racontent sur cet album, mais plus que d’en parler pendant des heures, c’est de l’écouter. Le voici…
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Durant les sixties, la discographie française de distingua par le nombre impressionnant de publications qui furent faites sous la forme de EP, c’est à dire quatre titres, deux par face. Le principe de base était un peu mercantile, on vendait deux fois plus de marchandise sur la réputation d’un titre principal ou d’un succès, le 45 tours simple avec deux titres était réservé à la promotion et aux jukeboxes. L’avantage principal de ces EP’s demeurait dans le fait que ces éditions étaient présentées dans une pochette avec le plus souvent une photo de l’artiste et un emballage cartonné et plastifié plus résistant à l’épreuve du temps. L’Angleterre et les USA eurent beaucoup moins recours à ce genre de publications. Le plus souvent, la règle était le 45 tours simple emballé dans une simple pochette à trous permettant de voir l’étiquette du disque. Aujourd’hui ces fameuses disques EP’s français, surtout ceux concernant des artistes étrangers, sont recherchés par les collectionneurs du monde entier car ils sont uniques dans leur genre et peuvent parfois atteindre des sommes folles s’ils sont très rares. Au fil des semaines, je vous en présenterai quelques uns parmi ceux qui attirent justement les collectionneurs. Ils seront présentés avec la pochette, éventuellement avec un scan de ma collection personnelle si je ne trouve rien de satisfaisant, les titres qu’ils contiennent, et le plus haut prix atteint par une enchère sur Ebay.
Combo britannique typique du milieu des sixties, les Nashville Teens connurent leur moment de gloire avec leur reprise du fameux titre, mais jusque-là assez obscur, de John D. Loudermilk « Tobacco Road ». Grâce à eux, il passa à la postérité pour devenir un standard très repris. Ils renouvelèrent ce succès dans une moindre mesure avec un autre emprunt au même compositeur « Google Eye », un nom qui a fait son chemin depuis. On retrouvera ces titres sur le premier EP paru en France. Côté anglais, pour changer un peu, ils enregistrent un original écrit par un duo externe au groupe « Find My Way Back Home ». Le titre ne marche pas trop bien, mais il devient un tube en France via l’adaptation de Ronnie Bird « Fais Attention ». On décide alors de refaire appel à la vieille méthode, reprendre un titre de Loudermilk « The Little Bird ». Bonne idée, ce sera un hit, mais via la version de Marianne Faithfull. Merci Decca d’avoir mis en concurrence les deux versions. Decca France se décide è sortir un nouvel EP comprenant ces deux titres. Nul doute que le succès de Ronnie Bird incita cette publication. D’après mes observations, ce second EP est nettement plus rare que le premier, mais dans les enchères ou parmi les collectionneurs, le premier attire plus d’amateurs par la présence de « Tobacco Road ». Ce qui fait que les prix sont sensiblement les mêmes pour un ou l’autre, avec un petit plus pour le second. Mais les prix restent quand même assez modestes par rapport aux prix atteints par le EP publié en Allemagne, même pochette mais titres différents, et le LP américain sur London, seul LP paru de leur vivant. Les prix atteignent deux à trois fois plus que les éditions françaises. Je n’ai d’ailleurs pas toujours bien compris cette différence. A titre de consolation le EP anglais, identique à la publication allemande fait aussi des scores modestes.
Il n’en reste pas moins que les Nashville Teens ont un une assez belle aura dans l’histoire du british beat. Quelques uns de leurs enregistrements sont plus que de simples « disques de plus » et valent largement le détour. Je pense à quelques titres vers 1968 qui sont des monuments d’originalité, comme fut la partie vocale à deux chanteurs solistes avec Ray Philips et Arthur Sharp. N’oublions pas qu’ils servirent de groupes d’accompagnateurs à Carl Perkins et surtout Jerry Lee Lewis sur son fameux album live au Star-Club de Hambourg, l’une des plus chaudes galettes du rock and roll. Au fil des arrivées et des départs, ils virent le batteur Barry Jenkins rejoindre les New Animals d’Eric Burdon et le pianiste John Hawken rejoignit Renaissance avec deux anciens Yardbirds, Keit Relf et Jim Mc Carty. Quand à Ray Philips, il a fait perdurer le nom du groupe jusqu’à aujourd’hui, seul survivant de la période glorieuse.
The Nashville Teens – Decca 457074 publié en 1965, meilleure enchère sur Ebay 129 euros.
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Sans doute après avoir pris un solide apéritif, les Nashville Teens débarquent sur une scène parisienne pour chanter « Find My Way Back Home ». La sono n’est pas au sommet et les chanteurs encore un peu à la cave. Cela doit dater de la même époque, je me souviens très bien de les avoir entendus, invités à Salut les Copains. Ensuite un clip avec le groupe aujourd’hui, enfin juste hier, et leur plus gros hit.
Bonjour M. Boss,
Vous avez très bien résumé la base de la musique des Beatles , ils n’ont jamais caché d’où venait leur inspiration , comme dans toutes cultures on grandit via nos racines, ils n’ont jamais prétendus être à l’origine de tout , mais ils ont su s’approprier leur style en y greffant leur originalité en y rajoutant des instruments, des bruits, des sons ….mais en restant à la portée de tous, car ils voulaient que cela attire le maximum de gens …..mais ça ce n’est que la surface de leur ingéniosité, libre aux plus pointus d’aller en profondeur et de découvrir encore autre chose …selon la sensibilité de chacun, …une richesse en soit .
Bonne semaine
cooldan
Hello Cooldan,
Ce que j’ai dit, c’est en fait mon ressenti. Le duo Lennon-McCartney est un des plus merveilleux du monde de la musique au niveau de la composition, c’est magique. De tous ceux que l’on connaît, c’est celui qui a le plus été repris. J’ai pas calculé, mais je ne dois pas être loin du compte. Des versions, nous en connaissons des centaines, et pas seulement une ou deux, je me demande même s’il y en a une qui ne l’a pas été.. On pourrait même sortir une compilation avec les moins reprises.
Et puis, il y a aussi tout le côté sociologique, ils ont aussi été des icônes pour d’autres choses. Ceux qui ont 20 ou 30 ans aujourd’hui ne peuvent saisir l’ampleur du phénomène. Aujourd’hui on peut avoir un milliard de vues sur Youtube et n’avoir vendu qu’un million de disques et encore. Dans 10 ou 20 ans, la plupart auront disparu de la circulation. Les Beatles, dans 200 ans, on en parlera encore, à l’égal d’un Chopin ou Beethoven et on les interprétera encore.
Bonne fin de semaine
Bonjour M. Boss,
Et je rajouterai que leur ingéniosité se faisait avec les moyens du bord de l’époque , aujourd’hui avec les techniques modernes c’est beaucoup plus faciles, voir » presque » à la portée de tous.
bonne fin de semaine
cooldan
Hello Cooldan,
Dans les sixties, il fallait être musicien pour faire de la musique, aujourd’hui tout est possible. Je pense que beaucoup de rappeurs ne savent exploiter que des machines, ce n’est pas un reproche, mais ces machines on peut les exploiter autrement qu’en les employant minima.
Pour les Beatles, je pense que les séjours à Hambourg ont été très profitables pour se perfectionner dans la pratique et la maniement des instrument. C’est un peu comme le pianiste de la Castafiore dans Tintin qui doit faire des gammes à longueur de journée.
Bon week-end