En passant

Inventaire musical à la Prévert (64)

Voilà bien le genre de disque qui pouvait me ravir en 1967. Je laissais mes copains de classe s’extasier sur le nouveau disque de Machin ou Truc, du moment qu’il était dans le hit parade, cela était amplement suffisant pour eux. John Mayall est un bonhomme qui m’aida, avec quelques autres, à franchir le pas vers le nouveau monde musical. Bien qu’il soit un authentique puriste du blues, il a su le présenter avec les ingrédients nécessaires pour le faire admettre par un public blanc qui ne demandait que ça. Il est vrai que les bluesmen du delta du Mississipi avaient une manière assez rudimentaire de le présenter, une simple guitare, quelques accords, et vogue la galère. Cette simplicité peut rebuter à la première écoute, mais quand on y revient, il paraît juste merveilleux de faire autant de choses avec si peu de choses. Mayall a toujours eu le chic pur s’entourer d’excellents musiciens, qu’il avait la réputation de payer avec des queues de cerises, mais le résultat et bien visible. Cet album « A Hard Road » est aussi une transition entre le blues et une vision plus pop. Le blues est présent dans sa manière évolutive, mais on sent dans d’autres morceaux l’envie d’aller plus loin, au moins au niveau des sonorités, un poil de blues psychédélique fait son apparition. L’arrivée d’un certain Peter Green dans l’album en est un signe, Mayall n’a peut-être pas trouvé cela tout seul, on lui a suggéré et il a écouté. Et puis il y a d’autres musiciens du haute volée, le batteur Ansley Dunbar, le bassiste John McVie avec lequel Green partira fonder Fleetwood Mac, et l’immuable Mayall aux claviers et parfois aussi à la guitare. 54 ans après, pas besoin de pommade anti-rides, c’est une cure de jouvence et une merveille de Mayall parmi d’autres.

A Hard Road

It’s Over

You Don’t Love Me

You Don’t Love Me

Another Kinda Love

Hit The Highway

Leaping Christine

Dust My Blues

There’s Always Work

The Same Way

The Supernatural

Top Of The Hill

Some Day After Awhile (You’ll Be Sorry)

Living Alone

Durant les sixties, la discographie française se distingua par le nombre impressionnant de publications qui furent faites sous la forme de EP, c’est à dire quatre titres, deux par face. Le principe de base était un peu mercantile, on vendait deux fois plus de marchandise sur la réputation d’un titre principal ou d’un succès, le 45 tours simple avec deux titres était réservé à la promotion et aux jukeboxes. L’avantage principal de ces EP’s demeurait dans le fait que ces éditions étaient présentées dans une pochette avec le plus souvent une photo de l’artiste et un emballage cartonné et plastifié plus résistant à l’épreuve du temps. L’Angleterre et les USA eurent beaucoup moins recours à ce genre de publications. Le plus souvent, la règle était le 45 tours simple emballé dans une simple pochette à trous permettant de voir l’étiquette du disque. Aujourd’hui ces fameuses disques EP’s français, surtout ceux concernant des artistes étrangers, sont recherchés par les collectionneurs du monde entier car ils sont uniques dans leur genre et peuvent parfois atteindre des sommes folles s’ils sont très rares. Au fil des semaines, je vous en présenterai quelques uns parmi ceux qui attirent justement les collectionneurs. Ils seront présentés avec la pochette, éventuellement avec un scan de ma collection personnelle si je ne trouve rien de satisfaisant, les titres qu’ils contiennent, et le plus haut prix atteint par une enchère sur Ebay.

Bill Black fut le premier bassiste de Presley depuis l’époque des disques Sun. Il se détacha de son maître et entama une carrière comme une sorte de chef d’orchestre de rock instrumental en fondant le Bill Black’s Combo. Grâce à son passé, l’orchestre enregistra une pléthore d’albums dont quelques singles extraits connurent le succès. A part le Japon, sa réputation ne dépassa guère les frontières américaines, mais il est quand même assez connu internationalement en référence à son passé. En 1964, à la demande des Beatles, ils feront la première partie de leur shows au cours d’une tournée américaine. Malgré la mort prématurée de Black en 1965, le groupe continua sur son souhait d’exister et publia des albums pendant encore une dizaine d’années. Le contrebasse de Bill Black, celle dont il se servait pour accompagner Presley, est à l’heure actuelle en possession de Paul McCartney. La France publia 5 EP’s, pas très courants, entre 1960 et 1962. Ils font l’objet de recherches par les collectionneurs, toujours connectés au nom de Presley.

Bill Black’s Combo – London RE 10 129, publié en 1962, meilleure enchère sur Ebay 120 euros.

So What

Blues For The Red Boy

Twist Her

My Girl Josephine

Un des rares clips qu’il existe de la formation, extrait d’un film de 1961. Ils interprètent « Smokie » un de leurs titres les plus connus, qui sera même disque d’or. Bill Black est bien entendu à la guitare basse.

Paul McCartney chante « Heartbreak Hotel » avec la fameuse contrebasse de Bill Black.

Envies de découvrir autre chose ?

La musique n’a pas de frontières. S’il y a bien un point où je suis très éclectique, c’est assurément la musique. Entre un disque de hard rock et un opéra, pour moi c’est de la musique. C’est la différence qu’il y a entre un plat de haricots et un entrecôte bordelaise, les deux pris dans leur contexte propre peuvent s’avérer délicieux. Je fouille, j’écoute, je trouve, et puis quelquefois je tombe sous le charme. C’est pour moi une quête permanente.
Je vous invite à partager ces découvertes au hasard. Des artistes qui ne font pas forcément la une des médias, mais qui ne sont pas dépourvus d’un certain magnétisme ou plus simplement nous présentent une belle vision musicale.

Les pays de l’Amérique du Sud sont pour la plupart de descendance espagnole et catholiques. Le mélange musical entre les envahisseurs et les peuples autochtones a donné ce folklore typique que l’on trouve là-bas. La musique liturgique catholique a bien entendu suivi la colonisation. Cette musique vous la connaissez, c’est celle que vous entendez dans une messe traditionnelle, pour autant que vous ayez assisté à ce genre de choses. En 1963, un musicien argentin Ariel Ramirez décida de mélanger cette musique avec le folklore local. Il le fit d’une manière assez pompeuse, entre choeurs, orchestre, et ambiance folk typique. Le disque intitulé « Misa Criolla » eut un retentissement international, il n’est pas rare d’en trouver une copie aux puces. En 1974, un groupe de rock argentin nommé Gorrion reprit la même idée, mais dans une vision plus pop. A sa sortie l’album fut publié en France. Je l’avais écouté par curiosité et ma foi, il y a bientôt 50 ans qu’il revient assez régulièrement sur ma platine. Je ne l’écoute pas du tout dans un esprit religieux, mais plutôt pour un mélange exquis entre musique sacrée, folk, et pop. C’est bien sûr chanté en espagnol, l’église ayant pris le parti d’abandonner le latin pour les langues nationales. En voici trois extraits…

Credo

Gloria

Kyrie

2 réflexions sur “Inventaire musical à la Prévert (64)

  1. Bonjour M. Boss,
    Un autre album également de John Mayall figure en bonne place dans ma discographie :
    John Mayall – Bluesbreakers With Eric Clapton, mais difficile d’isoler un album, on ne s’en lasse pas, il est considéré comme le père du British Blues.
    Je savais pour la contrebasse de Bill Black et Paul McCartney
    en revanche je ne connaissais pas Gorrion …
    Bonne semaine
    cooldan

    • Hello Cooldan,
      Vous avez raison, l’album que vous mentionnez est digne d’éloges. En fait, historiquement je l’ai possédé avant celui avec Peter Green. C’est le nom de Clapton qui m’avait attiré car je le connaissais depuis les Yardbirds.
      Gorrion, je pense que peu de gens connaissent. Je l’avais trouvé par hasard quand il est sorti à l’époque. C’est un disque que j’ai souvent recommandé aux amateurs de trucs sud américains. L’édition française n’est pas trop difficile à trouver.
      Bonne fin de semaine

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