1959 – Il y a 50 ans à travers la radio

oldradioSi vous tourniez le bouton de la radio en 1959, vous aviez la chance, ou la malchance c’est selon, d’entendre les succès de l’année en cours. A supposer que cette station fut française, le programme tournait volontiers autour de quelques crus bien du terroir. L’accès à la musique anglo-saxonne ne se faisait qu’à travers les reprises concoctées par des artistes francophones, avec quelques exceptions. De l’autre côté, il y avait plus de chances d’écouter quelque chose qui était accessible à un adolescent. Force est de constater que le rock and roll était peu à peu remplacé par des ballades plus tranquilles côté anglophone et qu’il n’avait pas encore vraiment le droit d’exister en France. Il faudra encore patienter un peu, mais le volcan était prêt à entrer en éruption. Johnny Hallyday, Eddy Mitchell, Dick Rivers, n’allaient pas tarder à se manifester. En attendant, la chanson française dominait largement, mais peu à peu les hits devenaient des emprunts à des musiques venues d’ailleurs. Dalida, Edith Piaf, les Compagnons de la Chanson, triomphaient à côté d’artistes plus traditionnels comme Jacques Brel ou Georges Brassens.
Voyons quelques des ces tubes qui captèrent le coeur des auditeurs de tous âges.

En cliquant sur le titre de la chanson, vous l’entendrez intégralement

Angleterre – USA
Bobby Darin – Dream Lover
Le type même de la chanson qui s’adresse aux adolescents.
The Browns – The Three Bells
Celle-là, elle devient un tube international, mais c’est la ameuse chanson de Piaf « Les Trois Cloches », vieille de plus de 10 ans.
The Fleetwoods – Come Softly To Me
Deux filles, un garçon qui cartonnent avec ce slow.
Ritchie Valens – Donna
L’année de sa mort et son plus grand succès, qui n’est pas « la Bamba » comme un certain film pourrait nous le faire croire.
The Platters- Smoke Gets In Your Eyes
Ils sont toujours là et frappent un grand coup.
Craig Douglais – Only Sixteen
Un Anglais pas très original qui reprend des chansons américaines, mais qui cartonne avec cette ballade.
Henri Mancini – Peter Gunn
Un chef d’orchestre assez visionnaire, sera immortel un peu plus tard pour une certaine panthère de couleur rose.
Frankie Avalon – Venus
Son année d’or, mais sera balayé plus tard par l’arrivée des Beatles.
Barrett Strong – Money
Historiquement très important, le premier hit de l’équipe Tamla-Motown et un standard que les Beatles et les Rolling Stones ne manqueront pas d’enregistrer
Eddie Cochran – Somethin’ Else
La mort le guette au coin d’une route, mais en attendant il savoure son succès.
Johnny And The Hurricanes – Red River Rock
Pas très original, mais efficace. Pas leur meilleur, mais le plus connu.
Santo & Johnny – Sleepwalk
Un autre gros hit instrumental de l’année, avec une guitare hawaïenne

France

Marcel Amont – Bleu Blanc Blond
Faire chanteur la Provence sur un hit américain, il fallait le faire, il l’a fait!
Les Compagnons de la Chanson – Le Marchand De Bonheur
Les 9 connaissent un de leur innombrables succès de la décennie
Hugues Aufray – La Complainte De Mackie
Pas encore le chanteur folk que l’on connaît, une mélodie très connue quand même.
Gilbert Bécaud – Pilou Pilou Hé
Pour l’époque, c’est assez en avance par rapport au reste, déjà un petit air yéyé.
Sacha Distel – Scoubidou
La manière de parler d’un gadget à la mode, tout le fonde s’amusait à faire des scoubidous, lui en chanson.
Dalida – Ne Joue Pas
Le slow à l’accent italien, toujours très apprécié sur les pistes de danse.
Edith Piaf – Milord
L’un de ses plus grand succès, et celle-là on l’a entendue pratiquement en boucle.

Vince Taylor – Le diable en cuir noir – 2ème partie – Le crépuscule

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Le diable en cuir noir – 2ème partie – Le crépuscule

Un retour des vieux copains sous l’impulsion de Bobbie Clarke, un peu au chômage après le départ sous les drapeaux de son patron, voit l’éclosion du Bobby Clarke Noise. A la guitare solo Ralph Danks; à la rythmique Johnny Taylor, ex Johnny Taylor et les Strangers; à la basse Alan Bugby, lui aussi des Strangers; et bien sûr Bobby Clarke à la batterie. C’est à nouveau un bon groupe et d’excellents musiciens. La machine est un peu relancé grâce à leur prestation en première partie des Rolling Stones à l’Olympia et 1965 s’annonce pas trop mal. Vince est toujours une bête de scène, il a maintenant des cheveux longs pour sacrifier à la mode. Même Barclay semble optimiste et prévoit la sortie d’un 33 tours 30cm, le premier. Il sera mis en boîte en enregistrant quelques reprises, « Trouble », « My Baby Left Me », « My Babe », Jezebel », « Long Tall Sally », « High Heel Sneakers », « Summertime », un original « The Men Fron El Paso » et un instrumental, « Clank » une puissante démonstration de batterie de Bobbie, un tout grand batteur!
Lors de sa sortie, le 33 tours est accueilli avec des opinions divisées. Signalons tout d’abord que le disque est censé être enregistré en public. Ce n’est pas vrai, mais une bande son ajoutée, le laisse supposer. Elle ne fait que couvrir certains passages et n’ajoute absolument rien, sinon une gêne dans l’écoute. Pour certains, le disque est nul et l’ajout du public n’est qu’une tentative pour camoufler la médiocrité du disque. Pour les autres, pas vraiment nombreux à l’époque, c’est un album fantastique. Force est de constater que plus le temps passe, plus les opinions tendent à lui octroyer le titre d’album culte. A part la reprise de « Jezebel », « Summertime », le slow hyper sensuel « The Men From El paso », qui peuvent être considérés comme usuels dans son répertoire, le reste décolle très haut. Jamais un chanteur et aussi l’orchestre, n’a mis une telle furie dans son interprétation, certains passages frisent la démence. C’est la punk attitude, plus de dix ans avant. Avec cet album, le rock and roll a certainement tourné une page de son histoire. Reste à l’admettre pour certains.
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Honnêtement tous les ingrédients de ce disque un peu fou, ne sont pas complètement un hasard. Vince n’est pas au mieux dans son esprit, il semble un peu avoir flippé, suite à une consommation de certaines drogues. Alors qu’il devait faire une prestation devant son beau-frère, qui souhaitait le faire démarrer aux USA, il devient complètement incohérent dans ses propos. Il se prend pour un prophète et veut transmettre la bonne parole, au lieu de chanter sur scène. A partir de là, c’est la dégringolade. Passage en maison de repos, moments de lucidité et de folie. Pendant quelques années, il se trouve écarté de la scène, sauf quelques prestations dans des endroits secondaires où on veut bien prendre le risque de l’engager. Barclay continue malgré tout de maintenir sa discographie partiellement disponible. En 1967, il participe à la tournée « L’épopée du Rock », un album de compilation est publié avec le même titre. Il permet de se procurer quelques titres de la première époque, depuis longtemps épuisés et un inédit « Hello Mary Lou ». En 1972, le fameux album de 65 est réédité sans le bruit du public. vt33tr2
En 1974, une tentative sérieuse de comeback a lieu. Le chanteur Christophe publie sur son label Motors, un album intitulé « Cadillac », une version ralentie de son titre y figure. Quelques autres titres très bons et intéressants comme la reprise de « L’homme A La Moto ». Malgré l’évidente qualité de cet album, l’histoire sera sans suite. En 1977, un album en public au tirage très limité est publié par un fan, « Live 77 ». En 1980, le label de rockabilly fondé par Jacky Chalard, Big Beat, lui donne la possibilité de sortir un 33trs 25cm, avec de bons musiciens, mais toujours des reprises. En 1987, on remet ça avec presque la même équipe. Un double album intitulé « Bien Compris » aligne des nouveaux titres et quelques reprises. Ce sera sa dernière tentative discographique.

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Pendant toutes ces années et depuis 1965, Vince est passé de la lumière à l’obscurité, et vice-versa. Certains ont tiré un peu de son jus pour en faire quelques chose. Tout d’abord les Renegades, qui eurent en 1965 l’idée de reprendre « Brand New Cadillac », d’en ralentir le rythme et de l’appeler « Cadillac ». Ce fut un succès monstre, dans les pays nordiques et l’Italie. Il devint un titre repris et joué sur scène par un nombre impressionnant de groupes. Les Shamrocks, les Hepstars dans lesquels on retrouve Benny Anderson un futur Abba, en firent aussi un succès. Pas mal d’artistes rendirent hommage à Vince par une chanson. Les Hollandais Golden Earring, enregistrèrent « Just Like Vince Taylor ». David Bovie s’inspira de son histoire pour Ziggy Stardust. En 1976, une sorte d’autobiographie mise en page par interview « Le Survivant » est publiée aux éditions Delville. On y retrouve son histoire et aussi son côté fantaisiste. En 1979, le groupe Clash acheva de rendre « Brand New Cadillac » populaire dans le monde entier en le reprenant sur l’album « London Calling » dans une superbe version. En 1983, Vince se marie et va habiter en Suisse, où il mène une vie plus paisible, presque retiré. Pendant ce temps, sa discographie est constamment rééditée et compilée, avec des nombreux inédits et un peu tout ce qu’il avait enregistrée ici et là, ou ce qu’on avait bien voulu enregistrer. Atteint d’un cancer il meurt le 28 août 1991, il est enterré au cimetière de Lutry en Suisse, près de Lausanne.
Vince Taylor fut un personnage à part dans l’histoire du rock and roll. Il est ans doute un des rares qui n’en fut pas un des créateurs et qui en devint une icône. Sa présence sur scène, ses shows restent uniques dans l’histoire. Jamais, peut-être à part Presley au début, on ne trouva cette musique associée de si près à la sensualité et même à l’érotisme. Victime de son caractère instable et de ses lubies de star parfois exagérées, il fut aussi le jouet d’un entourage parfois véreux, rappelons-le. Quand il montait sur scène, il aurait pu dire à l’instar de Louis de Funès dans « La Grande Vadrouille »: je ne veux que le rock and roll et moi!

Ecouter gratuitement et télécharger Vince Taylor sur MusicMe.

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