Théatre des Variétés – 1954

Dans un coin de Paris, proche du coeur, le Théatre des Variétés est né quelques années après la Révolution, en 1807. Il vit défiler de nombreuses vedettes dont Sacha Guitry et Fernandel. C’est l’endroit où l’on y joue plutôt des concerts ou des représentations qui tiennent l’affiche avec des artistes déjà confirmés. En nous penchant sur un de ses programmes imprimé, on va retrouver une page de la vie de cette ville qui fait et défait les vedettes
Du 2 avril au 31 mai 1954, c’est au tour de Patachou de faire son récital. Cette dame qui s’est lancée dans la chanson un peu par hasard en prenant la direction d’un cabaret qui lui donnera son nom d’artiste, est un des meilleurs produits d’exportation de la chanson française de cette époque. Au début des années 50, après les passages obligés de Paris, l’ABC, Bobino, elle va vite devenir une star d’envergure internationale se produisant dans les lieux les plus prestigieux des capitales les plus renommées. Grâce à son flair artistique, son cabaret va devenir le lieu d’envol pour un chanteur alors inconnu, Georges Brassens. Elle est la première à interpréter ses chansons sur scène, Brassens avait tellement le trac sur scène qu’il préférait être compositeur, plutôt qu’interprète. L’histoire finira autrement, mais c’est bien à elle qu’il doit d’avoir trouvé la force de devenir le chanteur qui entrera dans toutes les chaumières.
Printemps1954, Patachou va faire son récital au Théatre des Variétés. C’est un événement qui fait courir le tout Paris, diable la télévision est encore un boîte à images que tout la monde ne possède pas. En pénétrant dans les lieux, on imagine entendre la voix d’un employé lançant un « demandez le programme! ». Un programme justement il en existe un, accessible au prix de 200 francs de l’époque. C’est de lui dont je veux parler, comme témoignage de ce qu’il était de bon ton de présenter jadis. Et puis en le parcourant, on a un peu l’impression de remonter le temps, de flâner un temps avec la chanson de tradition française, celle qui partait à la conquête des pays encore un peu lointains et de remonter aux débuts d’un certain Georges Brassens dont on a souvent l’impression qu’il a toujours existé.
La page de couverture est assez banale

Vous remarquerez que deux noms d’artistes y figurent, Patachou et Jean Rigaux. La première partie est en effet dédiée à ce conteur d’histoires drôles, alors très populaire. Il adorait égratigner le monde politique à la manière du Canard Enchaîné. Par la suite il se dirigea vers un répertoire d’histoire plus coquines où, ma foi, les bas et les jarretelles volent dans sa bouche. On le verra aussi au cinéma dans une trentaine d’apparitions dont René la Canne . Il a aussi publié un livre de souvenirs Eh ben ça va très bien (1975 Robert Laffont), formule qu’il avait l’habitude de placer au début de ses shows. Il s’y présente comme un chaud lapin, ce qui n’est pas impossible. Son témoin de mariage n’est autre que François Mitterrand. Il est mort en 1991. ll est mort en 1991, âgé de 82 ans.
Après une page de pub sur la discographie de Patachou et le menu du programme, deux textes, l’un de Pierre Mac Orlan et l’autre de Georges Brassens, présentent l’artiste.
La suite est consacrée à Rigaux avec un texte manuscrit de Marcel Pagnol.

Une pub parfumée modèle 1954

La répertoire du récital de Patachou

On remarque que Charles Aznavour, Léo Ferré figurent déjà dans son programme.

Une pub pour des bas est tout à fait dans les moeurs de l’époque. Il y a des dames dans la salle. Admirez la présentation du produit. On commence à parler de bas sans coutures

Le programme profite aussi pour présenter quelques photos de Patachou avec quelques vedettes de l’époque qui ne sont pas sans importance, Bing Crosby, Gary Cooper, Marlène Dietrich, Edward G. Robinson, que du beau monde nourri aux hamburgers, l’Amérique fait encore beaucoup rêver. Et bien sûr, c’est la moindre des choses, Georges Brassens, qui commence vraiment à voler de ses propres ailes et deviendra bien plus populaire que celle qui l’a lancé. Une légende à côté d’un mythe.

Voié pour l’essentiel de ce programme qui mentionne aussi que les chemisiers de Patachou sont de chez Raffaelle et qu’elle est coiffée par Gérard, choses indispensables à savoir pour les dames qui veulent « être comme ellle ». Ce sont quelques pages qui résument l’ambiance d’une époque, sans que l’on ressasse le bon vieux temps, Des souvenirs pour les amateurs de chansons bien de chez nous, un air de musette le long des quais. Même si Patachou est éclipsée par la grande Edith Piaf, elle se construisit un répertoire qui demeure dans les mémoires. Son fils, Pierre Billon, lui aussi dans la chanson, perpétue l’héritage maternelle.

La voici où elle interprète Montand d’une manière pétillante et à l’évidence, sait occuper une scène.

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Froufroutements de crinolines coquins

crinolineLa crinoline a toujours des adeptes. Sous-vêtement apparu au cours de la première moitié du XlX ème siècle, il était plus que contraignant pour la femme qui voulait le porter, mais pas dépourvu d’un certain charme. Une armature donnait l’effet du bouffant et d’ampleur à un tissu en crin de cheval, lin, ou coton. Réservé principalement aux coquettes d’un milieu bourgeois, il ne permettait à la femme que de se tenir droite et les effets du vent pouvaient être redoutables. La crinoline connut pourtant une grande vogue au cours du siècle en adoptant différentes tendances allant du cercle parfait à l’élipse. Au tournant du siècle, le jupon et ensuite la combinaison remplacèrent peu à peu cette mode. Les années 50 et le rock and roll, surtout la danse du même nom et comme tenue de danseuse, remirent à la mode ce fameux vêtement. Dans une version plus allégée, il s’agit de se bouger sur la piste de danse, constituée principalement de plusieurs épaisseurs de jupons et d’une robe plus courte. L’effet volant quand les danseuses tournent, dévoilant le haut des bas quand elles en portent, fait toujours son petit effet. De nos jours, il y a encore quelques charmantes demoiselles ou dames qui affectionnent de porter une crinoline, des bas à couture, de quoi nous rappeler une époque révolue, mais combien charmante.
En voici, descendues tout droit de leurs machine à remonter le temps. Les bas, le porte-jarretelles et le reste, me paraissent tout à fait avoir un goût d’authenticité, spectacle tel que nos pères et nos grand-pères purent le contempler jadis.
Merci à ces dames de nous le rappeler.