Manfred Mann, fut l’un des groupes les plus déroutants des sixties. Ils ont eu la faculté d’aligner une série de trucs, souvent des reprises, calibrés pour occuper les premières places du hit parade, ce qu’ils firent quasiment sans interruption entre 1964 et 1970. Ca c’est c’est pour le côté pile, ils amassaient pas mal de fric en s’amusant et en étant hissés au rang d’idoles. Mais en y regardant de plus près, on découvre une toute autre démarche bien plus proche de leurs aspirations personnelles. Le leader du groupe et claviers, Manfred Mann, vient des milieux du jazz. Les autres Paul Jones (chant, harmonica); Mick Vikers, guitare, saxophone; Tom McGuiness, basse; Mike Hugg, batterie, vibraphone, sont plutôt des accros du blues et du r’n’b. Ces tendances se trouvent dans les enregistrements, enfin pratiquement tout ce qui n’est pas enregistré avec option hit parade. Le premier album sorti en 1964 « Five Faces Of Manfred Mann » est le métronome de cette tendance musicale, il ne contient aucun hit. A part peut-être l’album d’Alexis Korner Blues Incorporated sorti en 1962, c’est un album pionnier dans ce que l’on baptisera un peu plus tard « UK Blues Boom ». Il n’y a guère comme équivalent cette année-là en Angleterre, que le « Five Live » des Yardbirds assez proche dans la démarche, John Mayall n’a pas encore publiée d’album. Pour une moitié ce sont des reprises, Howlin’ Wolf, Muddy Waters, Bo Diddley, Cannonball Adderley, Don Raye. Le reste aligne des compositions du groupe de la même veine.
Un album savoureux qui a marqué ma jeunesse et m’a fait découvrir, avec celui des Yardbirds, tout un monde dont j’ignorais le charme. Mais je me suis bien rattrapé depuis.
Smokestack Lightning
Don’t Ask Me What I Say
Sack o’ Woe
What You Gonna Do?
Hoochie Coochie Man
I’m Your Kingpin
Down the Road Apiece
I’ve Got My Mojo Working
It’s Gonna Work out Fine
Mr. Anello
Untie Me
Bring It to Jerome
Without You
You’ve Got to Take It
Durant les sixties, la discographie française se distingua par le nombre impressionnant de publications qui furent faites sous la forme de EP, c’est à dire quatre titres, deux par face. Le principe de base était un peu mercantile, on vendait deux fois plus de marchandise sur la réputation d’un titre principal ou d’un succès, le 45 tours simple avec deux titres était réservé à la promotion et aux jukeboxes. L’avantage principal de ces EP’s demeurait dans le fait que ces éditions étaient présentées dans une pochette avec le plus souvent une photo de l’artiste et un emballage cartonné et plastifié plus résistant à l’épreuve du temps. L’Angleterre et les USA eurent beaucoup moins recours à ce genre de publications. Le plus souvent, la règle était le 45 tours simple emballé dans une simple pochette à trous permettant de voir l’étiquette du disque. Aujourd’hui ces fameuses disques EP’s français, surtout ceux concernant des artistes étrangers, sont recherchés par les collectionneurs du monde entier car ils sont uniques dans leur genre et peuvent parfois atteindre des sommes folles s’ils sont très rares. Au fil des semaines, je vous en présenterai quelques uns parmi ceux qui attirent justement les collectionneurs. Ils seront présentés avec la pochette, éventuellement avec un scan de ma collection personnelle si je ne trouve rien de satisfaisant, les titres qu’ils contiennent, et le plus haut prix atteint par une enchère sur Ebay.
A écouter le groupe Creation, auparant les Mark IV, on remarque bien qu’ils sont assez proches des Who, pour ne pas dire qu’ils les imitent. Le groupe a malgré tout une certaine créativité et ils se distinguent par un répertoire constitué principalement de titres originaux assez accrocheurs. Le guitariste du groupe Eddie Philips est selon toute les anecdotes, le premier qui tira des sons sur scène en frottant un archet sur sa guitare. On verra aussi un peu plus tard Ronnie Wood, le futur Rolling Stones, dans les rangs du groupe. Malgré tout, cela ne marche pas très fort en Angleterre, mais ils connaissent une certaine popularité en Allemagne ou l’on verra un album et un best of édités. Mais c’est aussi un groupe qui fabrique les collectors à la pelle. Redécouverts dans les années 1980, on recherche évidemment les pièces originales. C’est encore une fois la France qui se distingue par les deux EP’s publiés en 66 et 67, magnifiés par deux splendides pochettes, très représentatives du courant « mod » très en vogue à cette époque. Le deux sont rares, mais le second l’est beaucoup plus, on peut même affirmer que c’est la pièce maîtresse de leur discographie au niveau collectors. C’est le genre de disques que l’on peut se féliciter d’avoir eu la curiosité d’écouter et d’acheter il y a bien longtemps.
Ironie de la photo de la pochette, elle est prise devant la fameuse salle de vente aux enchères Christie’s où le disque pourrait presque se vendre aujourd’hui.
The Creation – Vogue INT. 18 144, publié en 1967, meilleure enchère sur Ebay 1232 euros.
Tom Tom
If I Stay Too Long
Can I Join Your Band
Nightmares
Envies de découvrir autre chose ?
La musique n’a pas de frontières. S’il y a bien un point où je suis très éclectique, c’est assurément la musique. Entre un disque de hard rock et un opéra, pour moi c’est de la musique. C’est la différence qu’il y a entre un plat de haricots et un entrecôte bordelaise, les deux pris dans leur contexte propre peuvent s’avérer délicieux. Je fouille, j’écoute, je trouve, et puis quelquefois je tombe sous le charme. C’est pour moi une quête permanente.
Je vous invite à partager ces découvertes au hasard. Des artistes qui ne font pas forcément la une des médias, mais qui ne sont pas dépourvus d’un certain magnétisme ou plus simplement nous présentent une belle vision musicale.
Ceux qui me suivent savent que je suis la moitié d’un Italien par ma mère, alors forcément la musique du pays est un peu présente dans mon sang, au même titre que la cuisine et le romantisme, oui, oui, je suis un romantique. J’aime l’Italie profonde, celle des petites gens simples, celle des coins un peu retirés où il n’y a que des Italiens, celle du café noir comme la nuit avec la petite grappa qui l’accompagne. Alors voici trois chansons populaires qui ont pour origine le sud de l’Italie, la Calabre. Leur manière de parler peut être comparée à notre marseillais en plus prononcé, c’est un véritable dialecte, pas forcément toujours très compréhensible pour un habitant du nord. Mais ce n’est pas forcément rebutant, elle fait resurgir de vieilles traditions. Rappelons que la Calabre fait partie de L’Italie que depuis 1860.
Jenny Caracciolo – Regina Bella Di La Muntagna. C’est une sorte de blues à l’italienne. Vous l’aurez remarqué, si vous êtes amateur de cette musique, on cite souvent Dieu dans les paroles. Ici ce n’est pas très différent, mais il s’agit de la Vierge Marie, la « Madonna », très présente dans la vie des Italiens, autant sous forme d’interjection que de croyance religieuse. C’est un condamné aux galères qui adresse une prière à la Madonna di Polsi, un village situé dans la province de Reggio Calabria. C’est un lieu de pèlerinage dédié à la Vierge comme il en existe de nombreux dans le pays, chacun veut un peu le sien. Ici le légende raconte que la Vierge serait apparue à un berger et lui demanda de construire une église. La chanson a toute la saveur de l’Italie et de ses croyances.
Otello Profazio – U Ciucciu Miu. On est aussi très près d’un blues. Cette chanson très connue en Italie raconte la tristesse d’un homme dont l’âne, son fidèle compagnon, vient de mourir. Pure chanson en dialecte calabrais.
Eugenio Bennato – Riturnella. Autre air populaire calabrais, une chanson sur les choses qui vont et qui viennent, qui vont à la mer et qui viennent d’elle. Arrangée de manière moderne, elle a le potentiel d’un tube et montre que cette chanson aurait pu avoir comme origine un autre pays latin. Eugenio Bennato est très connu en Italie, et un peu comme Angelo Branduardi, il mélange l’ancien et le nouveau.
Bonjour M. Boss,
A noter que pour Manfred Mann , dans les différentes reformations de ce groupe, , figure aussi Klaus Voormann musicien proche des Beatles .
Bonne semaine
cooldan
Hello Cooldan,
Vous avez parfaitement raison, Voorman fit partie du groupe jusqu’à sa dissolution au profit de Earth Bamd. Son prédécesseur fut brièvement Jack Bruce qui partit pour Cream, on peut l’apperçevoir sur une ou deux photos.
Bonne suite de semaine