En 1963, il y a eu une bataille à Liverpool. Il n’y eut ni coup de feu, ni coup de canon, elle a eu lieu plutôt à coup d’amplificateurs. Les forces en présence sont d’un côté les Beatles, de l’autre Gerry et les Pacemakers. Ils ont plusieurs points communs, ils viennent de Liverpool, ils sont signés par EMI, et surtout ils ont le même producteur, George Martin. Pendant quelques temps, ils fusionnèrent même très brièvement pour ne former qu’un ensemble. Les Beatles sont les premiers à entrer dans le hit parade anglais fin 1962, mais le premier single de Gerry et les Pacemakers, au début 1962, fait d’eux le premier groupe de Liverpool a être no 1. Autre ironie, ce no 1 est une chanson que les Beatles ont refusée, mais néanmoins enregistrée « How Do You Do It ». Ils vont établir un autre record, toujours pas battu, celui d’être no 1 avec leurs trois premiers singles, le deuxième est « I Like It » et le troisième « You’ll Never Walk Alone ». Pendant une bonne année, qui de l’un ou de l’autre allait gagner la bataille, on se posait la question, les paris étaient ouverts. Maintenant on le sait, on peut épiloguer, mais disons qu’entre les deux on peut comparer une vague et un tsunami. Les Beatles avaient tout pour eux, des génies de la composition, tandis que Gerry assumait seul le travail et il était moins prolifique, sans doute un peu moins génial, bien qu’il en composa une ou deux mémorables, dont une fut no 1. Gerry assumait seul le chant, et il était sans doute plus à l’aise dans les slows que dans les rocks, les Beatles poussaient les harmonies vocales, chacun étant capable de chanter en solo. Gerry et son équipe ne reflétaient peu ou pas la mode, alors que les Beatles adoptaient des tenues vestimentaires cool, eux restaient engoncés dans des costars et cravates, ceci encore en 1967. Même si l’art de composer fut assez vite absent chez Gerry, il était par contre un assez bon showman, très jovial, et savait mettre le public à l’aise. Lors de concerts, on a moins cette impression de stars inatteignables, comme ce fut le cas pour les Beatles. Même si les Pacemakers sont retournés dans l’ombre depuis longtemps, lui est resté une star jusqu’à sa mort en 2021, et on peut dire que Liverpool fut en deuil.
Pour faire une comparaison, nous allons parcourir le premier album du groupe « How Do You Like It », tout en ayant à l’esprit le premier des Beatles. Bien que très plaisant, il n’y pas la magie de celui des Fab Four. Initialement, il ne contient que deux originaux composés par Gerry, tout le reste étant des reprises, Larry Williams, Arthur Alexander, Chuck Berry, Tony Orlando, Hank Williams, Ralph Marterie, Gershwin. Il ne contient pas de hit, enfin dans un premier temps ce n’était pas prévu comme cela, voyons plus en détail. Après deux no 1, George Martin cherchait matière au troisième single. Il pense alors à publier en single, le titre qui clôturait la face A de l’album « You’ll Never Walk Alone ». C’est un extrait d’une comédie musicale de Broadway sortie en 1945, « Carousel ». L’idée est bonne, car la popularité du titre va bien au-delà de celle des singles précédents, il est un mois no 1 et reste dans les charts anglais pendant plus de cinq mois. Il se classe aussi no 1 en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Irlande. Il est par la suite adopté comme l’hymne du FC Liverpool, aussi prisé occasionnellement par d’autres clubs, comme un chant de ralliement. Mais ce n’est pas tout, avec la collaboration de Paul McCartney en 1985, il reforme un groupe the Crowd, qui enregistre une nouvelle version qui sera également no 1. C’est un hommage aux morts dans l’incendie du Bradford City stadium. Gerry est sans doute le seul artiste qui fut deux fois no 1 en Angleterre, avec deux versions différentes de la même chanson. En 2012, la version des Pacemakers réapparait dans les chars irlandais et se classe quatrième. Rien d’étonnant à ce que Gerry soit resté très populaire à Liverpool. Avec le décès de Gerry, il ne reste plus qu’un seul survivant du groupe original, le pianiste Les Maguire.
Voici donc ce premier album, j’ai choisi la version stéréo. Il fut très populaire à sa sortie puisqu’il se classa à les deuxième place de hit parade des albums en 1963. Comme je le disais plus haut, c’est un disque plaisant, mais comparé au premier Beatles, c’est quand même un ton au-dessous. On pourrait aussi faire le même constat pour d’autres gloires de Liverpool, n’est pas Beatles qui veut. Mais cela n’enlève rien au plaisir de l’écouter.
A Shot Of Rhythm And Blues
Jambalaya
Where Have You Been?
Here’s Hoping
Pretend
Maybelline
You’ll Never Walk Alone
The Wrong Yo Yo
You’re The Reason
Chills
You Can’t Fool Me
Don’t You Ever
Summertime
Slow Down
Gerry en 2019, chante encore une fois son éternelle chanson avec le groupe Take That. On ne peut pas dire qu’il y avait personne pour l’écouter.
Durant les sixties, la discographie française se distingua par le nombre impressionnant de publications qui furent faites sous la forme de EP, c’est à dire quatre titres, deux par face. Le principe de base était un peu mercantile, on vendait deux fois plus de marchandise sur la réputation d’un titre principal ou d’un succès, le 45 tours simple avec deux titres était réservé à la promotion et aux jukeboxes. L’avantage principal de ces EP’s demeurait dans le fait que ces éditions étaient présentées dans une pochette avec le plus souvent une photo de l’artiste et un emballage cartonné et plastifié plus résistant à l’épreuve du temps. L’Angleterre et les USA eurent beaucoup moins recours à ce genre de publications. Le plus souvent, la règle était le 45 tours simple emballé dans une simple pochette à trous permettant de voir l’étiquette du disque. Aujourd’hui ces fameuses disques EP’s français, surtout ceux concernant des artistes étrangers, sont recherchés par les collectionneurs du monde entier car ils sont uniques dans leur genre et peuvent parfois atteindre des sommes folles s’ils sont très rares. Au fil des semaines, je vous en présenterai quelques uns parmi ceux qui attirent justement les collectionneurs. Ils seront présentés avec la pochette, éventuellement avec un scan de ma collection personnelle si je ne trouve rien de satisfaisant, les titres qu’ils contiennent, et le plus haut prix atteint par une enchère sur Ebay.
Certains disques malgré une attractivité de contenu indéniable n’attirent que peu les collectionneurs, donc les prix restent plutôt bas. Les plus anciens d’entre vous se rappelleront d’une chanteuse anglaise très populaire au début des sixties, Helen Shapiro. Avoir deux numéro un en Angleterre à la suite quand on n’a que 15 ans c’est pas très courant. 1961 fut son année de gloire, et elle enregistra dans la foulée un EP qui contenait des standards de blues/jazz, chose aussi assez inhabituelle pour une adolescente. Cet EP fut publié en Angleterre et en France, sans qu’il attire les foules, c’est malgré tout du bon travail. Elle enregistra également quatre titres en français. Elle disparut assez vite des classements, laissant la place à une certaine Dusty Springfield. Lors d’une tourné où elle était la vedette, elle emmena avec elle un groupe très prometteur, les Beatles. Elle vit toujours, et après avoir évolué dans les milieux du jazz, elle s’est tournée vers la religion, mettant sa carrière en veilleuse. Voici cet EP qui ne contient que trois titres, un titre occupant toute une face.
Helen Shapiro – Columbia ESDF 1423, publié en 1962, meilleure enchère sur Ebay 30 euros.
A TEENAGER SINGS THE BLUES
BLUES IN THE NIGHT
ST LOUIS BLUES
A la télévision avec des visages que l’on connaît bien
Envies de découvrir autre chose ?
La musique n’a pas de frontières. S’il y a bien un point où je suis très éclectique, c’est assurément la musique. Entre un disque de hard rock et un opéra, pour moi c’est de la musique. C’est la différence qu’il y a entre un plat de haricots et un entrecôte bordelaise, les deux pris dans leur contexte propre peuvent s’avérer délicieux. Je fouille, j’écoute, je trouve, et puis quelquefois je tombe sous le charme. C’est pour moi une quête permanente.
Je vous invite à partager ces découvertes au hasard. Des artistes qui ne font pas forcément la une des médias, mais qui ne sont pas dépourvus d’un certain magnétisme ou plus simplement nous présentent une belle vision musicale.
Los Jaivas est un groupe chilien qui existe depuis bientôt 60 ans et qui est très populaire dans son pays. Ils mélangent avec un certain bonheur la tradition musicale locale avec la pop. Comme dans la plupart des musiques ethniques, chacune a son propre charme, à condition de pouvoir le saisir. Elles trouvent encore plus à séduire quand elles sont interprétées en live. Plus que des paroles, les voici en commençant par un vieux clip…
Mira Niñita, en 1969
Sube A Nacer Conmigo Hermano, sur un text de Pablo Neruda
Cancion Del Sur
Bonjour M. Boss
Moment incroyable où Gerry Marsden chante « you’ll never walk alone » avec Take That à Anfield……RIP Gerry !
Tournée Helen Shapiro soit la première tournée anglaise des Beatles dura du 2 février 1963 au 3 mars 1963.
Bonne semaine
cooldan
Hello Cooldan,
Ah Gerry et ses Pacekmakers, cela me rappelle de bons souvenirs quand j’avais 11 ou 12 ans, après je me suis tourné vers d’autres choses. Mais j’ai toujours eu un oeil dessus. Il est vrai que cette fameuse chanson reste collée à son nom, la preuve par ce clip.
Merci pour les dates sur Helen Shapiro, presque au moment de mon 10ème anniversaire. J’ai quelques disques d’elle, j’aime bien sans aller jusqu’é la divination. Je peux lui préférer Dusty Springfield dans le même registre.
bonne fin de semaine