En passant

Inventaire musical à la Prévert (74)

MC5 – Kick Out The Jams. Elektra US EKS-74042, 1969. Personnel : Rob Tyner, vocal (décédé en 1991); Wayne Kramer, guitare;; Fred « Sonic » Smith, guitare (décédé en 1994, fut le mari de Patti Smith); Michael Davis, basse (décédé en 2012); Dennis Thompson, batterie

J’ai présenté il n’y a pas si longtemps un album enregistré en public qui établit pour l’éternité le nom de Janis Joplin. On pourrait presque dire la même chose de celui dont je vais parler. Il s’agit du premier album de MC5 sorti en 1969 et enregistré en live à Detroit. Nous sommes dans une époque où il est de bon ton d’écouter de la pop musique, mais certains sentent déjà un petite lassitude les gagner, ils cherchent autre chose. Si j’en parle c’est que je l’ai ressenti tel quel, je n’avais pourtant que quinze ans. Sans cesser d’écouter Cream ou les premiers Pink Floyd, je n’étais pas réfractaire à changer un peu de tempo, j’ai toujours fonctionné ainsi. Le déclic fut la reprise de « Summertime Blues » d’Eddie Cochran par Blue Cheer qu’il transformèrent en une sorte de hard rock primitif. Juste après il y eut le premier album des Stooges et celui de MC5, deux albums que je considère encore avec un grand respect.
MC5 viennent bien entendu du Michigan, comme les Stogges d’ailleurs. La différence entre les deux, autre que musicale, est que MC5 (Motor City Five, surnom de Detroit) était extrêmement politisé, tendance très à gauche, ce qui ne leur valut pas que des félicitations par la suite. Cela leur coûta même de se faire éjecter de leur label après ce premier album. Ils fréquent par ailleurs assidument le musicien de free jazz noir, Sun Ra, qui est une sorte de philosophe à prétention cosmique et surtout un grand défenseur de la cause de Noirs. Musicalement avec ce premier album on entre dans une ère qui préfigure le punk, mais c’est surtout une formidable dépense d’énergie avec des guitares affûtés dominée par les deux solistes du groupe en intérim. On peut aussi dire sans se tromper que c’est un groupe de scène, c’est là qu’il ont le plus de jus.
L’album est fait en partie de titres originaux, mais aussi des reprises : « Ramblin’ Rose » est une chanson de country originalement enregistrée par Jerry Lee Lewis, mais on n’en trouve plus de traces dans cette reprise. Pour les autres, « I Want You Right Now » vient des Troggs, « Motor City Is Burning » de John Lee Hooker, « Starship » le plus planant de l’album, est une composition de Sun Ra. Les reste est de fabrication maison. Il faut savoir que le titre qui donne son nom à l’album « Kick Out The Jams » a une spécialité. Puisque nous sommes en live, l’introduction du titre contient le terme « *motherfucker » un gros mot en anglais. Mais elle fut censurée et remplacée par le plus conventionnel « brothers and sisters ». Il est évident que les pressages qui contiennent la première affirmation sont plus recherchés que les autres. En ouverture de l’album, nous avons droit à une minute et trente secondes de présentation à base d’harangue politique. Mais c’est un album bouillant, même si pour certains cela n’était que du bruit, comme je le dis parfois : « Je déteste le bruit s’il ne ressemble pas à de la musique ! »
J’ai aussi quelques bons souvenirs avec ce groupe. En 2004, je reçois un téléphone me disant que le groupe, enfin ce qu’il en restait deux membres originaux étant décédés, allait donner un concert dans une ville voisine. On me demande alors si je voulais préparer un questionnaire et les interviewer, une télévision allait filmer le concert et l’interview, un rendez-vous était planifié avant le concert. Je n’allais pas dire non en prétextant que le samedi était le jour des commissions. J’ai donc accepté et me suis retrouvé en face de ces trois gaillards légendaires. Je peux souligner qu’ils furent de parfaits gentlemen et la complicité continua bien au-delà de l’interview dans le backstage et dans la bonne humeur. J’ai souvent remarqué que les artistes anglophones étaient très souvent plus conviviaux avec les fans que nos artisres nationaux, mais il ne faut pas non plus en faire une généralité, j’y ai aussi fait de très belles rencontres.
Allumons la mèche !!!

Ramblin’ Rose (la chanson commence vers 1’30)

Kick Out the Jams

Come Together

Rocket Reducer No. 62

Borderline

Motor City Is Burning

Motor City Is Burning

Starship

Documents

Trois titres furent enregistrés vers 1967, qui feront l’objet de publications en singles. L’ambiance à venir y est déjà perceptible, il suffit d’allumer la mèche.

I Just Don’t Know, un original du groupe et le plus remuant

I Can Only Give You Everything, reprise des Them

One Of The Guys, autre original du groupe

Ramblin Rose en live 1970, c’est Wayne Kramer qui chante

Plus récemment, Wayne Kramer vous enseigne les riffs de Kick Out The Jams

Durant les sixties, la discographie française se distingua par le nombre impressionnant de publications qui furent faites sous la forme de EP, c’est à dire quatre titres, deux par face. Le principe de base était un peu mercantile, on vendait deux fois plus de marchandise sur la réputation d’un titre principal ou d’un succès, le 45 tours simple avec deux titres était réservé à la promotion et aux jukeboxes. L’avantage principal de ces EP’s demeurait dans le fait que ces éditions étaient présentées dans une pochette avec le plus souvent une photo de l’artiste et un emballage cartonné et plastifié plus résistant à l’épreuve du temps. L’Angleterre et les USA eurent beaucoup moins recours à ce genre de publications. Le plus souvent, la règle était le 45 tours simple emballé dans une simple pochette à trous permettant de voir l’étiquette du disque. Aujourd’hui ces fameuses disques EP’s français, surtout ceux concernant des artistes étrangers, sont recherchés par les collectionneurs du monde entier car ils sont uniques dans leur genre et peuvent parfois atteindre des sommes folles s’ils sont très rares. Au fil des semaines, je vous en présenterai quelques uns parmi ceux qui attirent justement les collectionneurs. Ils seront présentés avec la pochette, éventuellement avec un scan de ma collection personnelle si je ne trouve rien de satisfaisant, les titres qu’ils contiennent, et le plus haut prix atteint par une enchère sur Ebay.

Pas toujours facile pour les maisons de disques de publier sous licence un truc qui marche dans un pays et qui peut-être ne marchera pas du tout dans les pays où il est repris. Nous avons aussi l’exemple contraire, un titre ignoré dans son pays d’origine et qui devient un tube ailleurs. Pour rester avec le label Decca, nous avons un exemple célèbre en France. Le second EP français de Moody Blues contenait « Bye Bye Bird », chanson presque ignorée en Angleterre figurant sur le premier album, elle devint un gros tube en France et on peut même dire que les quatre titre du EP furent diffusés sur les radios.
Ce ne fut pas le cas Pinkerton’s Assorted Colours, leur titre « Mirror Mirror » entra dans le top ten anglais mais passa complètement inaperçu en France. Il est de ce fait assez rare, il m’a fallu bien des années pour en trouver une copie, mais il suscite un intérêt assez modéré chez les collectionneurs. Il s’agit quand même d’un groupe qui n’a pas laissé un empreinte indélébile dans l’histoire de la musique, juste les traces d’un hit. Par contre ce qui peut attirer les collectionneurs, c’est les connexions qu’il y a eu par la suite avec d’autres artistes. Sous le nom de Flying Machine, il renouèrent avec un tube qui se classa cette fois-ci dans le top ten américain, « Smile A Little Smile For Me ». Un autre connexion existante, David Holland fut le batteur du Judas Priest, du hard rock bien visible. Le producteur Tony Clarke fut plus chanceux en s’occupant des Moody Blues à partir de 1967.

Pinkerton’s Assorted Colours – Decca 457113, publié en 1966, meilleure enchère sur Ebay 45 euros.

Mirror Mirror

She Don’t Care

Don’t Stop Loving Me Baby

Will Ya

Document

Magic Rocking Horse, clip tv. Un titre ne figurant pas, et c’est dommage, sur le EP

Envies de découvrir autre chose ?

La musique n’a pas de frontières. S’il y a bien un point où je suis très éclectique, c’est assurément la musique. Entre un disque de hard rock et un opéra, pour moi c’est de la musique. C’est la différence qu’il y a entre un plat de haricots et un entrecôte bordelaise, les deux pris dans leur contexte propre peuvent s’avérer délicieux. Je fouille, j’écoute, je trouve, et puis quelquefois je tombe sous le charme. C’est pour moi une quête permanente.
Je vous invite à partager ces découvertes au hasard. Des artistes qui ne font pas forcément la une des médias, mais qui ne sont pas dépourvus d’un certain magnétisme ou plus simplement nous présentent une belle vision musicale.

Par les temps qui courent, on imagine volontiers que pour devenir une star il faut acheter une guitare électrique ou faire du rap. C’est une fausse idée, car il y en a qui arrivent avec d’autres instruments, un violoncelle par exemple.
Stjepan Hauser est justement un de ces violoncellistes qui a l’instar de Pink Floyd ou Led Zeppelin arrive à remplir un stade où une arène. Il est d’origine croate, né en 1986, et peut se targuer d’être connu dans le monde entier auprès de ceux qui ont un penchant pour la musique classique. Sa chaîne Youtube a plus de deux millions d’abonnés et le moindre clip atteint vite les millions de vues. A l’instar de Pavarotti pour l’opéra, il n’interprète pas que les vieux airs mais sait aussi glisser des choses beaucoup plus modernes dans ses interprétations. C’est une preuve de plus que la musique, n’a pas de frontières, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur d’elle même. J’aime ce genre de personnages, ils rassemblent les foules et on n’a pas vraiment envie de se taper dessus à la sortie d’un de ses concerts.

Valse No. 2 – Shostakovich. Une célèbre valse interprétée en live. Regardez le musicien, il a vraiment l’air de prendre son pied. Et je suis sûr que dans la salle, il y a au moins 500 femmes qui rêvent de coucher avec lui.

Wicked Game. Célèbre musique de film et chanson de Chris Isaak dans un clip très sensuel.

Czardas. Une danse hongroise avec la violoniste Caroline Campbell, deux virtuoses époustouflants.

Yesterday. Il aurait êté très étonnant qu’il n’aille pas chercher quelque chanson dans le répertoire des Beatles. Eh bien c’est fait, l’une de celles que Chopin ou Liszt auraient pu écrire.

Highway To Hell. Avec un complice Luka Sulic, sous le nom de 2Cellos, ils revisitent AC/DC, sûrement figurant dans la discothèque des parents.

2 réflexions sur “Inventaire musical à la Prévert (74)

  1. Bonjour M. Bossz,
    MC5 ….du bruit !! pour certains peut être …mais qui reste musical, avec une alchimie d’ instruments .., de la recherche !! on peut pas dire ça de la musique actuelle, comme le Rap, quasiment toujours le même rythme, il y a que les paroles qui changent….et quelles paroles ? , c’est mon ressenti, ,mais pour ceux qui aiment, aucun souci .
    HAUSER sous son nom, ou avec son groupe 2CELLOS , toujours de belles reprises.
    Sous le nom de 2CELLOS, j’avais beaucoup aimé sa reprise de « Live and Let Die » de McCartney , une reprise pleine d’énergie, comme le veut ce morceau .
    Bonne semaine
    cooldan

  2. Hello Cooldan,
    Oui le rap c’est toujours un peu la même chose, c’est comme aller visiter Le Louvre tous les jours, de temps en temps un nouveau tableau, au début c’est bien mais après…
    Hauser est très intéressant dans ses reprises, mais il illustre bien que les Beatles sont partout, Je pense que dans quelques siècles ils seront toujours présents.
    Bonne suite de semaine

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