Nos disques mythiques (12)

Toujours ce foutu plaisir que les collectionneurs ont de parler des pièces qu’ils possèdent dans leur collection, la timbale consistant à posséder un pièce dans un style que l’on adore.

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Creation est un groupe anglais qui est apparu en 1966. Aujourd’hui le groupe est unanimement adulé par tous les fans des années 60 tendance mods. Rappelons ce phénomène typiquement anglais qui se partageait les faveurs des teenagers anglais à partir du milieu des années 60. Les rockers, c’est exactement l’image qui a survécu jusqu’à nos jours, blousons noirs, motos pétaradantes, bagnoles filant à grande vitesse et musique rock style années 50. Les mods, c’est le contraire, genre fils de bonne famille, très élégant et soigné dans sa tenue vestimentaire, plutôt amateur des nouvelles tendances musicales créatives. Déclarés rivaux, il s’affrontaient en de sérieuses bagarres quelquefois, voilà pour les clichés.

La démarche musicale de Creation n’est pas très loin de celle des Who de l’époque, on peut parfois croire qu’il s’agit d’eux. La similitude de leur démarche musicale peut s’arrêter là. Si les Who connaissent un succès énorme, eux sont nettement en retrait. Ils sont connus d’une plus ou moins grande minorité, mais sans plus. Le point central du groupe est le guitariste Eddie Philips, un des grands musiciens de l’époque, ainsi que le chanteur Kenny Pickett. On peut aussi noter que le stonien Ronnie Wodd, fit partie du groupe sur la fin. On peut le voir sur certaines photos. Philips semble être le premier a avoir utilisé un archet de violon pour tirer des sons de sa guitare, Jimmy Page admet s’en être inspiré et par la suite les Who lui ont demandé de les rejoindre, les grands esprits se ressemblent. Si les succès est modéré en Angleterre, ils sont plus populaires en Allemagne, assez pour qu’un album soit publié là-bas. Il est sans doute un point où tout le monde peut être d’accord, c’est le nombre de pièces de collection que compte la discographie originale.

Il y a en a deux magnifiques publiées en France par Vogue, à des prix de cotations au marché actuel qui vont chercher dans les quelques centaines d’euros, parfois plus de 500. Je vais vous parler de la seconde, la plus rare, une copie s’est vendue plus de 1200 euros sur Ebay il n’y a pas si longtemps. Il se démarque par rapport au premier dans le sens où le style est plus personnel, plus démarqué de celui qui approche la production des Who. Nous sommes au tournant de la musique anglaise qui a flirté longtemps avec le son de Liverpool. Les musiciens commencent à s’intéresser à la musique psychédélique qui a conquis l’Amérique. Son équivalent national est plus calme, plus intimiste. Creation sera bien présent dans cette vague surtout constitué d’artistes qui resteront assez obscurs, mais  qui verra l’apparition de Pink Floyd dans la mouture Syd Barrett.  Nul doute que cette publication contient un tube potentiel, annoncé en gros titre, « Tom Tom ». Ce titre  mis en évidence en France et en Allemagne n’a jamais bénéficié d’un publication en 45 tours simple en Angleterre. Initialement, il a sans doute été enregistré spécialement pour le marché allemand, justement où le groupe connaissait son plus faste succès. Sa récupération sur une publication en France est un de ces nombreux mystères du showbiz,  mais prouve bien que son potentiel aguicheur était là. Quoiqu’il en soit, il ne fut jamais un vrai hit à nulle part.  Une des causes qui fait qu’il est très recherché des collectionneurs reste que c’est l’unique possibilité de le trouver sur un EP 4 titres avec une superbe pochette, et comme je le souligne plus haut, il est sensiblement plus difficile à dénicher que la première publication. Les trois autres titres ne manquent pas de charme, c’est à découvrir.

Notre musique est rouge avec des flashes pourpres, c’est ainsi que le groupe se désignait à l’époque. Cette affirmation a survécu auprès de nombreux fans de l’époque, ils sont toujours très adulés autant pour leur démarche musicale que pour le succès plus conséquent qu’ils auraient mérité.

Je ne résiste pas au plaisir de vous présenter un clip tout récent sur lequel vous verrez Eddie Philips (avec la guitare rouge) tel qu’il se présente aujourd’hui. Il interprète un des titres phares du groupe « Making Time », s’amusant toujours avec son archet. C’est justement un titre qui ressemble pas mal au style des Who du début.

Jeter une bouteille musicale à la mer (4)

Allons faire un tour en Angleterre, le pays qui réussit à battre les USA avec leurs propres armes. Oui, les Beatles et tout ça, musiques essentiellement inspirées ou copiées chez les rivaux. Il n’en reste pas moins que les obscurités anglaises valent bien celles des cousins. Un petit tour pour en dénicher quelques unes.

The Wheels – British Freak Beat – GB mid sixties

Autant méconnus qu’extravagants, l’histoire de ce groupe irlandais émigré en Angleterre est très liée à celle des fameux Them, responsables du non moins fameux « Gloria ». Van Morrison fit un instant partie de ce groupe comme saxophoniste. Musicalement pas très différents, la même hargne, le même punch. Trois 45 tours très obscurs dont un est remarquable, le second, avec un titre qui eut l’honneur d’être repris   par les légendaires Shadows Of Knight « Bad Little Woman » et « Roadblock », pas très loin du « Mystic Eyes » des Them. Quel disque!!!

The Black Knights  – – British Beat – GB mid sixties

Certains groupes imitèrent tellement bien les Beatles que l’on pourrait croire que c’est eux. Si je vous disais que c’est un inédit des Beatles à leur débuts, vous me croiriez. Et pourtant…

The High Numbers – British Beat – GB mid sixties

On peut connaître  les Who et pas ceux-ci. C’est pourtant les mêmes, leur tout premier disque sous un autre nom. Un petit 45 tours à la valeur énorme financièrement parlant, vendu au moins à quelques dizaines d’exemplaires, c’est dire s’il est rare maintenant. Succulent, basique et très vintage. Voici les deux faces.

Exotisme – Pour les connaisseurs, vous remarquerez que le second titre est un pompage de « Got Love If You Want It » de Slim Harpo, alors assez populaire dans la version qu’en firent les Yardbirds sur l’album « Five Live » , Hou la honte!

Peter Jay & Jaywalkers –   British Rock – GB sixties première moitié

Certains groupes en mal d’inspiration reprennent des airs célèbres . Même si les groupe est anglais vous connaissez cet air bien français… Version rock!

Migil Five – British Blue Beat –  GB sixties première moitié

Certains artistes explosent pour mieux retourner à l’obscurité, même les nostalgiques oublient de les remttre à l’honneur.  Une chanson qui fut un tube pour eux et un très gros succès pour un artiste français que je ne nommerai pas. Tous les fans sixties la connaissent. Ah oui encore une chose, on peut appeler ça du ska, mais version vintage.

Jimmy Page – British Freak Beat –  – GB mid sixties

Mais oui, c’est lui le guitariste de Led Zeppelin, alors un musicien de studio réputé, qui tenta cette première aventure  en solo et se planta complètement. Ce titre est très inspiré de « Revenge », qui figurait sur le premier album des Kinks, dont Page s’attribua l’écriture, mais qui est probablement de la plume d’un autre Page, Larry, futur producteur des Troggs.

The Sorrwos –  British Freak Beat – GB mid sixties

Encore et toujours  l’un de mes groupes préférés. Un son splendide et une maestria grosse comme ça. Ils eurent un petit succès d’estime avec le premier titre. Le second est un titre sauvage, démentiel. Le troisième  est simplement délectable. Qui est capable de nous balancer des titres comme ça aujourd’hui?

The Action – British Mods Beat – GB  sixties seconde moîtié

Ce groupe, dans la mouvance des Mods, opposée aux rockers, est très connu des… collectionneurs. La moindre de leurs petites pièces atteint de belle sommes. A part ça, c’est   un grand groupe qui eut le même producteur que les Beatles, mais moins de retentissement. A redécouvrir d’urgence.

The Artwoods –  British R’n’b – GB  sixties seconde moîtié

Ronnie Wood guitariste des Rolling Stones avait un frère batteur, Art, qui donna son nom à cet excellent groupe. Jon Lord, futur Deep Purple en fit aussi partie. Gros succès sur scène, mais très limité au niveau disques. Quelques perles qui méritent notre attention.

INSPIRATIONS

D’autres, bien plus tard ou juste plus tard, sont encore sous le charme et les mettent à leur répertoire. Rien ne se perd…

La reprise des Shadows of Kinght du fameux titre des Wheels, plus soft, plus garage

En français le truc des Sorrows devient « Comme Au Poker » par le très grand Larry Greco