Continuons notre exploration de la Suisse des sixties. Dans le post précédent, je vous avait présenté quelques chanteurs et chanteuses qui appartiennent à la vague yéyé et variétés, hors du beat et du rock. J’avais terminé par quelques chanteurs que l’on peut classer dans un équivalent proche de la tradition de la chanson française. J’avais prévu de parler aussi de Jean-Pierre Huser, mais il est un peu un cas à part. Si une partie de son répertoire peut se classer chanson, une autre appartient à la musique progressive avec laquelle il a pas mal flirté. Je vais donc l’inclure ici, car je vais vous parler un peu de la pop en Suisse. Je déborderai un peu sur les seventies pour plus d’illustrations.
Jean-Pierre Huser – Né à Lausanne en 1940, il est d’abord attiré par la peinture, mais la chanson l’intéresse aussi. Il monte à Paris où il est remarqué au concours de l’Humanité Dimanche en 1964. Un premier disque de compilation en 33 tours sera publié par le journal. Il rencontre Serge Gainsbourg qui l’encourage à écrire ses chansons, ce qu’il fera tout au long des sa carrière. Il enregistre chez Philips en 65 et 66 deux 45 tours sans grands résultats. Par la suite il participe à des aventures musicales sans lendemain surtout comme compositeur. En 1969, les label L’Escargot lui offre la possibilité d’enregistrer un single qui préfigure le style à venir. En 1970, il intègre comme guitariste et chanteur, le groupe Total Issue, une référence en matière de musique progressive, pourtant composé de musiciens qui viennent du jazz. Après avoir quitté le groupe, il retourne en Suisse et publie un album sur le label Evasion en 1972. A partir de là, on peut le comparer à une version suisse de Jacques Higelin. Entre peinture, activités militantes, moniteur de ski, il travaille toujours parallèlement à la chanson. Il relace sa carrière en 1977 en signant avec RCA. Une chanson extraite du son premier album Chuisse, « La Rivière » qui échappe un peu à son style habituel connais un bon succès en Suisse et deviendra son titre le pus connu. Durant tout son parcours, il n’a jamais cessé de composer pour lui et pour les autres, il est encore actif aujourd’hui.
1965 – Lolita.
1969 – Le Trans Europe.
1970 – Hauteville avec Total Issue.
1972 – Ping Pong.
1972 – La Taupe.
1977 – La Rivière.
Pierre Cavalli – Guitariste suisse connu depuis les années 1950. Il a d’innombrables participations et disques à son actif. En 1970, on lui demande de composer la bande sonore d’une feuilleton télévisé suisse « Un Soir Chez Norris », ce qu’il fait avec un certain talent et un mélange pop psychédélique. Le feuilleton connaît le succès que peut connaître un feuilleton télévisé, mais le single du générique publié par Evasion reste un peu en retrait. Avec le temps, et aussi un peu aidé par le fait que le disque a plus ou moins été plagié par David Holmes pour la trilogie de Ocean Twelve, on le redécouvre. Depuis c’est l’engouement, on recherche les copies originales même s’il faut y mettre le prix. Il a aussi été publié en France chez Carabine.
1971 – Un soir Chez Norris.
1971 – Face B – Chasse A L’Homme.
A titre d’exemple la musique de Ocean Twelve, je pense que c’est plus que du hasard.
Valérie Lagrange – Cette chanteuse dont j’ai toujours trouvé que le succès était en dessous de son talent, a une parenthèse suisse publié sur un single par Evasion et aussi par Byg records en France. Et c’est beau.
1971 – Si Ma Chanson Pouvait.
Face B. En anglais I Love You So.
Libre Esprit Moteur – Sous cette appellation un peu bizarre on retrouve deux noms connus, Gaston Schaefer, l’un des Faux Frères, et Léon Francioli, le guitariste soliste des Aiglons. C’est un disque à but publicitaire dédié à la clientèle des fameuses voitures anglaises Mini, qui firent firent fureur dans les sixties et même après. Musicalement, il est très orienté vers la musique pop tendance progressive. Le disque est devenu un must recherché par pas mal de collectionneurs, comme c’est souvent le cas pour ce genre de disques quand ils offrent quelque chose qui n’est pas très conventionnel. C’est le genre de disques qui est destiné à devenir une rareté vu sa distribution confidentielle. Publié sur le label Evasion dont Gaston Schaefer est l’un des patrons.
1970 – Clubman Round UP.
1970 – Vacances.
Tusk – Un groupe que j’avais un peu oublié quand j’ai fait la partie germanique de la Suisse. A force de chercher les obscurités, je ne vois pas ce qui est le pus visible. Ce groupe n’a qu’un seul single à son actif, sur le label Harvest s’il-vous-plait, mais en 1970 il connut un assez beau succès en Suisse, toutes parties confondues. Un de ces trucs que Deep Purple n’aurait pas renié. Le clip est enchaîne, mais je vous conseille vivement d’écouter les deux titres, ils valent tous les deux dans le déplacement.
Léon Francioli – Retournons vers Léon Francioli (1946 – 2016) dont nous parlions ci-dessus. C’est le seul membre des Aiglons qui resta professionnel à la dissolution du groupe. De la guitare solo, il muta vers la contrebasse et la basse, tout en s’engageant à fond dans le jazz. Il en devient même une référence dans le style sur le plan européen. Il a participé comme musicien à beaucoup de sessions dans les studios et jouera avec des grands noms. Pour ses débuts personnels, il publie en 1970, un album chez Evasion. Disons-le tout de suite, il ne lorgne pas vers le répertoire de Sidney Bechet, mais carrément vers le free jazz. J’ai mis volontairement cette partie à la fin, car je sais que le free jazz n’est pas une musique qui plaît à tout le monde. Pour les autres, les amateurs de sensations fortes, découvrez les plages suivantes. On est évidemment loin des Aiglons et de « Stalactite ». Mais malgré tout, il fit partie d’une reformation des Aiglons en 1992, ce qui a dû le changer un peu.
Album 1970.
Ndi’funa’imali.
Noma’kheptu
In Bubwe
Nolilanga
*****
Hello M. Boss,
TUSK, j’ai dû tomber dessus dans mon jeune temps à la discothèque de mon Lycée …ça me parle bien….et c’est vraiment très bon , dans le style Deep Purple comme vous le faites remarquer.
Valérie LAGRANGE ….une artiste sous évaluée…c’est certain.
Léon Francioli, certes c’est innovant …mais je capte très difficilement, d’écouter jusqu’au bout pour moi a été dur…
Bonne semaine
cooldan
Hollo Cooldan.
Léon Francioli, comme vous ce n’est pas trop ma tasse de thé, mais il y a sans doute et même sûrement des amateurs pour ce genre de trucs. Il était sans doute un admirateur de Charles Mingus, mais lui bien que pas toujours très accessible arrivait à faire passer ses trucs avec une certaine maestria. Il manque chez Francioli une accroche qui nous fasse suivre le morceau. Mais comme je le dis toujours, je ne suis absolument pas sectaire en musique, surtout quand il s’agit de vrais musiciens, appellation dont on peut douter pour certains artistes actuels. Et puis c’est très méritoire d’avoir publié un truc du genre il y a 50 ans, je pense qu’ils n’espéraient pas un million de ventes. C’est un bel apport culturel.
Bonne fin de semaine.