Cette chanson fit des ravages dans les années 60 et elle en fait encore aujourd’hui. C’est une chanson de folklore dont l’origine remonte probablement après le milieu du 19ème siècle, la mélodie pourrait être encore beaucoup plus ancienne et d’origine anglaise. Les paroles ont certainement changé au fil des ans. Dans les anciennes versions c’est une femme qui chante ou qui le fait à travers la voix d’un homme, une fille qui retourne à la Nouvelle Orléans dans une maison qui se nomme « La maison du soleil levant », probablement une maison close. C’est le titre de la chanson en anglais.
Diverses sources tentent de donner une origine historique à cette chanson et à son titre. L’une d’elles suppose qu’il y avait un bordel tenu par une dame qui avait un nom français Marianne LeSoleil Levant, c’est ce qui aurait donné le titre anglais de la chanson. Pour une autre, c’était une maison pour malades et non pas un bordel avec la même personne aux commandes. L’origine du nom français est possible, car la Nouvelle Orléans et la Louisiane étaient des endroits avec une population d’origine française assez nombreuse, assez pour en faire un langage local, le cajun qui se parle encore aujourd’hui. L’endroit supposé où elle se trouvait était la rue St Louis. Elle aurait existé vers 1862 et fut fermée assez rapidement durant la guerre de Sécession. Dans une certaine mesure et avec prudence on peut affirmer qu’il y a eu un endroit semblable qui a inspiré le créateur des paroles.
D’après certaines sources ce serait à cet endroit là.
La version la plus vieille connue enregistrée semble remonter après 1930. Le fait n’est absolument par certain, il peut en exister sur d’obscurs 78 tours qui ont disparu de la circulation. Sur les premiers enregistrement connus, elle est présentée comme une chanson de folklore tendance blues avec un simple accompagnement de guitare. Elle a figuré au répertoire de presque tous les grands chanteurs de folk, Woody Guthrie, Pete Seeger, Leadbelly, Joan Baez. De nombreux bluesmen l’ont aussi mise en évidence. Le renouveau de cette chanson est un peu le fait de Bob Dylan qui le mit sur son premier album en 1962. Ce n’est pas encore la forme définitive, mais on s’en approche. Deux ans plus tard, le groupe anglais des Animals, grands admirateurs de Dylan avaient déjà travaillé une première chanson de lui, « Baby Let Me Follow You Down » qui avait fait l’objet de leur premier disque rebaptisé « Baby Let Me Take You Home ». Pour leur second disque ils décident de s’attaquer à « House Of The Rising Sun », qu’ils arrangent sous la forme que l’on connaît. Le disque ne faillit jamais sortir, car pour la maison de disques il était jugé trop long. Plus de 4 minutes, c’était assez exceptionnel pour l’époque. Enfin, il sortit quand même et le disque connut rapidement un monstre succès, une des meilleures ventes de la décennie. Dans un de ses livres, Antoine, le chanteur-navigateur en parle. Il était justement aux USA, quand le disque est sorti. On l’entendait partout et sans cesse, d’après ses dires.
L’évolution et la différence des paroles pour les versions modernes, dont on peut considérer que la version des Animals est définitive vont comme suit : ce n’est plus une fille qui raconte mais un garçon (toujours une fille dans la version de Dylan), la mère est couturière. Le père (son amoureux dans la version de Dylan) est un joueur et un ivrogne. Un couplet n’existe pas dans la version des Animals qui parle de l’enfer du jeu et de l’errance des joueurs. « Oh mères dites à vous enfants de ne pas faire comme moi » s’adresse à la petite soeur chez Dylan. Le garçon retourne en train à New Orleans enfiler ses boulets et ses chaines, la fille y retourne car sa course est pratiquement terminée et va là-bas finir sa vie. Les paroles féminines font indirectement penser à une maison close, les versions masculines à un endroit peu recommandable. Dans les deux cas c’est une maison qui se trouve à la Nouvelle Orléans et les gens l’appellent la maison du soleil levant. La présence du train dans la chanson fait pencher fortement la balance pour des paroles modernes, postérieures à l’existence supposée de la maison.
Il y a quelques années, j’ai eu l’occasion de tenir une petite conversation avec deux membres des Animals qui firent partie de l’enregistrement, Hilton Valentine le guitariste et John Steel le batteur. Ce dernier confirme ce que l’on sait sait avec quelques précisions. La chanson fut rodée lors des concerts. L’arrangement attribué à l’organiste Alan Price est plutôt le fait de tous, chacun a fait sa partie, mais pour des raisons pratiques d’attribution de crédits, seul le nom de Price est mentionné. L’enregistrement s’est fait en une seule prise et en mono. C’est le producteur Mickie Most qui insista pour que le disque soit publié malgré sa longueur. Par contre une chose qui j’ai complètement oublié de leur demander, c’est l’endroit où a été prise la photo qui figure sur le 4 titres titres publié en France, photo qui ne figure sur aucun autre disque. Il me semble avoir lu quelque part que cette photo doit être celle d’un pub en Angleterre ou celle d’un hôtel De toute manière à l’époque où elle a été prise, les Animals n’avaient pas encore débarqué aux USA et à plus forte raison à la Nouvelle Orléans.
Une petit souvenir personnel signé par les membres lors de cette rencontre, les Animals version 1998 avec les deux membres originaux John Steel tout à gauche et Hilton Valentine quatrième depuis la gauche. Le chanteur était alors Robert Kane qui est maintenant avec Dr Feelgood. J’ai aussi des photos perso avec Steel et Valentine, mais ça je les garde pour moi. Ce n’est pas tous les jours que l’on peut poser avec des légendes.
La France ne resta pas en plan. Le titre fut retenu par les Players, qui en firent une version sur des paroles de Hugues Aufray et Vline Buggy. Mais ils durent s’effacer face au succès de Johnny Hallyday, alors au service militaire, qui l’enregistra pour en faire un de ses deux ou trois titres les plus demandés. Elle fut enregistrée dans bien des langues, Hallyday l’enregistrant lui-même en allemand et plus tard en espagnol. Depuis elle est régulièrement reprise, il en existe des milliers de versions, c’est d’autant plus facile que la chanson appartient au domaine public. En 1970, le groupe américain Frijid Pink en refit un gros succès dans une version très pop. Sept ans plus tard, elle s’introduit dans le monde du disco via la version de Santa Esmeralda. Plus récemment le groupe Muse, la remit en lumière dans une version plus actuelle.
Cette chanson est un grand classique de la musique contemporaine, une de ces chansons qui plaisent indifféremment à tous les âges. Elle figure chez de nombreuses personnes comme chanson préférée, ou juste après. Il y a quelques mélodies qui restent plus facilement dans la mémoire des gens, et qui ne sont pas juste un truc à la mode. Celle-ci en est un des plus beaux exemples.
Toutes les versions ne se valent pas, celle des Animals reste incontournable, Eric Burdon le chanteur a une voix fabuleuse et apporte une dimension tragique à la chanson. Le jeu de Valentine à la guitare n’est non plus pas étranger à sa réussite, cette manière d’accompagner n’existe que depuis leur version et sera reprise quasiment par tous les suivants, elle permet d’identifier immédiatement la chanson. Avant ce sont plutôt des versions dérivées du folk avec un simple accompagnement de guitare.
En nombre cumulés de vues sur YouTube, la version des Animals s’approche des 200 millions! Des dizaines de milliers de commentaires. Même les Beatles ou les Rolling Stones ont de la peine à trouver un titre pour concurrencer.
Je vous en présente quelques versions.
Celle des Animals, la meilleure
Celle de Johnny, un arrangement assez original, très joli vocal aussi.
Celle de Frijid Pink, la meilleure après la meilleure! La voix du chanteur est parfaite et les arrangements pop sont délicieux. Elle circule aussi sur YouTube attribuée à Pink Floyd ou Deep Purple, mais c’est bien Frijid Pink.
Le meilleure versions instrumentale que je connaisse par Billy Strange. C’est un guitariste et arrangeur très réputé. Il a beaucoup travaillé avec Nancy Sinatra. Il fait très bien monter la tension au fil du morceau.
Assez bien réussi aussi, Geordie avec Brian Johnson au vocal avant de devenir le chanteur d’ACDC.
Une vieille version des année 30, juste pour vous faire une idée de ce à quoi ça ressemblait au départ.
La version de Bob Dylan, on s’approche…
Avant celle de Dylan, celle de Joan Baez, l’une des plus belles en folk, qu’elle voix!
Quelques versions exotiques
En croate
En japonais par… Marie Laforêt
Encore plus exotique un chanteur cambodgien, après ça on arrête, sinon on va finir sur Mars…
Bonsoir Mr Boss,
Des succès des débuts de notre Johnny national, je retiendrais bien sûr « le pénitencier » et « Retiens la nuit ».
Une autre chanson de son répertoire moins entendue sur les ondes mérite qu’on s’y arrête: » Requiem pour un fou » (1975 ?).
Merci pour cette re-plongée dans la « magie musicale » de cette décennie mythique. Superbe.
Peter Pan.
Merci Peter Pan,
C’est absolument vrai le « requiem » est un de ses meilleurs disques, c’est assez prenant
Bon weekend
Bonsoir Mr Boss…
Ah je suis content que vous confirmez ma remarque.
Oui. C’est une chanson forte, entière, peut-être autobiographique. L’image d’un amour absolu, destructeur, presque effrayant. Dommage qu’elle soit quasiment « passée à la trappe ».
Commercialement, on privilégie les titres qui font vendre et qui ont du succés sur les pistes. Même chose pour le cinéma, avec certains acteurs.
« Y’a pas photo » comme dirait l’autre.
Peter Pan
Salut Boss,
J’ai toujours cru que « the house était une prison » (d’ailleurs la chanson de Johnny s’intitule « Le pénitencier »)
Dans les paroles des Animals, il est dit quelque chose du genre it’s been the ruin of many a poor boy and God, I know I’m one. et à la fin « I’m goin’ back to New Orleans to wear that ball and chain »
Evidemment au sens figuré, ces phrases peuvent aussi s’appliquer à une maison close.
J’ai dû chanter cela des centaines de fois, bien que je ne sache pas chanter…
Paul Hyamide
Merci Paul,
Oui en français c’est une prison. Dans la version américaine et folk comme c’est en principe une femme qui chante, il s’agit sûrement d’une maison close ou d’en endroit avec filles très abordables. Dans la version mâle, il s’agit possiblement d’une maison de jeu, d’un tripot, ou d’un endroit pas très recommandable. On peut supposer que ce n’est pas une prison, par le fait qu’il (elle) y retourne de manière plus ou moins volontaire, (j’ai un pied sur la plateforme et l’autre dans le train, apparemment il n’y pas de shérif avec lui). On n’imagine pas que les prisons américaines donnaient des jours de congés aux prisonniers. Par contre, le fait de jouer à l’argent était encore très mal vu, nous sommes au 19ème siècle, origine des paroles de la chanson. Je pense que l’expression chaines et boulets est ici figurée,il est prisonnier de quelque chose et il y a parfois des prisons mentales qui sont pires que des prisons physique.
Enfin c’est un vaste débat et comme pas mal de chansons de folk américain s’inspirent d’histoires réelles et de légendes locales, il n’est pas étonnant que certains recherchent la vrai maison du soleil levant. Merci d’avoir participé au débat!
Celle des Animals, est pour moi aussi la meilleure…..incomparable !!
Merci Cooldan,
Des trucs aussi prenants, il y en a 1 sur 10000 et encore…
Bon weekend