En passant

Inventaire musical à la Prévert (75)

Eddy Mitchell – Du Rock ‘N’ Roll Au Rhythm ‘N’ Blues. Barclay 80269, 1965. Personnel : guitares, Jimmy Page, Big Jim Sullivan; basse, Alan Weighall: piano, Reg Guest; orchestrations, Jean Bouchety,

Quelques chanteurs de la vague yéyé comprirent qu’une des bonnes solutions pour avoir des productions qui tenaient un peu la route, comparativement aux productions locales, était d’aller enregistrer en Angleterre ou aux USA Tous n’avaient pas cette possibilité offerte, il fallait au moins avoir un certain succès et aussi un style approprié. C’était le rêve de beaucoup, mais assez peu le réalisèrent, tout au moins durant les sixties. Eddy Mitchell fut un de ces petits privilégiés et il fréquenta les musiciens anglais dès le deuxième album de sa carrière solo. Un de ces albums publié en 1965 à un titre assez significatif « Du Rock’N’Roll Au Rhythm’N’Blues », c’est même un des premiers albums de la vague yéyé où figure le mot rhythm’n’blues. Les contenu est en effet un reste de vieux rock and roll style pionnier et un mélange de variété et de R&B. Un bon point se trouve dans la reprise du fameux « You’ve Lost The Lovin’ Feelin' » des Righteous Brothers, une des plus resplendissantes productions de Phil Spector. On pouvait s’attendre à une reprise banalisée, mais elle tient bien la route respectant l’ambiance originale sans l’égaler. Les reprises rock and roll sont bien remuantes. On peut quand même noter deux réussites sur l’album « J’Avais Deux Amis » reprise de ce vieux standard du jazz « St James Infirmary », en hommage à Buddy Holly et Eddie Cochran disparus tragiquement en 1959 et 1960, chanson assez emblématique dans la carrière de Schmoll. Et puis l’original « Si Tu N’étais Pas Mon Frère », un titre qui peut faire la nique aux productions anglaises. Justement qui sont les musiciens de cette session ?
Généralement les accompagnateurs sont crédités sur plusieurs disques de London All Star. Ce terme générique désigne des musiciens de studios alors inconnus en France. Pour cet album nous trouvons aux guitares un certain Jimmy Page, oui celui de Led Zeppelin, Big Jim Sullivan qui n’est pas inconnu non plus, et surtout le batteur Bobby Graham qui a la réputation d’avoir joué dans plus de 15000 titres comme musicien de studio. On peut l’entendre dans une pléiade de chansons très connues. Nous trouvons également le pianiste Reg Guest qui travailla aussi pour d’autres artistes français, Richard Anthony, Johnny Hallyday, et aussi comme arrangeur pour les Walker Brothers et les Seekers. Cette collaboration avec les studios anglais incita Barclay a publier sur son label des sessions de ces musiciens, nous trouvons un album du London All Star et aussi ce qui qui a été publié sous le nom de Hairy Ones et Frizzy One en EP. Pour le reste des orchestrations plus traditionnelles, le jazzman Jean Bouchety est au commandes.
Les artistes français allaient quelquefois faire leurs emplettes à Londres avec un certain bonheur, cet album en est une illustration.

J’ai Perdu Mon Amour

You’ve Lost The Lovin Feelin – Rigteous Brothers

Caldonia

Caldonia – Louis Jordan

La Fenêtre

Chanson originale

Barbe Bleue

Lovin’ Up A Storm – Jerry Lee Lewis

Rendez-Vous

Down The Line (Go Go Go)- Roy Orbison

J’Avais Deux Amis

St James Infirmary – Louis Armstrong

Tu Ne Peux Pas

I’m Crying – The Animals

Je T’en Veux D’être Belle

Chanson originale

Personne Au Monde

Talkin’ Bout You – Ray Charles

Je Ne Veux Pas Le Croire

Chanson originale

J’ai Tout Mon Temps

Great Balls Of Fire – Jerry Lee Lewis

Si Tu N’étais Pas Mon Frère

Chanson originale

Documents

Un version en live de « Si Tu N’étais Pas Mon Frère » avec un accompagnement français. Même si le son n’est pas très bon, on peut voir toute la différence entre la version Londres et Paris. De l’eau et du vin.

Si Tu N’étais Pas Mon Frère

En playback « Tu Ne Peux Pas », adaptation plutôt réussie de hit des Animals « I’m Crying », mais Eddy Mitchell n’est pas Ertic Burdon.

Durant les sixties, la discographie française se distingua par le nombre impressionnant de publications qui furent faites sous la forme de EP, c’est à dire quatre titres, deux par face. Le principe de base était un peu mercantile, on vendait deux fois plus de marchandise sur la réputation d’un titre principal ou d’un succès, le 45 tours simple avec deux titres était réservé à la promotion et aux jukeboxes. L’avantage principal de ces EP’s demeurait dans le fait que ces éditions étaient présentées dans une pochette avec le plus souvent une photo de l’artiste et un emballage cartonné et plastifié plus résistant à l’épreuve du temps. L’Angleterre et les USA eurent beaucoup moins recours à ce genre de publications. Le plus souvent, la règle était le 45 tours simple emballé dans une simple pochette à trous permettant de voir l’étiquette du disque. Aujourd’hui ces fameuses disques EP’s français, surtout ceux concernant des artistes étrangers, sont recherchés par les collectionneurs du monde entier car ils sont uniques dans leur genre et peuvent parfois atteindre des sommes folles s’ils sont très rares. Au fil des semaines, je vous en présenterai quelques uns parmi ceux qui attirent justement les collectionneurs. Ils seront présentés avec la pochette, éventuellement avec un scan de ma collection personnelle si je ne trouve rien de satisfaisant, les titres qu’ils contiennent, et le plus haut prix atteint par une enchère sur Ebay.

Un truc presque aussi rare que le beurre en branche, un orchestre féminin vocalo-instrumental français. C’est la seule publication qui existe d’elles. Ces demoiselles sont âgées de 17 et 18 ans. Repérées par Gérard Hugé, un ancien Pingouin, et l’un des très bons orchestrateurs français, elles signent chez RCA pour cette unique tentative restée passablement obscure. La chanteuse du groupe Evelyne Courtois, deviendra la femme de Gérard Hugé, mais surtout se fera connaître sous le nom de Pussy Cat et sera assez populaire dans la seconde moitie des sixties, notamment avec une cover de « Sha-La-La-La-Lee » des Small Faces. Elle continuera une carrière assez prolifique d’auteur-compositeur pour divers artistes dont Martin Circus, enregistrant encore occasionnellement comme chanteuse ou choriste. Elle est encore active aujourd’hui et ses disques sixties originaux sont bien cotés. Presque un disque qu’il aurait fallu inventer s’il n’existait déjà.

Les Petites Souris – RCA 86.089 M, publié en 1965, meilleure enchère sur Ebay 156 euros.

Ce N’est Pas Triste

Cette Mélodie Que L’orchestre Joue

Joue

On Te Le Dit Il T’aime

Envies de découvrir autre chose ?

La musique n’a pas de frontières. S’il y a bien un point où je suis très éclectique, c’est assurément la musique. Entre un disque de hard rock et un opéra, pour moi c’est de la musique. C’est la différence qu’il y a entre un plat de haricots et un entrecôte bordelaise, les deux pris dans leur contexte propre peuvent s’avérer délicieux. Je fouille, j’écoute, je trouve, et puis quelquefois je tombe sous le charme. C’est pour moi une quête permanente.
Je vous invite à partager ces découvertes au hasard. Des artistes qui ne font pas forcément la une des médias, mais qui ne sont pas dépourvus d’un certain magnétisme ou plus simplement nous présentent une belle vision musicale.

Remonter aux origines du jazz et du blues est une aventure qui ne peut être illustrée que par des témoignages sonores. Historiquement ces musiques sont nées dans les ghettos noirs ou du moins par des descendants de Noirs venus en Amérique via l’esclavage. Avec le temps, elle fut aussi adaptée par un public blanc, plus rapidement en Europe qui n’avait pas le racisme en point de mire. Avec les 78 tours, aux pochettes peu bavardes, cela plaisait ou pas, on s’en foutait un peu de la couleur raciale d’origine. Sans aller plus loin dans le descriptif, écotons quelques titres qui figurent parmi les premiers enregistrements de jazz connus, il y a une bonne centaine d’années. Ils ont un charme un peu désuet, mais ils ont du charme.

Orginal Dixieland Jass Band – Livery Stable Blues (1917). Plus vieux disque de jazz connu, il s’agit d’un orchestre blanc, seuls Blancs de cette sélection, mais la musique est bien noire.

Mamie Smith – Crazy Blues (1920). Réputé comme le premier disque de blues.

Kid Ory’s Sunshine Orchestra – Society Blues (1921). Kid Ory deviendra une célébrité.

King Oliver Premiers enregistrements (1923). Bien que sa carrière fut assez brève, mort en 1938, il reste une légende.

Ma Rainey – Moonshine Blues (1923). Elle est considérée comme la première chanteuse de blues légendaire.

Une réflexion sur “Inventaire musical à la Prévert (75)

  1. Hello M. Boss,
    Il est vrai que les artistes Français qui ont osé aller en Angleterre se sont bonifiés , on peut en citer quelques uns, pas des tonnes hélas .
    Les Petites souris ont dû passer dans un trou pour moi, car inconnues, et jamais vu ce disque !
    Bonne semaine
    cooldan

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